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Le réveil sonne. Doucement mais sûrement. Je l’éteins rapidement pour ne pas me faire remarquer. La chambre est encore plongée dans la pénombre et le monde dans un silence bienveillant. Il n’est pas encore 6h et le lit dont je viens de m’extraire se trouve dans une grande maison de bois entourée de pins Douglas à quelques encablures d’un charmant village de pêcheurs posé à l’un de ces bouts du bout du monde tels que je les affectionne : Tofino, sur une péninsule du flanc ouest de l’île de Vancouver.
Il fait frais, je me couvre bien et sors de la maison sur la pointe des pieds. Traverse lentement la bande de forêt qui me sépare de l’océan Pacifique et je l’attends. Il est encore un peu tôt mais il ne devrait plus tarder. On s’est donnés rendez-vous vers 6h30 sur cette plage que la marée basse rend immense. Je ne m’inquiète pas vraiment, il est toujours très ponctuel. Pendant quelques minutes, je me laisse envelopper par cette douce atmosphère aurorale et bercée par la musique des vagues qui, chaque seconde, grappillent du terrain à la terre.
Je suis seule sur cette longue langue de sable blond. Je jubile. Je me sens, comme rarement, en parfaite harmonie avec les éléments. Et plus encore lorsqu’il se pointe enfin, à son rythme, lent mais invariable, se frayant un chemin entre les branches des arbres faisant face à l’immensité océanique. Il monte petit à petit et efface délicatement les mystères de la brume nocturne. Le ciel s’éclaircit, la vie dore et le monde s’éveille peu à peu. D’abord les oiseaux, puis mes congénères, que je vois traverser la forêt et converger vers la plage, comme ce couple qui transcende et magnifie soudainement mon horizon… Je ne suis plus seule et c’est beau, aussi.