Etrangement, cet arbre caduque, somme toute assez banal, a été choisi par cette horde de sombres volatiles comme quartier général. Les piafs de la même compagnie en décollent et y atterrissent par vagues successives comme à Roissy un jour de grand départ. Cette concentration, irrationnelle pour un humain n’entendant rien aux choses aviaires, serait d’ailleurs presque inquiétante. Un effet inconscient des salles obscures sûrement ! Des images de Tippi Hedren effrayée, se protégeant bon an mal an des attaques inexpliquées d’oiseaux hitchcockiens, viennent en effet rapidement se superposer à cette vision qui pourrait passer pour bucolique si le ciel était bleu, la saison, estivale et si le cinéma n’existait pas. Mais les dés sont pipés : observer ces oiseaux renvoie instantanément au film qui, à son tour, impose, totalement consciemment cette fois-ci, un traitement de l’image photographique qui soit en adéquation avec son ambiance. La désaturation des couleurs est choisie pour accroître le sentiment de malaise, et par conséquent, la référence symbolique au thriller. Ainsi, cette photo ne peut-elle plus être autre chose que l’écho d’une image pré-existante et collective.