« Je fais remonter l’information » me lance-t-elle très sérieusement au téléphone alors que je lui fais part d’un dysfonctionnement du service. N’est-ce pas étrange, comme expression, « faire remonter l’information » ? Comme si, pour l’heure, ladite information n’était qu’en bas. Est-elle tout simplement en train de me dire qu’elle travaille en sous-sol et que ceux qui sauront quoi faire de cette précieuse information sont à des étages plus élevés ? Et en quoi le fait d’être en hauteur les aidera à la traiter mieux qu’elle ? Mon information, je l’imagine déjà griffonnée sur un bout de papier, roulée en boulette – ce n’est pas un roman non plus – et mise en boîte par l’opératrice qui la pose délicatement sur un siège de remontée mécanique à informations, au côté d’autres boites, afin qu’elle soit récupérée, à l’issue d’un parcours assurément kafkaïen, par les hautes sphères décisionnaires. Et maintenant que mon information est bien remontée, j’espère surtout que personne ne se mettra en colère !
L’un d’entre vous aurait-il l’adresse postale du BED ? Pardon, le Bureau des Expressions Dépassées. Parce que je voudrais en soumettre une : Vivre d’amour et d’eau fraîche. On l’emploie habituellement – et parfois ironiquement – pour dire qu’il suffit de peu – d’amour et d’eau fraîche en l’occurrence – pour vivre, sans se rendre vraiment compte que l’un comme l’autre sont, de nos jours, des denrées potentiellement rares, donc convoitées, jalousées et que certains se font même la guerre pour avoir l’un et/ou l’autre.
L’amour d’abord. Croyez-vous vraiment que l’amour soit si facile à trouver ? Pourquoi, dans ce cas, le célibat augmente-t-il partout dans le monde ? Certains passent ainsi leur vie à le chercher, en vain ; d’autres, sans spécialement faire d’effort, le rencontrent toujours. Entre ces deux extrêmes, ça va, ça vient, à un rythme plus ou moins régulier. Quant à l’eau fraîche ! Là aussi, vraiment ? Alors que l’on parle désormais de l’eau douce comme de l’or bleu, que l’accès à l’eau est un enjeu majeur de notre siècle, et que près d’un tiers de la population mondiale n’a pas cette chance inouïe de pouvoir faire ce geste totalement anodin pour nous, tourner un robinet, pour voir s’en écouler de l’eau potable ? Bref, vivre d’amour et d’eau fraîche, c’est bien poétique, mais, même cela, en pratique, ça n’est déjà plus une évidence…
Cette expression, vous l’avez sûrement déjà entendue, voire même proférée vous-même, machinalement, comme souvent avec les expressions communes, et surtout, sans vraiment vous demander si elle avait un sens ou pas. En l’occurrence, « regarde moi dans les yeux » n’en a absolument aucun pour la simple et bonne raison que c’est physiologiquement impossible : nos deux yeux ne peuvent en effet pas regarder les deux yeux d’une autre personne, ils convergent forcément vers l’un ou vers l’autre, même si le fait de se concentrer sur le gauche ne nous empêche pas de voir le droit pour autant, et inversement. « Regarde moi dans l’oeil » serait donc plus correct scientifiquement, sans impliquer que vous soyez un cyclope pour autant, mais, j’en conviens, l’entendre débarquer dans une conversation serait assurément décontenançant…
Ces deux-là ne le sont assurément pas… Tout est en fait parti d’une conversation avec un chercheur en mathématiques québécois, ou plutôt un chercheur québécois en mathématiques. Il s’amuse d’une expression que je viens d’utiliser dans une phrase banale et que je crois naïvement universelle, tout du moins, partagée dans toute la Francophonie, cette entité aux frontières mouvantes où l’on s’exprime majoritairement en français. « Vous me faites rire, vous les français, avec cette expression ! On ne l’utilise pas du tout icitte. »
En l’occurrence, j’ai fait surgir une « personne lambda » dans la discussion dont j’ai oublié le contenu. Quand on y réfléchit un peu – ce qui est rarement le cas avec les expressions que nous avons totalement intégrées au fil des années et que nous employons sans plus nous interroger sur leur origine –, il est vrai que cela sonne étrangement. Une personne lambda. Une personne en forme de lettre, grecque qui plus est…
Vous me direz, ce n’est pas la seule de cet alphabet antique à être passée dans le langage courant. Je vous laisse sonder votre esprit une microseconde. Hop, c’est fini ! Il y a « l’alpha et l’oméga », qui en sont respectivement les première et dernière lettre. Et qui, logiquement, sont associées aux notions de commencement et de fin de quelque chose. Cette brève explication combinée à votre maîtrise de ladite « personne lambda » devrait vous donner un indice quant à la place de cette lettre dans sa famille… Plutôt moyenne. Quelconque. Sans réelle envergure ni signe distinctif. A peu près au milieu. Normale quoi ! Ce qu’est, par extension, une personne lambda, que rien, ni physiquement ni psychiquement, ne distingue particulièrement des autres, de la masse, un monsieur ou madame Toutlemonde comme on dit aussi. Que l’on invoque pour parler du citoyen moyen, ni plus ni moins, juste « de base ». Evidemment, la normalité est une notion relative, subjective autant que culturelle.
Cela nous ramène à ma toute première phrase, toute, toute, que je complète tout de suite : « ces deux-là ne le sont assurément pas, des personnes lambda ! ». A mes yeux d’occidentale, lambda dois-je le préciser ?, la rencontre visuelle avec ces demoiselles habillées en …, en …, en quoi d’ailleurs ?, sans qu’elles aillent pour autant à un bal costumé ou une soirée à thème, est assurément surréaliste. Dans les faits, il me suffit d’élargir un peu mon champ visuel pour en croiser d’autres, et même beaucoup d’autres, et, par conséquent, réaliser que porter des habits d’écolière, de soubrette ou d’infirmière, que se déguiser en personnage de manga – et pratiquer donc le cosplay, « costumade » pour nos cousins québécois – n’est pas si original que cela. Et que c’est même plutôt banal au Japon ! Moralité, le lambda de l’un n’est pas forcément le lambda de l’autre.
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