… un propriétaire de voiture peut, aux Etats-Unis, personnaliser sa plaque d’immatriculation. 25 $ très précisément. Ce n’est pas beaucoup, surtout si on convertit en euro, ce qu’ils ne font pas puisqu’ils sont Américains. Alors, à côté de BOB 1 (oui, encore lui), BOB 2, BOB 3 qui laisse subtilement entendre que Bob a au moins trois voitures, des CAR4U, ou encore des BOBANDME, il y a les philosophes, les auto-suffisants (ah, ah !), les poids lourds de la pensée.
Ainsi en est-il du conducteur de la voiture à laquelle appartient cette modeste plaque : POWER. Puissance donc, et pourtant, il ne s’agit pas d’une voiture électrique. Cinq petites lettres capitales qui dessinent instantanément et de façon caricaturale le bonhomme. Une femme ne choisirait pas ça, si ? Le mot, pas l’homme. Une masse, mélange de muscle et de graisse – la bière, c’est terrible ! -, des mâchoires carrées et souvent serrées – pas besoin de plus avec les onomatopées -, une assurance sans faille qui lui permet de clamer des énormités sans jamais avoir peur du ridicule. Le genre de type qu’un bon steak et des patates ravissent. D’ailleurs, il est éleveur et amateur de rodéo. Enfin, quand j’écris amateur, j’entends pratiquant. Power, quand même ! Il sait comment les mater, les bêtes ! Enfin, moins maintenant, à cause de la bedaine… La bière. Alors, pour s’occuper et faire travailler son bras gauche, il va au Casino de l’Etat voisin. Régulièrement. Il y a un jeu de rodéo dans le coin, là-bas. Il lui rappelle l’arène. Même s’il esquisse un sourire quand les lumières de la machine se mettent à clignoter, il a gardé son air rustre et patibulaire. Ah oui, et il a des poils sur le torse ! Ceci dit, je préfère l’humour, même involontaire, d’un power en grosses lettres, que le sérieux angoissant de prêcheurs motorisés se baladant en Mustang…