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En ville, concentrée sur les immeubles, les maisons, les bâtiments, je suis régulièrement confrontée à un problème photostentiel : les voitures ! Celles qui roulent, créant un premier plan disgracieux ; celles qui sont garées, tronquant l’appréciation des rez-de-chaussée voire premiers étages ! Dans les deux cas, cette présence métallique fait naître une question récurrente : comment cadrer ? Question d’autant plus vive si la juxtaposition visuelle des deux – voiture / bâtiment – semble créer un paradoxe temporel. Je m’explique : des voitures de 2011 dans les rues du quartier français de La Nouvelle Orléans, dont les maisons ont été érigées au 18e siècle. Bon, et bien, à mes yeux, ça jure ! Ni fait, ni à faire. Rien que pour cela, le quartier devrait être piétonnier, ce qui permettrait à ses visiteurs d’en apprécier la beauté surannée sans se contorsionner !
De fait, vaut-il mieux tronquer le bâtiment à sa base pour éviter l’enfilade de carcasses modernes et ainsi composer un plan, un peu bancal il faut l’avouer, à partir du premier niveau ? Faut-il faire fi de ces voitures, qui, après tout, font partie de ce monde et du présent, et les intégrer naturellement à la vue ? Et faut-il vraiment attendre, au carrefour, ces quelques secondes où le temps s’arrête, où le feu est encore rouge d’un côté et pas encore vert de l’autre, pour déclencher ? Malheureusement, c’est une vraie question. Photostentielle, donc c’est moins grave. Car, si aujourd’hui, ce décalage chronologique est gênant, il y a fort à parier qu’il ne le sera plus dans 20 ans. Ces voitures-là seront passées du côté de l’histoire, la grande, celle du temps qui passe, qui voit les êtres et les choses disparaître, et c’est l’ensemble qui deviendra alors documentaire – « Oh, elles étaient comme ça les voitures, avant ! » -, et, d’un certain point de vue, intéressant ! Mais, au présent, finalement, voiture ou pas ?