Photo-graphies et un peu plus…

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Dans les dystopies ou films (post-)apocalyptiques, la météo est toujours exécrable. Pas là. Deux possibilités : soit tout va vite s’arranger – j’ai annoncé le contraire hier –, soit les auteurs de ces histoires ont un peu trop forcé le trait – qu’il fasse grand beau alors que le monde vacille serait pourtant particulièrement cruel, cynique et contre-intuitif. Imaginez un film comme Blade Runneren plein soleil, Rick Deckard et Roy Batty sans cette pluie continue et magnifique qui leur tombe dessus comme le poids de tous les malheurs du monde, cela ne ressemblerait strictement à rien ! Et Vangelis devrait revoir sa partition ! Ceci dit, ce que nous vivons n’est ni une dystopie ni un film hollywoodien, c’est la réalité.

Enfin, une certaine réalité. Car la réalité, c’est un peu comme les tirages en photographie, il en existe une infinité même si nous partageons le même fait (le négatif, si je poursuis la comparaison avec le médium, qui, dans le cas présent, est incarné par le virus…). Ma réalité n’a en effet rien à voir avec celle de mes voisins du premier qui doivent gérer leurs jeunes enfants et télétravailler, ou de ces familles de Seine Saint Denis qui n’ont plus de quoi se nourrir, ou encore de ces amis en Ardèche qui cultivent paisiblement leur jardin, ou de celle-ci qui a compris a posteriori qu’elle avait été infectée, ou de ces femmes victimes de violences conjugales encore plus fragilisées par le confinement, ou de cette amie coincée au Pérou alors qu’il n’y a plus d’avion, ou de cette autre amie travaillant en ehpad en province, ou de celle-ci dont le mari est plongé dans le coma depuis 30 jours, ou de cet ami à Taïwan qui n’est pas confiné, ou encore de ma sœur qui a dû fermer son tout jeune B&B en Ecosse pour une durée indéterminée avant même que la saison touristique ne commence (je vous donnerai l’adresse en temps utile si vous cherchez un petit coin de paradis pas trop loin), où de cette autre amie dont le mari, étranger et en voyage dans sa famille au moment où les frontières ont été précipitamment fermées, ne peut pas rentrer car il n’est pas français, ou encore de celle ci qui, avec son association, a cousu 8000 masques en 34 jours… Face au même événement, nous vivons tous les choses différemment. Comme d’habitude. Le même fait aura fait trembler des familles, créé des vocations, révélé des personnalités, généré l’effroi, prolongé des vacances, séparé des êtres chers, généré des drames, et parfois, il n’aura rien bousculé du tout ou si peu.

Concrètement, depuis que j’ai reposé les pieds sur le sol français, il y a un peu moins d’une semaine, j’ai l’impression d’être à Paris en plein mois d’août, allez juillet, plutôt qu’en confinement pour cause de pandémie globalisée, alors qu’il serait l’un des plus stricts au monde. Je peux même affirmer que je me sentais plus confinée à Wellington qu’ici alors que je pouvais me promener plus librement.

Les fenêtres de mon appartement sont ouvertes. Moi qui pensais être au calme jusqu’au 11 mai, j’entends la ville s’agiter comme avant, la sirène d’une voiture de police, le bus qui redémarre après avoir marqué son arrêt, le 15 tonnes qui freine au feu en couinant, les voitures qui circulent en continu, les motos qui accélèrent, le camion qui nettoie le trottoir… J’entends une scie circulaire, des coups de marteau. Un homme aussi qui tousse et se racle la gorge si fort que je me dis qu’il le fait exprès. Qu’en des temps anciens, je n’y aurais peut-être pas prêté attention. D’ailleurs, dès que j’entends une personne tousser plus d’une fois, et pas éternuer, ma pensée dérive et je m’interroge. Pourtant, je ne suis pas angoissée. Un autre crie « enc.. de ta… » – non, je ne peux même pas l’écrire, c’est trop vulgaire – probablement pour une priorité refusée ou un clignotant oublié. Enfin, un de ces trucs importants, vous voyez.

Je suis sortie chaque jour faire une heure (et quelque) de promenade, me tenant ma propre laisse pour n’aller ni trop vite ni trop loin, arpentant les rues de mon quartier comme s’il y avait quelque trésor à y découvrir. Certes, certains portent des masques et/ou des gants. Et il faut parfois faire la queue pour entrer dans certains magasins mais il y a aussi beaucoup de monde dans les rues – plus que je ne me le figurais, même si j’ai bien conscience que c’est mathématique, compte tenu de la densité de population en région parisienne – ; beaucoup d’enfants qui jouent ensemble autour du kiosque à musique ; beaucoup de personnes regroupées sans, a priori, partager la même bubble… C’est assez étonnant, un peu déconcertant aussi. Enfin, je ne m’imaginais pas le confinement ainsi. Je suis à la fois rassurée et perplexe. Il souffle quelque chose de très futile sur un moment qui me semble tout de même emprunt d’une certaine gravité.

