Quelle surprise en faisant défiler les images du jour pour un premier tri grossier ! J’ai cru me retrouver dans ce test vidéo de psychologie cognitive que j’avais « raté » à l’époque et dans lequel on demandait aux observateurs de compter le nombre de passes que se faisaient les joueurs d’une équipe en blanc (promis, je ne spoile pas mais j’invite ceux qui n’ont jamais réalisé ce test à vous rendre ici.) Bref, hier comme il y a 5 ans, je suis entrée dans un tunnel cognitif et ai fait preuve de cécité d’inattention ! J’étais en effet tellement concentrée à tenter d’isoler visuellement le duo colley / maîtresse aux chromies concordantes entre les incessants passages de badauds que je n’ai pas du tout vu passer le monsieur au premier plan avec ses ballons colorés ! Pourtant, ce sont évidemment eux que j’ai vus en premier quelques heures plus tard… Et évidemment, comme dans le film pré-cité, a posteriori, on se demande comment on a pu passer à côté de quelque chose d’aussi visible !
Les initiés comprendront instantanément, les autres penseront un moment à une étrange partie de bataille navale… Pour ceux-là, direction 1999. Faisons comme si une époque était aussi un lieu. Une partie de la population mondiale – ok, juste moi – découvre Compay Segundo, Eliades Ochoa, Ry Cooder, Ibrahim Ferrer, Omara Portuondo et quelques autres grâce au documentaire de Wim Wenders, Buena Vista Social Club, du nom du groupe de musiciens post-soixantenaires pré-cités qu’il suit, en réalité d’une mythique boîte de nuit près de La Havane fermée après la révolution cubaine. Je suis quasiment certaine que la simple lecture de cette dernière phrase a fait remonter des profondeurs de votre mémoire les premières notes de Chan Chan, de Silencio ou de Dos Gardenias, que vous êtes peut-être même en train de vous dandiner tout en partant en quête du compact disc que vous aviez acheté à l’époque pour l’écouter à nouveau avec une pointe de bonheur et une once de nostalgie de ce temps où vous étiez encore plein d’insouciance… La bande originale du film nous a en effet accompagnés et fait danser des mois durant, sans relâche et sans sensation de saturation. Ce petit miracle a récemment été reproduit avec Sugar Man de Malik Bendjelloul, qui retrace avec malice et un art certain de la manipulation, la vie de Sixto Rodriguez.
Si, comme tout le monde, j’ai évidemment été transportée par la musique en découvrant le film de Wenders, ce sont surtout les couleurs qui m’ont sauté aux yeux. Vives, contrastées, légèrement passées. Je suis immédiatement tombée amoureuse de cette manière de montrer et de rehausser la vie, quand bien même, en contrepartie, elle en effaçait les détails. Une question m’a alors taraudée pendant tout le film : est-il possible d’obtenir ces teintes en photographie ? En sortant de la salle les yeux pétillants, c’est la première que je pose aux spécialistes qui m’accompagnent. Elle résonne alors comme une question bête, triviale. Heureusement, la réponse est toujours plus importante que le ridicule, temporaire. « Oui, en faisant de l’E6 en C41 ! » Je n’y comprends strictement rien mais mon visage s’éclaire. Moi aussi, je veux faire de l’E6 en C41. Ou traitement croisé pour être moins barbare et encore. En somme, cela consiste à traiter une pellicule diapositive dans les bains chimiques d’un film négatif. Un autre monde assurément. L’adoption du procédé se traduit par trois recommandations : la scène à photographier doit déjà être contrastée, idéalement bien éclairée et colorée. Ainsi cette photo, qui vient donc de loin (pas dans l’espace, mais le temps), fait-elle partie de mes premiers essais en la matière… Aujourd’hui, il suffit de choisir le filtre adéquat sur son appli photo préférée pour obtenir le même résultat. C’est assurément très pratique d’avoir tout à portée d’index, mais, et je ne me sens pas rétrograde en pensant cela, je préfère de loin la magie de la découverte à l’ancienne… Sans elle, cette histoire n’aurait tout simplement pas existé.
En pratique, toutes les photos figurant sur ce site sont en vente. N'hésitez pas à me contacter pour plus de renseignements !
Un tour du Soleil en duos : 6e année en cours
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