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Ce que j’apprécie particulièrement avec Internet et ses moteurs de recherche, c’est leur capacité à fournir, en une fraction de seconde, une réponse à n’importe quelle question. L’équipe n’est jamais prise au dépourvu, quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit. Même lorsque vous tapez « jslfjhq », ce que je viens de faire sans regarder mon clavier (wouah !) car je n’aime pas écrire des choses non vérifiées, vous avez 1 résultat (je vous laisse essayer). C’est dire ! Cette omniscience est rassurante, et, d’une certaine manière, devrait nous permettre de libérer un peu d’espace dans notre disque dur interne pour qu’il tourne plus vite et donc mieux. A quoi bon, en effet, apprendre quand il suffit de se connecter au monde binaire et de quelques mots clés pour tout savoir, et même plus encore ?
Ce que je déteste particulièrement avec Internet et ses moteurs de recherche, c’est leur capacité à fournir, en une fraction de seconde, une réponse à n’importe quelle question. L’équipe n’est jamais prise au dépourvu, quelle que soit l’heure du jour et de la nuit. Oui, c’est un peu comme dans la vie de couple, au bout de quelques années de vie commune, ce qui vous a attiré au départ est exactement ce qui vous fait fuir ensuite… Ainsi, sans s’en rendre compte, en une milliseconde donc, cette équipe diabolique peut vous saborder vos illusions et vos espoirs d’originalité. Je parle d’idées notamment, qu’auparavant, chacun pouvait développer dans son coin, tout en se persuadant qu’il était le « seul » à l’avoir eue… C’est une pensée suffisamment gratifiante pour devenir un vrai catalyseur et amorcer des réalisations. Mais du fait de la puissance de frappe du duo ténébreux sus-mentionné, nous avons désormais ce – stupide – réflexe de vérifier si « ça » existe déjà, si « ça » a déjà été fait, si « ça » a déjà été pensé… Malheureusement, la réponse est souvent « oui », ce qui donne la fausse impression que tout existe déjà. En réalité, les idées vraiment originales ne courent pas les rues, même bordées de lampadaires.
Que faire alors ? Abandonner son idée et creuser encore pour trouver la perle rare (ce qui est assez présomptueux), ou, s’accrocher à l’idée que sa réalisation sera malgré tout différente de ce qu’en a fait l’autre – plus raisonnablement, de ce qu’en ont fait les autres (ce qui est vrai, mais aussi une façon de se réconforter…) ? Deux exemples concrets – car je vois bien que vous cherchez le rapport entre ces mots et l’image ci-dessus – avec des idées photographiques. Il y a deux ans, j’ai écrit sur un carnet : faire une série de photos de personnes qui éternuent (sans mouchoir) ; déclencher juste avant l’explosion… Oui, exactement au moment où nous ne maîtrisons absolument pas ce que nous faisons de notre visage, ce qui est assez rare… Potentiellement complexe à réaliser mais certainement très drôle à voir. Il y a quelques jours, en surfant sur la Toile, je suis tombée par hasard sur un photographe qui présentait une série dans cet esprit… Je l’ai détesté (et moi aussi), j’ai fermé la page, je n’ai pas retenu son nom et maintenant que je souhaite le retrouver, je n’y arrive plus ! Même chose avec cette plongée new-yorkaise, dans un registre nettement plus proche de ce que triture habituellement : la ville, son tumulte, son mouvement incessant, son fourmillement, ses multi-couches qui font qu’on s’y perd, qu’on s’y noie, qu’on y a le tournis… Voilà qu’en prenant ces impressions au pied de la lettre, j’obtiens ce genre d’image. Reflet de ce que je cherchais à obtenir, qui, après vérification donc, a de nombreuses grandes sœurs inconnues dans le monde. Et comme il m’est désormais impossible de poursuivre ce travail en sachant cela, je me dis qu’il est parfois préférable de rester dans sa bulle et les illusions qu’elle protège pour pouvoir aller, sans complexe, au bout de ses idées…