Et puis, je commence aussi à avoir la sensation d’être un 31 décembre ou à la fin de vacances pendant lesquelles j’aurais eu un mode de vie différent. Vous savez, ces moments particuliers où nous sommes tentés de prendre de nouvelles résolutions pour la suite. Sauf qu’il ne s’agit pas de passer à 2021 avec 8 mois d’avance, mais de se projeter sur une après pandémie. Ce n’est pas comme s’il en survenait tous les ans… « Je vais sûrement démissionner », « j’ai décidé de devenir végétarien », « je veux m’occuper de mes enfants à temps plein », « j’ai décidé de prendre ma part de charge mentale », « nous allons sûrement quitter la ville pour vivre dans un lieu autogéré », « je suis prête à quitter mon métier-passion pour aller vivre à la campagne » peut-on ainsi lire dans un article récent de France Info (1). Je me reconnais dans deux moitiés de ces résolutions, que j’inscris noir sur blanc ici pour ne pas l’oublier et en faire une sorte d’engagement : « nous allons sûrement quitter la ville pour aller vivre à la campagne ». Et vous, avez-vous pensé à changer quelque chose dans votre vie prochaine ?

(1) https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/etapres-demenager-demissionner-changer-d-alimentation-vous-nous-avez-raconte-vos-envies-de-changement-apres-la-crise-du-coronavirus_3928675.html

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C’est fou tout ce qu’il peut se produire en une journée ! Je l’écris tout de suite et remonterai le temps aussitôt pour commencer par le commencement : notre petit-déjeuner à l’auberge, à 9h27. Donc, tôt dans l’après-midi, Jacinda Ardern, la Première Ministre, a annoncé le passage immédiat de la Nouvelle-Zélande au stade 3 et, dès mercredi, au stade 4. A savoir un confinement direct de 4 semaines. Voilà, c’est écrit.

Maintenant, flash-back. De la confiture de fraises sur mes tartines, un café et des céréales. A ma droite, Jay est revenu sur Terre. Et le retour est rude. Il a achevé hier la traversée de l’île du Nord à pieds, soit 1 600 km en 2 mois et 4 jours (il avait parcouru les 1 400 km de l’île du Sud il y a 2 ans). Vous auriez vu ses yeux pétillants de bonheur et d’émotion hier soir ! De la beauté pure au milieu de ce chaos mondial ! Pour rester concentré sur son objectif, il n’a pas voulu se laisser polluer par le coronavirus. Ce matin, les yeux rivés à son téléphone, il est comme ses voisins à sonder comment rentrer en Europe, le tout avec beaucoup de philosophie cependant – le plus important étant ce qu’il vient de vivre…

Louise – une française arrivée il y a 2 semaines avec un WHV*, c’est-à-dire avant que tout ne prenne une nouvelle tournure – se prépare à aller à l’Ambassade de France où elle espère trouver des réponses. Même plus que des réponses, une solution pour rentrer. Je ne sais combien il y a de Français actuellement en Nouvelle-Zélande, mais les messages de personnes dans des situations plus ou moins complexes et ubuesques se multiplient sur les réseaux sociaux et IRL, id estles cuisines et salons des auberges de jeunesse. Des jeunes n’ayant pas les ressources financières pour rester alors que les emplois diminuent de jour en jour. D’autres, ayant déjà déboursé des milliers d’euros pour racheter un billet d’avion, finalement annulé et non remboursable… Certains, dans l’impossibilité de vendre leur van puisqu’il n’y a plus de nouveaux entrants et donc pas de monnaie d’échanger pour acheter un éventuel vol retour… Nous nous rendons nous aussi à l’Ambassade. Non que nous voulions rentrer à tout prix mais nous voulons faire les choses correctement auprès de l’immigration. Un groupe d’une quinzaine de personnes est en bas de l’immeuble. Louise nous apprend qu’onne veut pas les laisser monter. Au bout de quelques minutes, un homme travaillant au rez-de-chaussée nous explique que nous ne pouvons pas rester… Personne ne bouge. Persuadée que nous n’aurons pas de réponse ici, nous filons vers ce que nous pensons être des bureaux physiques du service de l’immigration, à quelques rues de l’Ambassade. Mais ce ne sont que des bureaux. Toujours chargées – nous migrons vers l’appartement que nous allons louer le temps que cela se calme -, nous poursuivons notre chemin dans cette ville qui nous plaît et dans laquelle nous nous faufilons déjà avec une certaine aisance… L’heure est encore à l’insouciance modérée (je me lave quand même les mains bien plus souvent que d’habitude, même si je suis allée à bonne école – une mère infirmière – et que je m’y applique très régulièrement sans la pression du corona (ah ah).

