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“Sur une branche, perchée avec…”, un rendez-vous quotidien avec un membre de l’échomunauté… Pause avec Adriana Cruz.
Quelle est la place de la photographie dans votre vie ? J’ai grandi dans une famille passionnée par la photographie. Quand j’étais enfant, par exemple, un laboratoire de développement avait été improvisé dans la salle de bain. Mais ce n’est qu’à l’école de graphisme que j’ai découvert ma passion pour l’image, mon goût pour la photographie d’un film. Pendant les cours, j’ai compris qu’il y avait autant de regards que de personnes et que chacun pouvait avoir une vision très différente d’un même environnement. Nous ne prenions jamais la même photo et nous reconnaissions tout de suite qui avait pris quelle photo. A l’époque, j’avais la chance d’avoir un bon appareil avec un bon objectif, cela me donnait une sensation de liberté, celle d’avoir une « loupe » vers l’extérieur. J’adorais développer mes pellicules et être la première à découvrir « mon œil », passer du temps à chipoter et fignoler le tirage. Tout cet univers me passionnait. Malheureusement on m’a volé mon appareil, et j’ai senti que j’avais perdu une partie de moi. Peu à peu, les obligations familiales et professionnelles m’ont éloignée de ma passion.
Les petits appareils numériques légers qui entraient facilement dans le sac à main ont ensuite fait mon affaire et j’ai mitraillé la famille, les amis pendant les fêtes, les voyages, sans me soucier de la composition… une espèce de prêt-à-photographier juste pour capter le souvenir du moment. L’année dernière, un de mes frères m’a offert un très bon appareil numérique semi-professionnel, et j’ai retrouvé le plaisir de composer une image ! Quel bonheur de retrouver cette sensation !
Quelle est l’histoire de cette photo (Entrée interdite, G6-16) ? J’aime cette image car c’est une de mes premières photos effectuées lorsque j’ai repris la photo ! J’étais à Panama City, ville en pleine croissance, qui conserve, près du canal, des vestiges de zones « occupées » par les Américain pendant près d’un siècle. Ce sont des endroits abandonnés qui ressemblent à des décors de studios de Hollywood.
Quelle association d’idée vous a poussée à choisir cette photo ? C’est la contradiction entre une porte d’entrée, qui mène quelque part, et l’interdiction de la franchir. La photo précédente montre de belles serrures et des poignées dorées, qui laissent percevoir ce qui nous attend une fois la porte franchie. J’aime beaucoup la netteté du premier plan en contraste avec le flou du fond. L’élément est beau en soi, mais on se pose la question de ce qu’il peut bien y avoir derrière qui soit si précieux pour en interdire l’accès.
Inès Sagiadinos sera la prochaine à se poser sur la branche, et pour le moment, la dernière…