Premier néophotologisme commençant par un V a priori, mais il faudrait que je m’en assure. Et celui-ci me concerne directement – mais pas exclusivement ! – puisque vagamonder consiste tout simplement à vagabonder à la surface du monde par tous les moyens possibles et sans autre but que de se nourrir et de s’émerveiller de l’altérité, qu’elle soit philosophique, géographique, ethnologique ou anthropologique. Ainsi, je vagamonde avec un bonheur sans cesse renouvelé qui appelle au départ constant.
Il y a quelques mois ou plutôt années, je ne sais plus, j’ai réalisé que nous faisions des mathématiques en permanence sans nous en rendre vraiment compte. Personnellement, je n’ai rien contre elles, j’ai été élevée à coup d’équations à résoudre et d’inconnues à identifier – j’ai même fini par y prendre goût -, mais j’ai bien conscience que les mathématiques resteront à jamais un cauchemar pour beaucoup. La révélation m’est apparue en attrapant un banal carton dont je ne connaissais pas le contenu. Je me suis baissée pour le récupérer au sol et, étrangement, je l’ai presque envoyé au plafond. Que s’était-il passé ?
Inconsciemment, j’avais manifestement fait de savants calculs mathématiques en me projetant, dans un premier temps, sur un poids supposé du carton et, dans la foulée, en configurant ma force à déployer pour que je sois en mesure de soulever ce poids hypothétique. En d’autres termes, j’avais imaginé que le carton serait plein et mon corps s’était donc préparé, en amont, à hisser quelque chose de lourd. Au moment où j’ai réalisé que le carton était en fait vide, a fortiori, très léger, mon cerveau avait déjà échangé avec mes neurones moteurs et tout calculé pour commander les mouvements adéquats à mes muscles. Résultat : la force déployée était disproportionnée par rapport à la masse à finalement soulever, et le carton s’est quasi envolé. N’est-ce pas absolument fascinant ? Si, si ! Bien sûr, le carton n’est qu’un exemple, voire, qu’un mot. Et ce raisonnement vaut aussi pour des pierres et roches, qui, elles aussi, peuvent être trompeuses, ce que confirme toute rencontre avec du basalte vacuolaire…
Certaines questions se posent plus facilement selon que l’on se trouve dans telle ou telle zone géographique. Les Belges ont-ils réellement inventé les frites devant une assiette de moules à Bruxelles, les Italiens parlent-ils tous avec leurs mains alors que l’on s’égare à Florence, le tourbillon d’eau qui s’écoule d’un lavabo tourne-t-il dans l’autre sens en Australie par rapport à l’hémisphère nord tandis que l’on observe un kangourou faire des bonds, le Made in Taiwan a-t-il encore du sens quand on se désaltère avec un bubble tea à Taipei, les chameaux ont-ils une ou deux bosse(s) alors que l’on chemine en Afrique du Nord ?
Cette dernière interrogation fait écho au duo stalactite / stalagmite à propos duquel on finit toujours, surtout au fin fond d’une grotte, par se demander laquelle des deux part du sol ou du plafond. Fort heureusement, nos ancêtres les Gaulois ont trouvé un moyen mnémotechnique quasi universel pour s’en souvenir – j’écris quasi car je n’ai pas interrogé tout le monde, ce serait trop long et surtout inutile – : les stalagMites Montent et les stalacTites Tombent… Rien de plus facile !
Je croyais qu’une maxime équivalente existait pour les chameaux et les dromadaires, mais un rapide sondage de proximité m’a fait comprendre que cela n’était pas le cas, et que c’était même mieux puisque chacun avait mis au point sa propre stratégie ! Certains apprennent, tout simplement. Ceux-là existeront toujours, même si ce ne sont pas vraiment les plus drôles d’entre nous. D’autres se font un dialogue en totale autonomie : « Qu’est-ce qu’un chalumeau ? » « C’est un dromaludaire à deux bosses ! ». Jeu de question réponse qui permet à celle ou celui qui se la pose de se rappeler que le dromaludaire n’a qu’une bosse. (Entre nous, je cherche toujours le lien…) Il y a aussi ceux qui ont mémorisé que c’était l’inverse de l’ordre alphabétique : le plus près de A – le chameau – a donc 2 bosses (savoir réciter son alphabet sans erreur est un plus). Quant à moi, je me rappelle juste que « dromadaire » commence par un D comme Deux, mais que ce n’est pas un indice mais un piège… A fortiori, le dromadaire n’a qu’une bosse ! Logique non ?