Et puis là, après des détours, un passage à la librairie pour voir s’ils ont le livre de Mia Farlane, Footnotes to sex, et quelques photos, au beau milieu d’un carrefour, nous nous retrouvons nez à nez avec une famille française rencontrée il y a quelques semaines à Kaikoura, sur l’île du sud, et avec laquelle nous avions échangé. Eux-mêmes se retrouvent là après quelques circonvolutions inutiles. C’est inouï, le monde est tellement petit parfois – nous le vivons certes d’une autre manière en ce moment, mais quand même… Elle est étrange, cette joie inédite ressentie en rencontrant des camarades de galère ! Ils viennent de se faire gentiment mettre à la porte d’un Flight Center où ils venaient de trouver des billets d’avion retour pour le 1eravril (c’est-à-dire, avec une probabilité d’annulation élevée) sans trop savoir s’ils devaient rester, partir, rester, partir… Leur situation est encore différente : ils ont fait un échange de maison avec une famille néo-zélandaise, qui, compte tenu de la situation en France, retourne chez elle et veut donc récupérer sa maison, alors que la réciproque n’est pas possible. C’est une autre forme d’angoisse, surtout avec deux jeunes enfants. Mais cette rencontre inopinée, et heureuse, vient s’ajouter à ma liste de coïncidences me faisant de plus en plus croire que le hasard n’existe pas. Un couple – de Français, mais ai-je encore besoin de le préciser ? – rejoint notre discussion sur le bout de trottoir… Nous sommes désormais 8 à le partager. Dans quelques heures, ce regroupement sera interdit… Ils étaient à l’Ambassade d’où quelqu’un est finalement descendu car les personnes du rez-de-chaussée menaçaient d’appeler la police afin de déloger le groupuscule de français révolutionnaires… Ils « travaillent » à trouver des solutions nous relaient-ils, créent un formulaire en ligne pour recenser les personnes voulant rentrer en France, mais n’ont pas de solutions d’hébergement à proposer à ceux qui sont dans une situation délicate autre que le site sosuntoit.fr de solidarité entre Français à l’étranger, mais malheureusement saturé de demandes en Nouvelle-Zélande… Chacun finit par partir dans la direction qu’il doit suivre à court terme, non sans un échange préalable de coordonnées.

De notre côté, nous arrivons à notre refuge. Nous nous installons tranquillement, savourons la chance que nous avons d’être là puis déjeunons en écoutant le point quotidien du gouvernement annonçant les nouveaux cas du jour. Vers 14h20, nous rassemblons nos sacs, vides, pour aller faire des courses. C’est à ce moment que je découvre le message de Louise, envoyé 40 minutes plus tôt, nous apprenant que la Nouvelle-Zélande passe au stade 3 – immédiatement – puis au confinement – sous 48h. Avant-hier, nous n’en étions qu’au stade 2… La semaine dernière, nous randonnions près d’un glacier. Comment les choses peuvent-elles aller aussi vite ? Le Ministre de la Santé a annoncé l’existence de 102 cas confirmés lors de sa communication, dont deux pour lesquels l’origine de la transmission n’a pu être retracée avec certitude. Ce sont ces deux cas qui ont tout précipité car potentiellement des cas de transmission communautaire, donc hors des espaces où sont confinées les 100 autres personnes (si j’ai bien compris), donc la preuve que le virus circule peut-être dans le pays. La suite, vous la connaissez… La décision de Jacinda Ardner est d’ailleurs largement saluée. Mais nous parlerons politique plus tard (ou pas). Là, il devient urgent d’aller faire quelques courses. Nous n’avons plus rien à manger. Direction le New World. Ce nom n’offre-t-il pas des perspectives plus réjouissantes qu’un Auchan, Carrefour ou Leclerc ? Quand nous sommes arrivées à Auckland en janvier, j’avais pris une photo de l’enseigne seule avec le ciel me disant que cela pourrait toujours servir… Voilà… Une petite queue est déjà formée, on nous fait entrer au compte-goutte, dès qu’un client sort. Evidemment, c’est très étrange et décontenançant de passer, en un si court laps de temps, d’une vie quasi normale à une vie ainsi régulée. C’est notre tour. A l’intérieur du Nouveau Monde donc, tout le monde est calme. Fait ses emplettes sans empressement. Des petites mains s’affairent à remplir les rayons en continu, de telle sorte, qu’hormis le gel hydro-alcoolique en rupture de stock dans tout le pays, il ne manque rien. La PM a d’ailleurs rappelé plus tôt qu’il fallait faire ses courses normalement, qu’il ne fallait pas s’inquiéter, que tout était bien organisé. Et Jacinda Ardner, on la croit sur parole. Alors, nous faisons nos courses normalement, comme si nous étions chez nous. A ce détail près qu’il n’y a pas de Floraline ici, et que, pour moi, tant qu’il y a de la Floraline, tout va. Nous ferons donc sans et tout ira quand même.

