Photo-graphies et un peu plus…

Je sais, je sais, ça commence mal ! Mais rassurez-vous, j’ai beau être une fille de la ville, je sais faire la différence entre un faisan et une poule ! Je n’en avais simplement pas sous la main. De poule. Enfin, d’image. C’est un peu comme un vendredi soir à la maison – raté donc -, à l’heure où votre estomac vous réclame son dû. Vous vous laissez porter vers le frigo en vous disant que vous ferez avec ce que vous avez sous la main… Parfois, et justement le vendredi soir, le frigo est vide ou quasi. C’est probablement pour cela que l’homme a inventé les immanquables « pleins du samedi » où tout le monde se presse, malgré les bonnes résolutions de fin de vacances, entre 10h32 et 11h43 dans les rayons de sa grande surface préférée, où tout a été changé de place pendant l’été pour que vous fassiez évoluer votre parcours habituel et découvriez de nouveaux produits, occultés jusqu’à présent puisqu’ils n’étaient pas sur le chemin enregistré dans votre GPS-interne-au-prochain-virage-tournez-à-gauche-faites-demi-tour-faites-demi-tour-faites-demi-tour… :

Samedi matin 11h02. Votre chariot, bien doté de 4 roues – je précise parce que plusieurs fois, vous vous êtes retrouvé au milieu du magasin en vous disant qu’il était bancal : forcément, il manquait une roue -, et en pilotage automatique vous traîne dans vos rayons habituels. Un bras articulé vous soulève le vôtre à l’étage du café nespression. Vous daignez à peine ouvrir l’œil quand votre main empoigne un paquet étonnamment mou :

– Tiens, le café a bougé ! Ils l’ont mis où le café maintenant ! Chaque année, ils nous font le coup ! Bon, trouver quelqu’un… Pppsttt, monsieur, excusez-moi, dites, le café, il est où maintenant ? Parce que là, je ne le trouve plus ! Vous devez bien vous amuser pendant les vacances, hein !

– Il est juste derrière vous, monsieur.

Oui, une femme aurait le réflexe de se retourner avant de lancer un SOS : « Le petit Damien cherche le café. Il est attendu au rayon miro par le vendeur qui a autre chose à faire ! »

Bref. Vendredi soir raté, miam miam. Vous ouvrez le frigo. Effroi… Les étagères sont vides. Sauf là, dans la porte, il reste des œufs. De poules. Je mets un « s » à poules car ce n’est pas parce que les œufs sont dans le même carton qu’ils sont issus de la même poule ! Réfléchissez une seconde, au rythme d’un œuf pondu par jour, ce ne serait effectivement pas rentable. Or, ce qui n’est pas rentable ne se trouve pas dans une grande surface. Vous sortez donc précautionneusement la boîte – ce n’est pas le moment d’être maladroit – et en extrayez les trois ovoïdes rescapés. Et voilà que vos yeux s’égarent sur le packaging… « Datés sur la coquille », les poules pensent vraiment à tout ! A l’intérieur, c’est carrément le roman. Petit 1 : on vous apprend que les poules ont accès à un parcours extérieur en journée. Qu’elles prennent l’air donc ! On ne sait pas combien de temps cependant ni si, elles aussi, ont des gugusses qui leur changent le paysage une fois par an pour perdre leurs habitudes – ce qui pose une autre question : quelle est la durée de vie d’une poule pondeuse ?. Petit 2 (mon préféré) : il y a un espace d’1 hectare au minimum pour 2 000 poules. Soit 5 m² par poule en moyenne. Si on rapporte cette surface à un pas de poule – 5 cm, non, et encore, quand un coq leur court après ! -, on frôle le 2 pièces-cuisine ! Ceci dit, 5 m², cela peut être un couloir d’un mètre de large sur 5 de long pour des poules taciturnes, un carré de 2,23 m de côté pour les mathématiciennes ou un cercle de 1,27 m de rayon pour les réincarnations de poney ? Les combinaisons sont nombreuses mais je doute qu’elles respectent les limitations. Les poules, je les imagine plutôt en meute, assez proches les unes des autres, à picorer des grains qui ne leur appartiennent pas, de telle sorte que, si elles ont légalement droit à 5 m², elles n’en occupent en réalité qu’un dixième… Mais bon, ne chipotons pas. Ces poules anonymes qui, indirectement, vont vous sauver de la famine ce soir ont la belle vie. Courte, mais belle !

