Photo-graphies et un peu plus…

Les risques du métier

Applaudir, comme cela s’entend parfois quand l’avion dans lequel on se trouve pose les roues sur le tarmac après quelques heures à filer à haute altitude sans filet laisse planer un doute quant aux sombres pensées qui ont traversé les esprits des plus enthousiastes alors même que le vol s’est déroulé sans encombre… Car enfin, applaudit-on un chef qui ne nous cuisine pas un plat cramé, applaudit-on un commerçant qui ne se trompe pas en nous rendant la monnaie, applaudit-on un chauffeur de bus qui ne nous emmène pas à un autre terminus ? Non ! Alors, pourquoi applaudir un pilote d’avion qui ne fait « que » son métier – métier à très haute responsabilité j’entends bien et que je ne minimise évidemment pas ?

N’est-ce pas vexant voire insultant pour ses 12 000 heures de vol ? Car ces applaudissements-là n’ont rien à voir avec ceux que d’autres émettent à l’issue d’un film alors qu’aucun de ses créateurs n’est là pour les recevoir ; ils n’ont rien à voir non plus avec ceux que l’on offre à des artistes en fin de concert quand bien même ceux-ci sont bien présents, ni avec ceux émis pour encourager des sportifs ou encore pour saluer le passage d’une personne admirée… Les applaudissements d’atterrissage sont uniques en leur genre : ils semblent conjurer une peur inconsciente de la catastrophe ou de l’incompétence – ce qui, dans ce contexte, revient presque au même – et ainsi être le fruit spontané et donc un brin mécanique d’un profond soulagement…

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Quelle question ! Couloir, bien sûr ! Mais non, hublot of course ! Je ne comprends pas que l’on puisse demander le couloir, sauf à avoir le vertige – auquel cas, prendre malgré tout l’avion reste un acte de bravoure -, ou des impatiences – il est plus facile de se lever ou de gesticuler en étant côté couloir que côté hublot… Donc, évidemment, lorsque vous arrivez à l’enregistrement à l’aéroport, vous faites de grands sourires à la personne qui réceptionne vos billets, vous vous montrez sympathiques, en vous disant que cela vous permettra peut-être d’avoir le hublot. Car le hublot, c’est un peu comme les dés, parfois on a de la chance et on l’a, parfois, il est pour celui qui vous suit ! Bien sûr, arriver tôt augmente la probabilité de se voir proposer le hublot, et encore. De plus en plus en effet, on nous permet – parfois moyennant finance, tous les moyens sont bons pour augmenter la note pour compenser les coupes sur les prix des billets du fait de la concurrence – de choisir nos sièges à l’achat même du billet. Forcément, les dés sont pipés lorsque vous arrivez à l’enregistrement ! Bref, le hublot est une sorte de récompense à un jeu dont on ne connaît pas toutes les règles. Le hublot est très subjectif. Enfin, son attribution.

Mais partons du principe que vous avez réussi à décrocher le précieux sésame, sans arriver aux aurores pour autant ni choisir vos places au préalable. Votre carte d’embarquement en main, avec votre place côté hublot – le bon, car il y a toujours un côté où c’est moins beau -, vous pensez que tout est gagné, que vous allez pouvoir profiter du paysage, découvrir la Terre vue d’en haut (y a-t-il un copyright ?) pendant tout le trajet. C’est oublier qu’à côté de vous, il y a la place du milieu et qu’à cette place, il y a probablement une personne frustrée. Une personne qui, comme vous, désirait le hublot… La place du milieu, c’est la pire. Non seulement, vous ne voyez rien. Enfin, ce que vous voyez est directement lié aux gesticulations de celui qui est au hublot et qui se tortille de bonheur sur son siège. Et vous ne pouvez pas déplier vos jambes dans le couloir non plus, puisque vous n’y êtes pas ! Non, au milieu, vous devez vous battre pour avoir vos deux accoudoirs. Toutefois, arrive parfois le moment où le milieu réalise qu’il suffit d’une toute petite phrase pour gâcher le plaisir du hublot. « Pouvez-vous baisser le volet s’il vous plaît, la lumière du soleil me gêne ! » Et comme vous êtes poli, vous acceptez de baisser ce ?:;!rgkf de rideau en pestant intérieurement tandis que votre voisin, le milieu, peut finir son vol en paix…

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