Sur le retour, nous sentons bien que quelque chose a changé dans l’atmosphère. Ce ne sont pas seulement les embouteillages, plutôt étonnants à cette heure, mais aussi la façon dont les gens s’affairent, se regardent. Ceci dit, il en est autant qui semblent poursuivre leur route comme s’ils ne savaient pas ou que cela ne changeait rien. Nous voyons ce que nous voulons voir… Voilà, nous arrivons à notre refuge – je vais continuer à l’appeler ainsi, car c’est ce qu’il est devenu… encore plus à l’heure tardive à laquelle j’écris ces mots où un déluge s’abat sur la ville. Demain, dernier jour avant le confinement, il serait opportun que nous nous achetions chacune un pull avant que les boutiques de vêtement ne soient jugées inutiles, c’est-à-dire, après demain. Nous sommes parties avec peu de vêtements et plutôt des vêtements légers. Or, l’automne est clairement là dans ce monde à l’envers et, bientôt confinées, nous aurons besoin de chaleur…  Pas que humaine.

* Working Holiday Visa (PVT = Programme Vacances Travail en français)

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Le 11 janvier, lorsque j’ai pris cette photo, m’amusant de constater que Paris était la ville la plus éloignée d’Auckland parmi toutes celles listées, je ne me doutais pas que 65 jours plus tard, cette distance inédite entre mon toit et moi serait à la fois un avantage et un inconvénient…

Je suis en Nouvelle Zélande depuis le 10 janvier, après une poignée – saine – de jours passée à Singapour, histoire de couper le trajet en deux et de découvrir une nouvelle ville. Je devais en partir le 29 mars pour une courte semaine à Buenos Aires – mêmes raisons – avant de retrouver un Paris printanier et du bon pain. Un tour du monde d’une certaine manière, avec, en prime, le passage de la ligne – virtuelle il va s’en dire – de changement de jour, me faisant arriver à Buenos Aires avant même de partir d’Auckland. Tout est relatif, évidemment…

Mais cette étrangeté temporelle n’aura pas lieu. En tout cas, pas maintenant. Puisque, et c’est le premier impact du coronavirus sur ma petite vie, les vols ont été suspendus la semaine dernière entre l’Argentine et la France.  La Nouvelle Zélande, au bout du monde donc, a longtemps été épargnée par le virus. De telle sorte que depuis 65 jours, un peu moins en réalité car tout s’est accéléré ce week-end, vue d’ici, cette pandémie est restée très abstraite, voire quasi irréelle. C’est très étrange d’être à un endroit où la vie poursuit tranquillement son chemin alors que partout ailleurs le chaos semble gagner du terrain de jour en jour. Le tout, avec 12h de décalage horaire.

Ceci étant dit, la trêve est peut-être finie. Alors que la France est confinée pour au moins 15 jours depuis mardi, que l’Europe ferme ses frontières pour 30 jours, la Nouvelle Zélande – où les cas commencent à se multiplier malgré tout – impose une quarantaine à tous les arrivants et la quitter est de plus en plus difficile (vols annulés, connexions plus assurées…). Il se pourrait même que la liaison maritime entre l’île du sud – où je suis – et l’île du nord – d’où je suis sensée partir le 30 mars (mais je ne suis pas certaine de le vouloir) – soit interrompue… Et puis, la Nouvelle Zélande n’étant pas considérée comme un pays à risque, aucun rapatriement n’est prévu pour le moment. Bref, je ne suis pas en confinement. Je suis juste sur une île, d’une incroyable beauté, à 18 850 km de Paris et je ne sais ni quand ni comment je vais pouvoir y retourner…

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J'vous dis pas

Cela m’est revenu il y a quelques jours sans trop savoir pourquoi… Une moquerie d’une de mes anciennes profs de français au lycée à l’égard d’une de ses collègues, en l’occurrence ma prof de physique. Ma prof de physique avait en effet un tic verbal qui ne plaisait absolument pas à ma prof de français, facile à contrarier il faut l’avouer… Elle disait : « J’vous dis pas ! » Et évidemment, elle enchaînait en nous disant, ce qui bien sûr, était contradictoire avec le fait d’annoncer qu’elle n’allait pas nous dire. Voilà ce qui agaçait furieusement ma prof de français au point qu’elle allait parfois jusqu’à l’imiter en plein cours. J’aurais bien voulu voir comment elle gérait la cinétique et la thermodynamique… Bref, si, après un voyage spatio-temporel vers le futur, ma prof de physique avait atterri sur cette plage de Cu Daï près de Hoï An au Vietnam, elle aurait naturellement lancé : « J’vous dis pas ! Il y avait un de ces mondes ! Et un de ces bruits ! ».