Soit il s’agit là de deux pieds de palmiers continuant leur vie hors du cadre soit ce sont de grands balais de sorcière droits dans leurs baskets prêts au décollage. A ne pas confondre, lesdits balais, avec ces touffes végétales emmêlées et boursouflées ressemblant à peu de choses près à des nids d’oiseaux dont peuvent être atteints certains arbres. Fort heureusement, avoir des balais de sorcière accrochés aux branches est tout à fait inoffensif ! Mais je vois que vous êtes dubitatifs, que vous pensez que les balais de sorcière n’existent pas, tout comme l’histoire de William le fossilisé hier ! Et pourtant, c’est vrai ! Le balai de sorcière fait simplement partie de ces nombreux phénomènes que l’on voit sans connaître leur véritable nom. Il est 1h29 et je viens probablement d’apprendre quelque chose de quasi inutile dont je me souviendrai pourtant toute ma vie.
Je dois avouer un tropisme fort partiellement inexpliqué pour les villes fantômes, témoins évanescents d’une vie révolue, souvent menée dans des conditions extrêmement difficiles tout en étant chargée d’un fol espoir, celui d’une certaine richesse, promesse d’une existence plus douce.
Cette fascination m’a conduite à Port Jeanne-d’Arc à Kerguelen, Bodie en Californie, Kolmanskop en Namibie, et récemment à Humberstone au Chili, dans l’aride désert d’Atacama. Humberstone a été la plus grande mine d’extraction de salpêtre au monde, sortie de la poussière en 1872 pour s’éteindre définitivement au mitan du 20e siècle et entrer au patrimoine mondial de l’Unesco en 2005.
Ces cités abandonnées au temps qui passe posent souvent la délicate question de leur conservation à l’heure où elles se dégradent naturellement et deviennent aussi une destination touristique presque comme une autre. Question à laquelle je ne cherche pas à répondre mais dont je me fais l’écho, à ma manière, avec la série Humberstone – KNO3 – E252.
KNO3, ou nitrate de potassium, est en effet le nom chimique du salpêtre. Incolore et inodore, utilisé pour envoyer les fusées dans l’espace ou, plus terre à terre, dans les pâtes dentaires, il est aussi bien connu de l’industrie agroalimentaire qui l’exploite comme additif, le controversé E252. Celui-là même qui donne sa couleur rose à la charcuterie et permet de la conserver plus longtemps. De là à appliquer littéralement cette recette à l’envoûtante Humberstone, il n’y a qu’un pas chromatique que je me permets allègrement de franchir…
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Ne trouvez-vous pas que le désert porte bien mal son nom ? Car le désert, celui-là – avec ses reliefs amovibles, ses ondulations charmeuses, ses dunes enchantées, ses crêtes volatiles, sa houle sèche, ses empreintes chargées, sa végétation héroïque – est tout sauf désert. Il est simplement plein d’une vie différente.
L’achatine foulque est manifestement passé par là. Un exploit inattendu pour cet escargot géant venu d’Afrique entré récemment – et illégalement – sur les terres de l’oncle Sam – où on l’élimine méthodiquement – et qui n’avait, jusqu’à présent, pas réussi à franchir les frontières de la Floride. En revanche, ramper plus de 4 000 kilomètres pour se rendre en plein cœur de la Vallée de la Mort, qui détient toujours le suant record de la température la plus élevée enregistrée sur notre chère planète – 56,7 °C le 10 juillet 1913, le jour des 25 ans de Giorgio de Chirico qui préparait sa seconde exposition de peinture au Salon d’automne de Paris mais aussi de la publication d’un décret imposant des normes d’hygiène, de sécurité et de prévention des incendies dans les locaux de travail – n’était pas forcément une brillante idée ! Notre gastéropode va certainement en baver encore un peu avant de pouvoir prendre l’air…
Voyez-vous, tout au bout de la rue, la masse beige s’intercalant entre des palmiers et un poteau électrique ? C’est un bout de dune. De dune comme on en croise dans les déserts. Rien d’anormal en l’occurrence puisque cette ville, Arica, certes portuaire, est cernée, côté terre, par le plus aride d’entre eux, le désert d’Atacama. Et il faut croire que le Père Noël, bien planté là, n’en a pas vraiment peur. Ni de lui ni des coups de chaleur inévitables qu’il s’apprête à vivre en restant ainsi accoutré pour faire ses livraisons locales… Pourquoi une iconographie de Père Noël en short et débardeur n’a-t-elle pas émergé là où 25 décembre rime avec été ou chaleur torride ? Et comment continuer à y croire face à un tel manque d’adaptabilité et de souplesse d’esprit ?
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- entre le 22/02/2010 et le 22/02/2011, voici Un tour du Soleil en duos…
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