Photo-graphies et un peu plus…

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Prise de vue à un instant t, une photographie ne montre ni l’avant ni l’après t. Elle laisse à chacun la liberté de l’inventer ou de l’imaginer. Contentons-nous de l’avant dans ce cas précis…

De deux choses l’une, soit j’ai été témoin d’un malencontreux mais néanmoins terrible accident entre une voiture et un animal à pattes palmées – mettons, un goéland -, que, dans un réflexe à la fois documentaire et morbide, j’ai voulu immortaliser malgré l’absence manifeste d’hémoglobine. Soit le passage de l’oiseau et l’arrivée de la voiture sont déconnectées dans le temps et cette apparente mise en scène n’est que le fruit du hasard. On peut même, en suivant cette double hypothèse, être plus précis encore : l’animal est passé par là en premier et l’utilitaire a croisé sa trajectoire dans un second temps. Dans le cas contraire en effet, c’est-à-dire celui, peu probable où la bête – tête en l’air ou en train de piaftoter – n’aurait pas remarqué la présence de la voiture sur son chemin, il y aurait eu des traces supplémentaires dans la neige. D’abord de piétinement du goéland devant la roue, puis des empreintes chancelantes et désordonnées s’éloignant de la carcasse métallique car la bête aurait été sacrément sonnée.

Heureusement, d’ailleurs, que cette photo a été prise en hiver et que ce dernier fut neigeux car, sans ce marqueur naturel discret, pas de trace, donc pas de preuve et plus globalement, pas de photo non plus car je n’ai pas encore développé de passion particulière pour les pneus Michelin. De fait, nous pouvons déduire de ce simple raisonnement que cette rencontre de signes est bien fortuite et que c’est justement cette juxtaposition heureuse et la fiction qu’elle a fait naître dans mon esprit en un clin d’œil qui a attiré mon regard, et envoyé un puissant coup de coude à mon cerveau pour que je sorte mon appareil et prenne note de cette histoire dans un claquement sec et assuré avant de poursuivre ma route…

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