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La fourmigratrice

L’autre matin, à l’heure de pointe, sans vraiment l’avoir voulu, mon corps se retrouve coincé au coeur du magma humain épousant la forme du 3e wagon d’une rame de la ligne 13. Oui, aïe, je vois que certains compatissent ! La ligne 13, que j’ai déjà abordée ici entre autres, est un écosystème à elle toute seule où les lois de la physique, de la thermodynamique, de la nature, des gaz, des grands nombres, de la biologie, de la balistique, bref, où toutes les lois qui régissent notre vie sur Terre abandonnent leur train-train quotidien pour frôler le chaos. En somme, la ligne 13, c’est l’entropie par excellence. On a beau le savoir, c’est toujours un moment difficile à vivre, voire un peu gênant.

De fait, ma parade, c’est de simuler. Oui, je fais comme si j’étais ailleurs, j’essaye d’oublier que je suis collée contre des inconnus, que je n’ai pas encore compris où était passé mon bras gauche, je me jette visuellement dans la partie de Candy Crush de ma voisine (cela a toujours été mon unique façon d’y « jouer »), je suis vaguement les conversations électroniques de certains, je passe d’un visage à l’autre en quête d’une expression unique et forcément somptueuse même si c’est de l’exaspération qui s’en dégage, je me réjouis presque de cette expérience humaine si matinale (bien plus facilement depuis que je ne la vis plus quotidiennement évidemment). Et voilà que l’autre matin donc, quelque chose de mouvant et d’inattendu apparaît à la périphérie droite de mon champ visuel, sur un monsieur en chemise à rayures blanches et bleues, manifestement fatigué. Une toute petite fourmi. Enfin, juste une fourmi. Là, dans ce chaos insondable à la chaleur rappelant la soupe primordiale ayant donné naissance à l’univers, une fourmi. Sans sa colonie. Seule donc.

Qui se demande ce qu’elle fait là, arpente le haut de la chemise du jeune homme en long, en large et en travers, trace sur les chemins de crête avant de rebrousser chemin puis de disparaître quelques secondes hors de mon champ visuel pour revenir de plus belle car elle n’a trouvé aucune issue dans la pochette gauche de ladite chemise. A quoi pense-t-elle ? Comment est-elle arrivée là, sur la ligne 13, ainsi véhiculée par un être humain vers une destination inconnue ? J’imagine déjà que le gars a profité du beau temps de la veille pour faire une machine et laisser sécher son linge sur le balcon de son 2 pièces, sur lequel il a installé quelques plantes vertes dès son arrivée il y a 4 ans maintenant, histoire d’avoir une micro dose de nature à portée de main et aussi un peu de fraîcheur et d’intimité en été. La fourmi vient de passer la nuit sur la feuille la plus longue de son yucca géant, laquelle est posée en partie sur le fil à linge qu’il tend ponctuellement.

C’est ainsi que bon an mal an, elle a commencé par faire une séance d’équilibriste sur le fil avant d’atteindre le sommet du cintre en aluminium auquel est accrochée sa chemise, dès lors, très facile à atteindre puisque dans la continuité de sa progression. Il ne la voit évidemment pas quand il l’attrape après avoir pris sa douche et c’est ainsi que sa fourmi fugue involontairement et se retrouve à quelques centimètres de moi dans cette rame tropicale. J’avoue avoir pensé lui souffler dessus, je ne sais d’ailleurs pas vraiment dans quel but, mais je me ravise vite en anticipant le regard déconcerté que m’aurait lancé le monsieur après qu’il a senti mon souffle atteindre son cou… situation qui aurait pu être mal interprétée. Et puis, souffler sur la fourmi l’aurait sûrement envoyer au sol et par conséquent, à une mort certaine. Je décide donc de suivre ses pérégrinations du regard. Je retiens ma respiration quand elle s’engouffre dans le col de la chemise, redoutant qu’elle atteigne son cou et que, sentant quelque chose le chatouiller, il envoie un signal à son cerveau pour lever son bras et intimer l’ordre à sa main de gratter frénétiquement la zone concernée, augmentant les chances d’écraser la fourmi au passage. Heureusement, rien de tel ne se déroule et elle poursuit ses allers-retours incessants m’incitant à me demander si une fourmi est capable de s’arrêter ou si elle est naturellement hyperactive.

