J’ai longtemps cherché comment imager cette notion, celle de « s’oublier ». Envie, plutôt que notion d’ailleurs. Et encore, ce n’est pas exactement cela. S’oublier. Soi, évidemment. Assez rapidement, l’idée de s’effacer progressivement devant un monde qui, a contrario, deviendrait de plus en plus présent, m’est apparue comme le plus approchant de ce que je désirais illustrer.
Mais de simples nuages venant faire les fiers devant un soleil ardent, innocemment aidés par une brise légère mais décidée sont venus balayer les premières mises en scène imaginées. Là, accoudée à la balustrade, à mâter un horizon incertain, tantôt lumineux tantôt ténébreux, j’avais ma représentation. Mon ombre, l’ombre de moi-même, l’image de moi-même, et par extension, moi, disparaissant et réapparaissant au gré de la samba désordonnée des morceaux de ouate céleste. Des allées et venues qui ne se maîtrisent pas. Et un point final : s’oublier. De bas en haut, de gauche à droite. Ne plus s’avoir à l’esprit, ne plus se demander qui l’on est, s’interroger sur le pourquoi du comment, sur le chemin à suivre, sur la route empruntée, bonne ou mauvaise… Lâcher prise avec cette conscience de soi inhibitrice. La plaie que soi parfois. S’oublier. Pour aller à l’essentiel. Pour passer à des choses plus concrètes, moins autocentrées. Agir. Et ainsi, avancer.