J’aime la Bretagne. Je ne connais pas tous les Bretons, mais tous les Bretons que je connais – et je ne parle pas que de ceux qui inscrivent Bretagne dans la case Pays de leurs formulaires administratifs -, où que l’on soit, ne peuvent s’empêcher, à un moment, de lâcher fièrement un « On a la même chose en Bretagne ! ». C’est un cran au-dessus du « ça ressemble à » du voyageur, qui, lui, fait des connexions entre les différents endroits qu’il a déjà visités sans les faire converger vers une destination précise. Que vous soyez à la montagne, au soleil (ah, ah…), au bord d’une mer chaude, le Breton trouvera toujours le petit mètre carré qui le ramènera en une micro-seconde à sa terre natale ou d’adoption, chez lui. C’est charmant voire, amusant. Ceci-dit, parfois, le Breton a raison, comme ici, à Bandon, sur la côte sud de l’Oregon. On se croirait sur un chemin des douaniers finistérien ! Voilà que je m’y mets aussi !
… est un photographe solitaire, ou plutôt qui admet que son plaisir est un plaisir solitaire qu’il n’a à imposer à personne. L’accompagner dans ses virées photographiques n’est donc pas forcément un plaisir partagé… Car, le chasseur d’images, comme tout chasseur qui se respecte (ou pas), est à l’affût. Et être à l’affût du détail, de la perspective, de l’inattendu prend du temps. Un temps passant vite pour l’appareillé mais devenant infini pour vous qui avez cru que c’était une bonne idée de répondre par l’affirmative quand l’autre vous a lancé : « je vais me promener sur la plage, tu viens ? ». Premier conseil : ne jamais répondre « oui » quand un photographe vous pose une telle question. Car, la balade sur la plage ou sous un pont, vous savez quand elle commence ; quant à savoir combien de temps elle durera, sachez que c’est une affaire qui vous échappera totalement et sera entièrement dépendante de la pêche iconique du jour. Seul le pêcheur est en effet habilité à décider quand il faut rentrer au port… Cette échappée temporelle peut donner lieu à de poétiques sarcasmes : « je ne pensais pas que l’on pouvait mettre aussi longtemps à parcourir si peu de chemin ! ». Et si ! Car le photographe peut rester une heure perché sur un rocher habité, sous un pont abandonné, ou à tourner autour d’une brindille striant le sable au gré des coups de vent. Le photographe est ainsi.
En plus de piétiner, d’attendre en vous demandant ce que l’autre a bien pu trouver à ce caillou et à cette tige asséchée – attention, je ne sous-entends pas que l’accompagnant du photographe manque d’imagination -, vous devrez répondre au quart de tour à des injections servies plus ou moins aimablement et faire le caddie : « Tu me passes le 50 s’il te plaît ? » (Euh, c’est quoi le 50 ?) « Le flash, vite ! » Il y a ainsi quelques formules dont il faut se méfier. En voici quelques unes : « Je vais sur le rocher là-bas, je reviens. » Phrase très très ambiguë : Terminator l’a aussi prononcée et il n’est revenu qu’au bout de plusieurs années ! Il y a aussi « Tiens, ça a l’air sympa là-bas, on y va ? » C’est « sympa » photographiquement parlant, ce qui peut être sympa objectivement (ah, ah) mais ce n’est pas une garantie ! Sans parler du « La lumière n’est pas bonne, il faudrait attendre un peu… » Et vous de tenter un « Mais le coucher de soleil n’est que dans 3 heures ! » « Oui, je sais ! On peut aller vers ces rochers en attendant, il y a des anémones ! » « Chouette ! »
Parfois, il vous faudra même poser. Un rôle 100% ingrat car, souvent, ce ne sera même pas pour vous prendre en photo vous particulièrement, mais simplement pour avoir une silhouette en contre-jour sur l’image. Non, vraiment, accompagner un photographe n’est pas une partie de plaisir, sauf à être vous-même un accompagnant avisé et à vous équiper d’un livre dont la lecture hachée n’altèrera pas la compréhension de l’histoire…
En pratique, toutes les photos figurant sur ce site sont en vente. N'hésitez pas à me contacter pour plus de renseignements !
Un tour du Soleil en duos : 6e année en cours
Pour (re)découvrir en un clin d’œil et sur une seule page les micro-histoires photographiques publiées en ces lieux virtuels :
- entre le 22/02/2010 et le 22/02/2011, voici Un tour du Soleil en duos…
Se hisser au sommet de l’Empire State Building à l’heure du goûter – c’est mon côté régressif -. Penser aux nuits blanches de Sam Baldwin et d’Annie Reed – c’est mon côté fleur bleue -. Se pencher vers le monde d’en bas – c’est mon côté casse-cou – dont l’écho s’arrête heureusement en chemin – […]