Oubliant totalement la raison pour laquelle je suis montée dans le métro, je suis le gars lorsqu’il en descend, sans quitter la fourmi des yeux ni savoir vraiment ce que j’espère. Correspondance. Je le suis toujours. Il monte tranquillement dans sa nouvelle rame et a, cette fois ci, l’opportunité de s’asseoir, ce qu’il ne manque pas de faire. Je préfère rester debout, pour avoir un peu plus de marge de manoeuvre vis-à-vis de la fourmi que je vois tout d’un coup prise d’une témérité incroyable puisqu’elle se met à dévaler toute la manche droite de la chemise et à passer sur la vitre contre laquelle il a posé son bras. La voilà à nouveau en expédition, hors de ma portée ! Elle monte, elle descend, elle sonde, cherche des repères, inexistants, elle avance et finit par plonger dans un pull à rayures jaunes et vertes porté par une jeune femme aux cheveux courts ! Décidément ! Là voilà qui descend à son tour du métro, je me jette dans son sillage, je perds la fourmi de vue mais je sais qu’elle est toujours là. Après quelques minutes de marche, la fille s’arrête devant un immeuble et pousse une épaisse porte noire derrière laquelle résonne une musique forte et sourde, je la suis sans regarder où j’entre. Une salle de concert blindée à l’ambiance déchaînée. En pleine matinée. Une autre forme de ligne 13. La fille est juste devant moi, elle s’agite déjà comme une damnée. Bientôt, elle va avoir trop chaud et retirer son pull qu’elle posera alors sur son siège. Je n’aurai plus qu’à tendre le bras et attendre que la fourmi saisisse son ultime chance de recouvrer la liberté… Ce qu’elle finit par faire. Je la place au creux de mes mains que je veille à bien clore, m’extrais de la salle obscure et pars en quête d’un tronc d’arbre où je finis par la relâcher. Elle file vers les sommets sans se retourner. Heureuse, je lève alors la tête, réalise où je suis, regarde l’heure, lance un « zut » faussement coupable et retourne au métro pour me reconnecter à mon plan initial nettement moins palpitant !

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A un cheveu près

Voilà le genre de situation qui nous fait rire a posteriori mais qui nous plonge dans des abîmes de solitude au moment même où nous les vivons. Vous jugerez par vous-mêmes… Cela s’est passé en fin de journée, à l’heure où tout le monde rentre chez soi et converge vers le métro. Le wagon est d’ailleurs bondé. Et il est aussi difficile d’y entrer que d’en sortir. Je me retrouve coincée entre cinq personnes, chacune d’elles étant elle-même coincée entre cinq autres personnes… Impossible de bouger le moindre orteil ! Encore moins les bras. J’ai déjà vécu cette situation des centaines de fois, je sais qu’il suffit de prendre son mal en patience et de penser à autre chose. Sauf que ce jour-là, alors qu’il ne me reste plus que trois stations à parcourir avant d’atteindre ma destination, quelque chose commence à me chatouiller le bout du nez. Rapidement, cela devient littéralement insupportable et je n’ai une envie : me gratter frénétiquement le nez pour en faire disparaître ce cheveu blanc tombé du ciel ! Sauf que je ne peux toujours pas bouger et que nous sommes tous dans ce cas.

Je change alors de stratégie, optant pour la solution « moyens du bord » consistant tout simplement à me souffler dessus, en direction de mon nez. J’ai franchement l’air ridicule,  impression qui, malheureusement, ne s’atténue pas puisque ce petit cheveu tout fin ne scille même pas et continue à se jouer de moi… C’est un véritable supplice, j’ai l’impression que ce cheveu subtilement accroché à ma peau m’envoie des décharges électriques dans tout le corps. Et je comprends alors qu’il ne me reste plus qu’une chose à faire même si je repousse au maximum ce moment d’une grande incongruité : espérer que l’un ou l’autre de mes voisins inconnus accepte de me souffler dessus… Passé l’étonnement, ils sont trois à s’y mettre – deux jeunes femmes et un quadragénaire -. Autour de nous, les autres passagers incrédules observent la scène avec un certain amusement teinté de dégoût. Il faut alors 2 bonnes minutes à mes souffleurs pour me libérer du joug de ce fichu cheveu. Quel soulagement ! Au même moment, les portes du métro s’ouvrent et je suis éjectée du wagon sans ménagement et surtout, sans avoir l’opportunité de remercier mes sauveurs avec lesquels je viens de vivre une situation très intime…

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Y aller par 5 chemins

Ceci n’est pas un billet subliminal destiné à vous faire, un, penser à du chocolat, deux, manger du chocolat. Ceci dit, si vous faites l’un et/ou l’autre, je vous remercie de m’en informer, cela pourrait alimenter un nouveau billet sur la suggestion involontaire. Non, ceci est a priori (je sentais déjà que ça n’allait pas être aussi simple) un billet sur l’organisation de la pensée. Ou plutôt sur les différents plans d’organisation de la pensée. Une astuce apprise il y a quelques années pour gagner du temps, paraître intelligent, briller en société rapidement, et dont je ne me suis jamais servi. Ce qui ne signifie pas qu’elle est inutile pour autant. Ni que je n’en ai pas besoin pour faire vibrer mes paillettes…

L’idée ? Pouvoir aborder n’importe quel sujet assez promptement de façon argumentée et organisée donc, modulo une petite valise de culture générale quand même ou de curiosité, la première étant un corollaire de la seconde. Il y aurait ainsi cinq grandes approches (bien plus en réalité, mais dans le cas présent, il s’agit d’être efficace, de ne pas être pris au dépourvu dans une conversation de salon) pour développer une pensée : H, G, T, P et Z ! En clair Horloge, Global, Triangle, Pendule et Zoom. Au hasard – et pour assurer la continuité avec le billet d’hier (en fait, d’avant-avant-hier mais vous comprendrez plus tard) -, penchons nous sur les smartphones, téléphones intelligents,  mobiles multi-fonctions, terminaux de poche et autres ordiphones !

