Et voilà, avec La lectrice, cela fait un an jour pour jour que j’ai initié ces petites rencontres quotidiennes entre une photographie et des mots, et vice versa. L’ordre dépendant des jours, de l’humeur, du temps… Au départ, il y avait donc une envie : celle d’exhumer des photos bien rangées dans des dossiers et de leur inventer une vie, courte ou longue. Puis un défi, ou une contrainte : le faire chaque jour, sans exception, pendant 365 jours. Le plus difficile, avec un site, n’est-il pas de l’alimenter régulièrement ? Alors, voilà, je lui ai donné à manger. Tous les jours. Même en vacances, en voyage, où dans des coins reculés où il fallait faire comprendre que poster ce duo était vraiment important, et de fait, réussir à trouver une connexion… qui marche…, même pendant Objectif_3280… J’ai essayé de le faire avec sérieux, toujours beaucoup de plaisir. Allez, avouons-le, il est certains jours, où à 23h32, j’aurais bien voulu dormir au lieu de commencer le duo du jour qui allait m’emmener à 1h du matin…
Mais une contrainte est une contrainte ! Et il est important de respecter ses engagements. Engagement auprès de qui ? C’est une bonne question, ce qui se passe derrière chaque écran m’étant totalement inconnu. Toc, toc, toc, y a quelqu’un ? Donc, engagement auprès de moi d’abord. Et, je me dis que c’est déjà pas mal. Et si certains ont fait de la lecture de ces duos un petit rendez-vous, qu’il soit quotidien, hebdomadaire ou épisodique, j’en suis sincèrement touchée. Merci à vous, ainsi qu’à ceux qui m’ont donné l’impression d’attendre le jour d’après pour savoir où il allait nous emmener. C’était extrêmement agréable ! Le ton que j’emploie ici pourrait faire croire que je vais m’arrêter là. A vrai dire, je ne sais pas. Une partie de moi se dit qu’il serait stupide d’arrêter en si bon chemin – ni les photos ni les histoires ne manquent et 365 duos, c’est un symbole, rien de plus -, une autre que ce serait l’occasion de passer à autre chose ou, du moins, de se donner plus de liberté… La réponse devrait arriver assez vite !
En attendant, depuis quelques jours, j’essaye de connecter tous les articles les uns aux autres, par le biais d’un mot. Un mot rouge. Ainsi sera-t-il possible, d’ici quelques jours – la tâche n’est pas aisée -, de passer les 365 duos en revue en partant de n’importe lequel d’entre eux. Si l’objectif n’a jamais été, au cours de cette année, de créer quelque chose de construit, de logique ou de suivi (dans le propos), mais de répondre à l’envie du moment, il en est de même pour ces filiations artificiellement créées quand bien même des associations d’idées – décidément très chères à mon esprit – les lient… Ce n’est, ni plus ni moins, qu’une invitation à (re)parcourir, d’une autre façon, un chemin qui a déjà été tracé…
Le défi, quand on s’impose – par pur plaisir je précise – de mettre un duo photo / texte par jour, c’est d’une, d’avoir des photos à exploiter – pas de problème de ce côté là -, deux, des choses à dire ou le temps de les dire – avec des hauts et des bas, il faut le reconnaître. Et trois, une connexion internet chaque jour, ce qui a été le cas depuis le 22 février dernier. Non sans mal parfois car depuis cette date, j’ai bien sûr eu l’occasion de découcher. Non sans passer pour une monomaniaque asociale de temps en temps aussi, car évidemment, « je dois faire ma photo du jour avant minuit ce soir » ne dit pas forcément quelque chose à tout le monde.
Et même après explication, l’importance de ne pas rater un jour n’est pas toujours intégrée à sa « juste » mesure, enfin, à la mienne… Bref, j’ai bien cru qu’aujourd’hui allait être celui de la rupture. Un hôtel dans la ville de Barbey d’Aurevilly sans Internet. Un espoir, le château de Crosville avec Internet. Mais en panne. Et, le pompon, aucun iPhone dans l’assemblée (si, si, c’est possible !). Enfin, j’y suis. Je m’apprête à publier ce duo d’un texte et d’une photo qui n’ont, a priori, rien à voir l’un avec l’autre. En apparence seulement car des grains de sable vus de très près peuvent rapidement devenir des montagnes…
Nouveau duo pris en flagrant délit de mimétisme sur un stand de fripes concluant les Puces du Design ! Celui-ci est sans doute même plus impressionnant que le cas des cosmonautes en tenue blanche que d’aucuns ont déjà baptisé de frères Bogdanov… Ces deux dames ne se connaissent pas. Séparées par un mur de robes, vestes, cravates et chapeaux d’un autre temps, elles ne se voient pas non plus. Elles ne parlent d’ailleurs même pas la même langue, ce qui ne transparaît pas ici mais permet de couper court à toute hypothèse de transmission de pensée.
Malgré tout ce qui les sépare, tout finit par les rapprocher. En premier lieu, ce goût des fripes, les portant à se vêtir d’ensembles légèrement surannés, mais bizarrement, tous deux tachetés (et non à jeter, pour les lecteurs rapides), l’une étant ancienne dompteuse de fauves, l’autre ancienne hôtesse de l’air. Peut-être ont-elles d’ailleurs partagé un vol vers le Kenya sans le savoir ! Bref… Ensuite, la synchronisation de leur mode de pensée et d’action face aux reliques présentées. D’abord, jeter un rapide coup d’œil à l’étal ; ensuite, repérer l’objet convoité et s’en approcher ; enfin, le saisir entre les mains en baissant légèrement la tête pour voir comment il s’accorde avec le reste. La suite n’a pas beaucoup d’importance (la dompteuse de fauves reposera le collier de perles et l’hôtesse de l’air sera rejointe par une collègue), mais la boite a enregistré ces quelques secondes de connexion involontaire entre ces deux inconnues, les unissant à jamais malgré une probabilité quasi nulle qu’elles échangent un jour volontairement. Comme quoi, nous ne sommes jamais vraiment très différents de nos voisins…
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