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Non, je ne vais pas m’étendre sur tout ce que laisse supposer, dans notre construction du monde et notre rapport à l’autre, la présence de ces deux petites pancartes rouge et jaune, en tête d’allées : « Garçon » ou « Fille ». J’apprends, au passage, l’existence d’un troisième sexe : « Jeux ». La révélation est à creuser…

Non, la question que je me pose depuis quelques semaines est bien plus simple : comment ces petits êtres dont on s’étonne toujours de l’intelligence, de la précocité ou de la maturité, peuvent-ils encore, de nos jours, croire au Père Noël quand tout le monde est chargé de paquets dans la rue, quand les publicités dédiées aux poupées, camions, jeux interactifs (comme ça, les trois sexes sont représentés) connaissent une croissance exponentielle, et surtout quand les supermarchés où les traînent leurs parents chaque week-end débordent curieusement de jouets, ceux-là même qu’ils ont vu à la télévision et qu’ils découvriront, l’air de rien, sous le sapin, s’ils sont sages bien sûr ? Peut-être sont-ils justement si intelligents qu’ils réussissent à faire croire à leurs parents qu’ils sont suffisamment innocents pour ne pas faire le rapprochement entre tous ces signaux extérieurs, en somme, qu’ils croient toujours au Père Noël, stratégie « mûrement » pensée et destinée à faire durer un plus longtemps une magie qu’ils sentent instinctivement temporaire…

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Lorsque vous faites la queue à la caisse d’un super/hyper/méga-marché, où que vous soyez dans le monde, on continue à essayer de vous vendre des choses… La queue, c’est du temps, le temps, c’est de l’argent. CQFD. Donc, selon l’endroit, on vous met des friandises, des livres, des bons d’achats, des médicaments, des cigarettes, des revues sous les yeux et surtout, à portée de main… Il suffit de la tendre et hop, c’est dans le caddy, ni vu ni connu… Des magazines donc que certains ouvrent le samedi matin pour lire leur horoscope de la semaine suivante avant de les reposer aussitôt sur le présentoir. Vous n’y trouverez jamais Le Monde Diplomatique, Polka Magazine ou le National Geographic. En revanche, pour les derniers potins, la file d’attente est the place to be.

Vous voilà donc au premier rang d’un one mag’ show improvisé et jouissif où le ridicule ne tue pas. A l’instar de ces deux couvertures se faisant face de part et d’autre de la queue-salle de spectacle. Vous regardez à droite : « oulala, ça va mal entre Brad et Angie ! Ah bon, elle l’a trompé avec des filles ? de toute manière, un couple comme ça, ça ne peut pas durer éternellement, il n’y a que les étoiles qui ont ce privilège et encore, certaines implosent, d’autres explosent et puis, l’éternité, c’est long à la fin » et là, subrepticement, un ricanement vous incite à regarder à gauche : « Brad et Angie se marient secrètement en France, tout va bien alors, et puis, ils sourient sur la photo, c’est dire s’ils sont heureux, mais, quand même, qu’est-ce que c’est que cette histoire, je croyais qu’ils se séparaient ! ils le disent là, juste de l’autre côté… »

Là, le spectateur en train de faire la queue – n’oublions pas que c’est pour cette unique raison qu’il se trouve entre ces deux allées de magazines – ne sait plus où donner de la tête – il balaye à gauche à droite comme s’il assistait à un Match de tennis -, il ne sait plus qui croire – est-ce vraiment important ? -, il est perdu et se réconforte en attrapant une petite barre chocolatée sur le côté… Tout devient alors très subjectif et dépendant de l’humeur du jour. C’est un peu comme le verre à moitié vide ou à moitié plein. Au final, il y a la même quantité de liquide, mais tout est toujours une question de Point de vue… « Si vous préférez la version romantique, tapez 1 ; si vous préférez la version trash, tapez 2 ; sinon, avancez d’un mètre, des caissières attendent ! » Bon, évidemment, là, la presse people, ses énormités et ses paradoxes, ça saute aux yeux, car tout et son contraire existent dans le même temps, rappelant que la vérité importe bien moins que le divertissement que l’imagination ou la surinterprétation peuvent faire naître chez le lecteur-voyeur.

Mais il suffirait de se plonger dans des magazines un peu plus sérieux et de recenser, par exemple, les articles sur une période de 3, 4 ans parlant de vin – alternativement bon et mauvais pour la santé -, de régimes – manger des fruits, arrêtez les fruits ! -, des téléphones portables – dangereux, mais non pas du tout… ! – pour réaliser que les contradictions ne sont pas l’apanage de la presse à 4 sous. La comparaison est excessive, mais le résultat est le même : comment se faire une opinion juste sur les choses de la vie quand tout fluctue en permanence pour des raisons obscures ? Moralité, ne jamais tourner la tête quand vous faites la queue à la caisse ! Cela conduit beaucoup trop loin !

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A l’heure où la cigarette est assimilée à la « pipe » et à la soumission sexuelle, que se passerait-il si, comme chez nos voisins germaniques, les paquets de nicotine en barre étaient logés à la même enseigne que les boites de gommes à mâcher, chocolateries et autres sachets de dragées, eux-mêmes bannis des caisses de l’hexagone pour leur haute teneur en sucre et la tentation qu’elles font naître chez les hauts-comme-trois-pommes ?

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