Horloge ! Facile : hier, aujourd’hui, demain ! Avant 1992 et l’IBM Simon, les smartphones n’existaient pas. Nous devions nous satisfaire de téléphones portables, qui étaient eux-mêmes révolutionnaires comparé au téléphone que nous appelons désormais fixe car il doit être relié en permanence à une prise pour être opérationnel. Par opposition au portable – victime de l’impitoyable progrès dès sa pré-adolescence comme s’il avait subitement déclaré l’équivalent électronique du syndrome de Hutchison-Gilford et, à cet égard, est considéré comme une antiquité sous nos latitudes, ce qu’il n’est pas en réalité à l’échelle de la planète – et au smartphone donc qui, lui, requiert d’avoir constamment une prise de courant à portée de main pour être rechargé, a fortiori, utile. Situation potentiellement dramatique qui a fait émerger des formules étranges comme « je peux te prendre du courant ? » voire « je peux me brancher ? », étant entendu que personne ne croit réellement que c’est vous, en personne, qui allez vous brancher : nous nous sommes progressivement auto-assimilés à nos machines… Bref, nous voilà prêts pour la posthumanité. Mais c’est encore un autre sujet !

Aujourd’hui, en 2018, il se vend 54 mobiles chaque seconde dans le monde. Effarant non ? Fin 2016, il y avait ainsi 5,7 milliards d’utilisateurs de mobile (oui, mobiles et smartphones confondus, ce qui ruine mon exemple je sais) sur la planète pour 7,5 milliards d’habitants dont 1 318 522 586 enfants de moins de 10 ans et 332 892 230 anciens de plus de 80 ans (je fais l’hypothèse naïve que les deux extrêmes de la population n’y ont pas ou plus accès), soit 1 651 414 816 personnes que l’on peut décemment sortir du scope. Une simple soustraction nous apprend donc que tous les autres ont des portables qui, en une poignée d’années, sont littéralement devenus nos auxiliaires de vie, des couteaux suisses qui ne coupent pas, d’effrayants doudous d’adultes, des outils qui, finalement, ne servent plus vraiment à appeler, ce qui relève pourtant de leur mission originelle…

Message de service : cela vous êtes totalement passé au-dessus de la tête, mais sachez que c’est la 3e fois que je m’attèle à ce billet en trois jours. A 1h du matin passées hier et avant-hier, voyant que je n’arriverai pas à le finir, j’ai changé mon sujet d’épaule donnant naissance à Fragile Equilibre d’une part et à Peak de rencontre d’autre part. Tout ce qui est en italique ci-dessus a ainsi été écrit aujourd’hui (ça aussi, mais je bascule en roman car on est repassé au présent…). Je ne sais pas ce qui m’a pris de vouloir faire un cours sur les plans d’organisation de la pensée alors qu’avant toute chose, il eut fallu en assurer un sur l’organisation tout court. Je vous livre donc sans développement ce qui m’a été récemment  conseillé pour l’optimiser. Lister tout ce que l’on a à faire et les ranger dans quatre catégories : urgent et important, pas urgent et important, urgent et pas important, pas urgent et pas important. Ceci étant établi et après avoir soldé le « urgent et important », tout est une question d’équilibre, en particulier entre le « urgent et pas important » qui, objectivement, squatte une bonne partie de notre quotidien et de notre énergie, et le « pas urgent et important » qui pourrait incarner des projets plus personnels, qui nous tiennent à cœur et qui nécessitent un engagement dans le temps non négligeable, de telle sorte que l’on peut avoir tendance à remettre à plus tard les moments où l’on pourrait s’y consacrer, nous donnant l’impression de ne pas avancer dans ces projets qui comptent vraiment pour nous. Je reste perplexe quant à la pertinence de la 4e catégorie : pourquoi persister à garder dans sa to do list des choses que l’on estime être ni urgentes ni importantes alors que l’on manque déjà cruellement de temps pour le reste ? Et enfin, existe-t-il un mode d’emploi pour hiérarchiser objectivement ses priorités ?

