tags: architecture, couleurs, Gare Montparnasse, grenouille, immeuble, lignes, Mouchotte, perspective, solidarité
48° 50’ 22” N 2° 19’ 12” E, 750 logements, 3 000 habitants, 88 000 m2 habitables, 64 000 m2 de parking (ils avaient prévu la congestion automobile du siècle suivant à l’époque), 16 étages (sans les parkings), 5 ans de construction, occupation des lieux dès 1966 par de jeunes cadres dynamiques (déjà), de hauts fonctionnaires (aux étages élevés) et des intellectuels (ça, c’est étrange)… A l’époque, il faut « déjà » être pistonné pour avoir la chance de poser ses valises dans l’un des appartements de l’ensemble, des 3, 4, 5 pièces traversants exclusivement avec de larges baies vitrées allant du sol au plafond, qui laissent entrer la lumière mais aussi les regards. De l’autre côté du trottoir, l’ensemble imposant se meut en un immense aquarium humain…
Dans son histoire, le lieu est connu pour être devenu un « bastion du militantisme culturel, social et politique ». Les mouchottiens se rassemblent en association de locataires. C’est à elle que nous devons les Jardins de l’Atlantique, posés sur la Gare Montparnasse et que les locataires voient chaque jour en se penchant à leur fenêtre… Et la Fête des Voisins, « fête de Mouchotte » pour les intimes, ils l’avaient déjà initiée à l’époque… On parlait alors du Village Mouchotte. Mais avec les années, le collectif s’est effacé au profit de l’individuel. La solidarité inter-voisins s’est évanouie, évaporée. Les locataires ont été remplacés par des propriétaires-bailleurs. Aujourd’hui, les grenouilles disparaissent des terrasses ! D’étranges rituels ont aussi été relevés dernièrement par des espions bien placés : des perchoirs à pigeons sont apparus du jour au lendemain, des mégots ont été dispersés et disposés en rond autour du cendrier qui les accueillait. Du vaudou ? L’enquête est lancée. Mais force est de constater que la modernité a peut-être eu raison de l’osmose qui faisait l’identité et la force du site… Sommes-nous si différents de nos anciens ?