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Je n’ai jamais essayé de crier dans l’espace, pour la simple et bonne raison que je ne suis jamais allée dans l’espace autrement que par écran interposé ou conscience translatée – et il y a d’ailleurs de fortes chances que mon expérience intersidérale se limite à ces simulacres, lunettes 3D ou pas -, mais, à en croire l’accroche du mythique Alien, le 8e passager qui, à l’époque, avait fait beaucoup de bruit, et résonne toujours dans nos corps : « Dans l’espace, personne ne vous entend crier ». La remarque est d’autant plus superfétatoire que le film n’est assurément pas muet et que nous les entendons tous – Ripley, Ash, Dallas, Kane et les autres – cracher leur peur à pleins poumons. En revanche, sous la surface de l’eau, qui est une autre forme d’espace, les sons ont beau se propager à une vitesse quasiment cinq fois supérieure à ce qui se passe dans l’air, donc en moyenne à 1 500 m/s, on ne comprend pas forcément pour autant les borborygmes et autres rugissements bouillonnants émis avec force et impétuosité…
Nous pouvons, sans prendre trop de risque, déduire de l’existence de cette image, que les parents de ce petit gars, qui en est à son troisième tour consécutif de ce double tunnel de métal érigé par le maître en la matière, ne sont pas dans les environs. Car, aujourd’hui, il semblerait que les enfants n’aient plus le droit de se rouler dans le sable – ça incruste des grains dans les vêtements pour plusieurs générations et c’est gênant -, ou de courir dans l’eau – ça mouille les bottes et c’est gênant -, a fortiori, de sauter dans les flaques, qui plus est trois fois de suite ! En fait, aujourd’hui, il semblerait que les enfants n’aient plus le droit d’en être. Ce qui tombe plutôt mal car, devenus grands, ils en ont encore moins l’opportunité… Et ça, c’est vraiment gênant !
Le cliché, plus que séduisant, était à tenter : des faux de face et de façade face à des vrais, de dos et bas relief. Des anonymes en jean-basket face à des personnalités publiques, sous verre et intouchables, vivantes ou décédées, populaires ou contestées, politiques ou artistiques, réduites à une simple tête aux yeux percés, pour mieux y glisser les nôtres. Comme si cela suffisait à voir le monde comme eux, ou à se sentir étoile d’un jour et ainsi éprouver, de l’intérieur, une célébrité éphémère et mystifiée par les regards démultipliés des autres sur soi, enfin sur un soi d’emprunt. Ainsi ai-je déjà pu rencontrer la famille royale à Londres. Le sextuor, prenant son rôle très à cœur et très proche des petites gens, était objectivement drôle. Au même titre que peut l’être ladite famille. Je rirais nettement moins si j’étais amenée à partager la route de Vladimir Poutine ou celle de Kim Jong-un, fussent-ils en carton-pâte, et j’irais même jusqu’à me demander, presque pour les excuser, si leurs porteurs ne se sont pas lancé un défi artistico-sociologique : capturer les expressions faciales des personnes croisées au moment où elles prennent conscience de qui les regarde…
Enfonçons une porte ouverte : une photographie est une rencontre entre une scène extérieure et des préoccupations ou des intérêts personnels voire intimes. Parfois, plusieurs éléments sensibles convergent en une scène unique et, pour le preneur d’images, cela s’apparente un peu à une pêche miraculeuse. Encore faut-il, bien évidemment, ne pas se laisser submerger par l’émotion fulgurante de cette rencontre fortuite pour assurer l’image imaginée… Cette image peut d’ailleurs naître bien en amont, avec le risque que, dans le laps de temps s’écoulant entre ce que l’on pré-voit et ce que l’on s’apprête à photographier, les éléments se soient dispersés, et, avec eux, l’image espérée.
