Elle s’était longuement battue contre le courant d’air avant de finalement battre en retraite pour finir recroquevillée sur ce banc-tronc de bois brut dépareillé, et ce faisant, devenir cette frêle silhouette évanescente écrasée par ce mastodonte sublime et controversé au bardage d’oiseaux de métal que d’aucuns ont tôt fait de qualifier de mauvais augure.
D’en haut, nous ne voyons pas la même chose que d’en bas. Pardonnez cette évidence qui n’est en réalité que le reflet de ma naïveté… D’en bas, par exemple, je n’aurais pas vu cet arbre, sur la droite là, dans la direction de la Philharmonie, celui au feuillage légèrement plus clair que ses voisins. Sa taille, apparemment gigantesque, c’est ce qui a accroché mon regard alors que je faisais la vigie au sommet de la Colonne de la Victoire. Il fallait absolument que j’aille le voir de plus près, le toucher ! Une urgence du moment en quelque sorte.
Ainsi, j’ai donc dévalé les 285 marches étroites de la tour en laissant malgré tout passer enfants et mères-grand, tout en essayant de dépasser le 1/25e de seconde de ma persistance rétienne. Sans boussole ni GPS intégré, je me suis donc courageusement enfoncée dans ce poumon vert en quête de ce mastodonte certainement plus que centenaire. Plutôt confiante, malgré ma propension à me perdre dans ces espaces aux repères bien plus subtils – « bah c’est un arbre quoi ! » – que les nombreux indices familiers laissés par les artères des villes – « après la pharmacie à l’angle et l’épicerie au coin ».
J’avançais donc le bras tendu vers la direction supposée, pour ne pas la perdre du regard, en tentant, vainement (un anagramme de naïvement au passage !), de reconnaître, d’en bas, les troncs des arbres dont j’avais découvert la cime, d’en haut… C’est à ce moment précis que j’ai réalisé que ce n’était pas parce que je voyais le crâne de quelqu’un que je pouvais dire pour autant s’il avait les jambes arquées ou pas. La révélation vaut aussi pour les arbres. Ainsi, après avoir erré dans les allées du parc en maintenant le cap, après m’être approchée frénétiquement de certains spécimens croyant avoir enfin mis la main dessus, j’ai dû me rendre à l’évidence : il me serait impossible de retrouver mon phare à chlorophylle, au même titre que l’on ne trouve jamais de trésor au pied d’un arc en ciel…
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Un tour du Soleil en duos : 6e année en cours
Pour (re)découvrir en un clin d’œil et sur une seule page les micro-histoires photographiques publiées en ces lieux virtuels :
- entre le 22/02/2010 et le 22/02/2011, voici Un tour du Soleil en duos…