tags: Alpes, arbre, blanc, épicéas, Haute Savoie, montagne, neige, rivière, sapins, slalom, virage
Quelque chose d’étrange se produit lorsque je regarde cette photographie pendant plus de 7 secondes. Des formes apparaissent. Humaines. Elles sont trois exactement. L’une d’elles se trouve sur le premier pont, à l’extrême droite, entre le premier poteau chapeauté de blanc et le bord du cadre. C’est un homme, en pardessus sombre. Il est de dos, massif, les mains dans ses poches, profondes, il est statique, impassible, comme s’il attendait que quelque chose se produise. Peut-être de voir si les deux personnes, de simples silhouettes à cette distance même si l’on distingue clairement une femme et un homme, arrivés en courant sur le second ponton, en arrière plan, alors même, se dit-il, que les planches doivent être humides et glissantes, vont vraiment jusqu’à ce petit bateau à moteur amarré au bout du quai. Et si oui, se demande-t-il encore, combien de temps leur faudra-t-il pour se faire absorber par cette brume épaisse et compacte accrochée à la surface de la rivière depuis les premières heures du jour et dans laquelle ils s’enfonceront sans crainte. 7 secondes à peine probablement. Suffisamment de temps pour s’effacer lui aussi.
(Le Delta) Silencieuse, sur ma barque, je me perds dans ses bras, en attendant que la Lune, pleine, me prenne dans les siens. (Du Mékong)
En avoir pleinement conscience en cadrant ne m’a pas empêchée de déclencher. Sans regret d’ailleurs. Donc, oui, je contribue à véhiculer un cliché du Vietnam avec ses rivières bordées de nénuphars en fleurs serpentant autour de pics karstiques et sur lesquelles on peut naviguer, tranquillement, à bord d’embarcations à fond plat en avançant à l’aide d’une longue tige en bambou protégés du soleil par un chapeau pointu… Enfin, inutile de vous faire un dessin. C’est juste au dessus. En même temps, ce cliché-là, authentique scène de la vie courante locale, est passé sous mes yeux des dizaines de fois (oui, j’exagère un peu). Et chaque fois, j’ai été saisie par sa beauté, par sa simplicité, par sa pureté. Et puis, quand bien même, rien n’interdit au photographe de prendre des clichés, si ?
… est toujours le plus court chemin entre la source et le flux, le solide et le liquide, les sommets et la vallée, le calme et la tempête, la beauté et la beauté.
Les pages santé des guides de voyage sont l’équivalent des notices des boîtes de médicaments recensant, et c’est tout à leur honneur (en plus d’être obligatoire), tous les effets secondaires possibles et imaginables susceptibles de survenir en les prenant, alors même qu’ils sont sensés nous guérir, parfois de maux bien moins graves que les affections qu’ils pourraient générer. De telle sorte que, parfois, nous préférons ne pas les prendre plutôt que de risquer, même si cela ne se produit qu' »exceptionnellement » car rien n’indique en effet que la banalité de notre corps ne puisse être l’hôte d’un « cas exceptionnel », un arrêt cardiaque ou des pensées suicidaires…
En lisant ces pages santé, nous nous imaginons donc, avant même d’avoir décollé, déjà atteint d’une combinaison autant cataclysmique qu’improbable de maladies auxquelles nous attribuons une dangerosité proportionnelle à l’exotisme et l' »imprononçabilité » de leur nom : choléra, encéphalite japonaise, fièvre typhoïde, maladie de Chagas, filariose lymphatique, onchocercose, leishmaniose, schistosomiase, trypanosomiase, rickettsiose, bilharziose…
Nous nous rassurons alors en nous promettant de nous badigeonner de répulsif anti-Anophele Funestus dès la tombée du jour, de n’accepter aucune boisson qui n’aurait été ouverte devant nos yeux, de ne caresser aucun animal que nous aurions vu se gratter, ou encore de ne pas mettre le pied dans les eaux stagnantes, voire même dans des rivières pourtant animées comme celle-ci, signalée comme vectrice potentielle d’une bilharziose inattendue ici par des affiches A4 aux couleurs passées plantées dans les arbres alentour, histoire de décourager les visiteurs fantasmant déjà sur un bain revigorant dans ses piscines naturelles au charme irrésistible, en quelque sorte, les Aglaophème, Thelxiépie, Pisinoé et Ligie auxquelles a pu résister Ulysse lors de son odyssée, non pas grâce à une pancarte flottant telle une bouteille à la mer, mais aux avertissements de Circé, la version mythologique des pages santé des guides touristiques…
Je suis toujours étonnée – malgré les récurrences – par les chemins qu’emprunte notre mémoire pour nous faire nous remémorer ce que nous avons parfois oublié ou alors vainement cherché à nous rappeler. Voici un cas typique de ce que l’on pourrait appeler la « mémoire pop up » car elle s’ouvre comme ça, sans prévenir, donc de […]
Share on FacebookLe train-train quotidien n’a-t-il pas une toute autre saveur lorsque le ciel est bleu, que le soleil chauffe déjà depuis longtemps à l’heure où le réveil sonne et que les hirondelles en sont aux essais de moteurs zélés (ah ah) pour les 24h du Mans locales ? Les fenêtres sont grandes ouvertes, chacun hésite entre […]
Share on FacebookCe titre me fait penser à ma vieille Dictée Magique et à cette sentence synthétique s’en échappant dès lors que j’orthographiais mal le mot énoncé. Cet appel à la deuxième chance, voire plus, était d’ailleurs précédé d’un sec « C’est inexact », inopportun dans ce que je m’apprête à décrire. D’où son absence. J’ai longtemps tourné autour […]
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