J’avais donc repéré cette silhouette recourbée et posée sur ce poteau une quinzaine de mètres plus tôt. Au même moment, je réalisais qu’elle était subtilement éclairée par ce lampadaire altier et fendant le ciel, et que, si je me mettais à tel endroit et à telle hauteur, l’un et l’autre se détacheraient sur la mer et le ciel en arrière plan, éclairés par les dernières lueurs de notre étoile préférée. Et qu’enfin, avec un peu de chance – il en faut toujours un iota -, personne d’autre ne viendrait s’immiscer dans ce face à face unilatéral. Le temps de parcourir ces 15 mètres, j’avais ainsi construit et fantasmé mon image, tout en accélérant un peu la cadence, pleinement consciente qu’il suffisait que le jeune homme descende de son piédestal pour que le charme s’effondre instantanément. Ce qu’il n’a pas fait… J’allais donc cueillir mon image… Sauf que je n’avais pas anticipé cette présence végétale à droite, que, pour des raisons de respiration verticale, je n’ai pas pu extraire du cadrage initial. Un intrus sur la forme et le fond qui dit cependant quelque chose d’essentiel : une photographie ne montre qu’une partie d’un tout, et ce tout commence justement là…
Admettons que nous gardions une trace de tout ce que nous avons vécu depuis notre naissance (voire avant), un peu comme un film en caméra subjective (notre paire d’yeux) bien planqué dans les arcanes de notre mémoire. Admettons encore qu’il existe un moyen de se « rendre » directement à une séquence ou un jour précis, un peu comme avec notre souris dans nos fichiers informatiques, sans avoir pour autant à se repasser le film de notre vie (ce qui peut prendre un certain temps en effet si le système n’est pas doté d’une fonction « avance rapide », donc réduire considérablement la partie de vie à ne pas revivre le passé, et par conséquent, obliger à s’interroger sur la pertinence à vouloir le faire malgré tout). Admettons toujours que nous puissions entrer dans une séquence particulière, non pas par le souvenir qu’elle en a laissé, mais bien en étant en mesure de l’expérimenter à nouveau, un peu comme si notre corps pouvait se dédoubler, ou se retourner, pour revivre réellement (mais intérieurement) la séquence. Et bien, aujourd’hui, assommée par cette chaleur inattendue, je serais volontiers retournée là, sur les bords de Crater Lake, car, quelques secondes après lui, je me suis également jetée dans cette eau bleu intense et surtout très fraîche et revigorante !
Toujours avoir un océan un tant soit peu agité à côté de chez soi pour pouvoir répéter ses classiques de trompette à pleins poumons sans craindre de se faire houspiller par des voisins peu mélomanes ! D’ailleurs, le pare-son fonctionne si bien qu’ils sont tout bonnement inaudibles. Espérons simplement qu’eux-mêmes s’entendent jouer…
Lorsque vous arpentez une ville avec un appareil photo en bandoulière, la probabilité de survenue de certains événements particuliers augmente drastiquement. C’est un peu comme lorsque vous fumez une cigarette en plein rue, il y a plus de chance qu’une personne ayant le tabac mais pas le feu vous interpelle pour que vous l’allumiez, la cigarette, plutôt que votre camarade de marche qui a décidé d’arrêter de fumer pile poil la semaine passée (ce qui fait de vous un ami pas très empathique au passage, mais c’est une autre histoire). Les informations que son cerveau a eu à traiter pour en arriver à cette conclusion ne sont pas très complexes : puisque votre cigarette est allumée, alors vous devez disposer de ce que nous appelons communément, un briquet. A défaut, des allumettes. Bien sûr, la probabilité pour que vous ayez vous-même demandé du feu à une autre personne qui fumait à une terrasse accompagnée d’un ristretto et d’un journal n’est pas nulle. Et ainsi de suite. Mais elle est faible.
Même chose avec l’appareil photo. En plus d’augmenter la probabilité que vous vous en serviez et donc preniez effectivement des photos, en avoir un autour du cou vous expose à certaines demandes, en particulier dans les lieux touristiques. Gestuelles parfois : un couple (ou trouple ou groupe) s’approche de vous, hésitant et souriant à la fois, vous indique son propre appareil photo puis un monument dans le champ (visuel), enchaîne avec des allers-retours de la main entre l’appareil, le monument (ou autre), eux et vous, avant de simuler une prise de vue avec l’index. Vous aviez compris bien avant cette ultime étape… Les demandes peuvent aussi être verbales : « Could you take a picture of us, please? ». Oui, souvent, les gens qui demandent à être pris en photo sont polis. Comme les joyeux lurons ci-dessus, qui m’ont vue me contorsionner au sol pour prendre de sombres et menaçants nuages que vous ne pouvez malheureusement pas admirer ici. J’en entends déjà plusieurs se dire : « Mais comment se fait-il que tu aies la photo si tu l’as prise avec leur appareil ? » (Oui, mes lecteurs peuvent me tutoyer.) Facile, mais pas systématique : une fois leur photo prise, je demande si je peux en prendre une pour moi, pour ma galerie personnelle d’heureux anonymes…
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Un tour du Soleil en duos : 6e année en cours
Pour (re)découvrir en un clin d’œil et sur une seule page les micro-histoires photographiques publiées en ces lieux virtuels :
- entre le 22/02/2010 et le 22/02/2011, voici Un tour du Soleil en duos…
A certaines heures de la journée, à certaines périodes de l’année, à certains instants de ciel dégagé, le macadam se peuple de formes difformes, allongées et parfois tronquées… Le spectacle ne dure que quelques minutes durant lesquelles la surface supplante le volume. La valse des ombres a sonné, indiquant toutes la même direction, celle du […]