La vie est faite de boucles. La Terre tourne sur elle-même en 1 jour tout en tournant autour du Soleil en 365 qui tourne sur lui-même en 27 en moyenne, et aussi autour du barycentre du système solaire, lui-même emporté par la rotation de notre galaxie, la Voie Lactée, qui n’est pas en reste en matière de mouvement.
Chaque jour de 24 heures, sur Terre, un nouveau cycle de 24h commence, avec les mêmes heures qui défilent dans le même ordre et souvent les mêmes rituels pour les occuper. Tout cela est parfaitement bien orchestré. Pendant ce temps là, les hommes, sans interruption à l’échelle macroscopique, naissent puis meurent, avant que d’autres ne naissent puis meurent à leur tour… L’Histoire se répète, malgré les espoirs de « plus jamais ça » ; les modes reviennent, elles aussi, cycliquement ; les schémas sociaux et de vie sont, génération après génération, reproduits plus ou moins consciemment…
Il y a quelque chose d’assez enivrant dans ces rotations de rotation de rotation, comme si nous étions pris dans une valse gigantesque, de la taille de l’univers. Il y a quelque chose d’assez fascinant dans ces cycles à répétition, comme si le champ gravitationnel dans lequel nous sommes pris avaient aussi une influence sur le cours de nos vies. Il y a quelque chose d’assez vertigineux dans ces boucles sans fin, comme si c’était l’ordre naturel des choses… Comme si tout nous ramenait au déjà-vu, déjà-vécu… Pourtant, à l’échelle microscopique, c’est-à-dire individuelle, le même réussit encore à créer le différent, à l’instar de cette nouvelle série de dix photonymes…
Qui a dit ça ? Parce que, franchement, c’est du grand n’importe quoi, vous ne trouvez pas ? Ce « ce qui est fait n’est plus à faire » n’est qu’une pseudo-méthode anti-procrastination qui se heurte à plus forte qu’elle. La réalité ! Exemple : cela fait 11 mois que vous vous répétez chaque semaine que vous avez prévu d’aller nager à la piscine du coin car un minimum d’exercice ne vous ferait pas de mal tout en trouvant une excuse hebdomadaire pour ne pas vous y rendre : pas le temps, un rendez-vous, pas épilée, il pleut, mal au ventre, fait froid, pas envie, trop grosse, trop de monde, maillot moche… Et le jour où, enfin, vous avez réussi à expulser toutes ces mauvaises raisons, ce jour-là où, tel un écolier la veille de sa rentrée, vous avez fait votre petit sac en veillant bien à ne pas oublier vos tongs (pour ne pas attraper de verrue), votre shampoing (pour enlever cette persistante odeur de chlore que vous allez quand même vous traîner pendant 3 jours), votre serviette (évidemment), votre bonnet de bain (parce qu’il ne faudrait pas prendre froid non plus), votre maillot (même si vous ne ressemblez à rien dedans) et vos lunettes (pour ne pas avoir l’air d’un lapin au premier stade de la myxomatose en sortant), et bien ce jour-là, vous débarquez à la piscine. Oui, vous débarquez à la piscine et la porte est fermée. Une feuille blanche est maladroitement scotchée dessus avec un mot écrit en comic sans ms corps 18, une police que vous détestez, informant son aimable clientèle que la piscine est exceptionnellement fermée pour inventaire. Des gouttes d’eau ! Cela va prendre cinq jours s’ils s’y mettent à quatre. Et ils s’excusent pour la gêne occasionnée et patati et patata ! Mais ce qu’ils ne savent pas, c’est que les piscines ont perdu une cliente à vie ! Tant pis pour l’exercice ! Il y a le vélo !
Même chose, au hasard, avec vos fenêtres. Oui, vos fenêtres. Surtout leurs vitres qui accrochent les éructations noirâtres de la ville, les traces de doigts gras, les fientes blanches de pigeons, les toiles d’araignées déglinguées, devant lesquelles vous passez le matin en vous disant : « ce serait bien de les nettoyer quand même, on y verrait mieux à l’intérieur ! ». Et vous vous répétez ça, de temps en temps, histoire de vous donner bonne conscience. Il y a même des jours où vous croyez presque que vous allez vraiment le faire. Mais non, la journée passe, vous avez des excuses. Comme pour la piscine. Jusqu’au jour où, je ne sais pas, peut-être grâce au soleil matinal, à l’urgence du moment, à la goutte qui fait déborder le vase, vous vous dites, « ça y est, c’est le grand jour : je lave les carreaux ! ». Alors vous sortez votre petite bassine, votre éponge, votre raclette, votre produit, votre tabouret, vous essayez de faire comme les pros qui vous nettoient 4 m2 en 10 secondes sans laisser de traces mais vous n’y arrivez pas, mais vous y allez de bon cœur, à chaque carreau nettoyé, vous avez l’impression de redécouvrir le paysage, si net, si clair, si lumineux, vous continuez, ça vous prend deux heures mais vous êtes heureux. Et là, avec tout le mal que vous vous êtes donné, la seule chose que vous espérez, à part que tout le monde dans la maison remarque le beau travail que vous avez accompli et vous félicite pour cette initiative, est qu’il ne pleuve pas avant, mettons 3 semaines ! Sauf que dans la réalité, une fois que les carreaux sont propres, il pleut toujours dans les 24h ! Et qu’en observant la larme à l’œil (pas rouge car vous aviez des lunettes) les gouttes ruisseler sur vos vitres toutes propres, vous voyez le cycle se reproduire, les particules, les fientes, les toiles, les traces, vous repassez tout ce processus long et fastidieux qui vous a conduit à nettoyer vos carreaux la veille et soudainement, vous entendez la pluie vous murmurer : « ça ne sert à rien, ça ne sert à rien… ». La garce ! Alors, oui, ce qui est fait n’est plus à faire, c’est juste à refaire !
Non contents de lui avoir bandé les yeux, ses amis ont aussi estimé qu’il serait bien plus amusant de remplacer sa future femme par un parfait inconnu, trouvé là, sur le trottoir…
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Un tour du Soleil en duos : 6e année en cours
Pour (re)découvrir en un clin d’œil et sur une seule page les micro-histoires photographiques publiées en ces lieux virtuels :
- entre le 22/02/2010 et le 22/02/2011, voici Un tour du Soleil en duos…