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En attendant Matsu

Haut en couleurs, tonitruant, festif, mystique et spirituel, le Pèlerinage de Matsu (ou Mazu) qui vient de commencer est l’événement le plus emblématique et populaire de la vie culturelle et religieuse taïwanaise. Inscrit au « patrimoine culturel immatériel » de l’Unesco depuis 2009, la procession taoïste suivant un ensemble très précis de rituels est l’un des événements religieux les plus importants au monde. Pendant 8 jours et 7 nuits, des dizaines de milliers de pèlerins vouant un culte sans limite à la Déesse de la Mer escortent son parcours de temple en temple sur plus de 340 km.

Les heures précédant sa sortie du Temple Jenn Lann à Dajia où elle est reconduite à l’issue du pèlerinage, ainsi que la première nuit de marche en sont des moments paroxystiques. Toute la journée, les fidèles prient Matsu dans le Temple enrobé d’une douce odeur d’encens, lui apportent moult offrandes tandis que, dans la cour, se joue une autre scène, beaucoup plus festive et folklorique mais néanmoins emprunte d’une réelle dévotion avant que la foule, un peu avant minuit, ne se mette en marche pour Shalu, fin de la première étape.

Pour voir le reportage, c’est en cliquant ici.

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Mind the gap

N’est-il pas absolument fantastique de pouvoir autant s’approcher du soleil sans en subir les conséquences ?

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L'improbable rencontre

Je me souviendrai toute ma vie de cette plage. Elle correspond en effet à ce que l’on qualifie communément de « paradis sur Terre ». Certes, la notion conserve encore tout son mystère (et a d’ailleurs déjà fait l’objet d’un questionnement dans ces pages), mais vous conviendrez aisément que cette vue est plutôt plaisante. Se baigner dans ses eaux turquoises et mouvementées est par ailleurs interdit. Manifestement, le panneau, planté juste à l’entrée de la plage, n’a absolument aucune autorité sur les visiteurs, incapables de résister à l’appel – qui le pourrait ? – des déferlantes du mal nommé Pacifique. Ce n’est toutefois pas pour ces deux raisons que cette plage restera à jamais gravée dans ma mémoire.

En descendant vers l’eau, dans un état de quasi hypnose, mes pas ont croisé ceux d’un couple qui en sortait. Nos regards ont rapidement suivi. Retour au monde réel en un clin d’oeil quand bien même ce qui suit est totalement irréel. Large sourire de part et d’autre. J’ai fait la connaissance de ce couple – des français en vadrouille – la semaine précédente, sur une autre île de l’archipel hawaïen. Certes, nous savions les uns et les autres que nous serions à nouveau sur le même bout de terre pendant 2-3 jours mais nous n’avions pas, comme cela se fait parfois entre voyageurs, convenu de nous y retrouver.

La probabilité de se revoir était donc relativement faible. Laissez-moi vous énumérer toutes les conditions qu’il a fallu réunir – par qui, je ne sais pas – pour que cela se produise : être sur la même île au même moment ; avoir décidé de se rendre sur cette plage, assez isolée, de Kauaï, sans s’être concertés ; se trouver sur cette plage isolée de Kauaï à la même heure ; se trouver sur la même portion de cette plage isolée de Kauaï somme toute assez longue ; se croiser sur cette portion de plage isolée de Kauaï somme toute assez longue, c’est-à-dire s’éloigner de l’océan pour les uns et s’en approcher pour les autres en suivant des trajectoires strictement identiques ; lever la tête à ce moment-là. Se reconnaître. Et s’extasier des hasards de la vie.

L’histoire ne s’arrête pas là. Le lendemain, le même trek est au programme de la journée. Mais à nouveau, ce n’est qu’une information partagée. Pas une invitation à le faire ensemble. Les horaires ne sont pas compatibles. Et pourtant, en fin d’après-midi, nous nous recroisons à nouveau, sur le bord de la route, après nos marches respectives. Nous avons alors estimé, après une fulgurante concertation, que le maître des conditions convergentes nous envoyait un signe. Auquel nous avons répondu en nous donnant rendez-vous, le soir même, pour un verre de l’amitié. Figurez-vous qu’en discutant de tout et de rien, et surtout de ce qui nous avait conduits ici, là, maintenant, nous avons réalisé que nous avions une connaissance commune : lui avait fait un stage avec le meilleur ami du fils de mes parents – mon frère oui – que, bien sûr, je connaissais. Si la rencontre sur la plage était déjà exceptionnelle, imaginez un peu ce que nous avons ressenti en mettant au jour cette connexion ! Ce jour-là, j’ai temporairement cru au destin ! Car, enfin, quelle est réellement la probabilité de rencontrer, par deux fois, quelqu’un que l’on ne connaît pas – et que l’on connaît sans le connaître à l’issue de la première fois – qui connaît quelqu’un que l’on connaît, le tout, à l’autre bout du monde ? Apparemment, elle n’est pas nulle ! Et c’est tout simplement époustouflant !

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