Photo-graphies et un peu plus…

Il ne faut pas s’y méprendre, ce n’est pas parce qu’un écran nous sépare et que je ne sais pas où vous êtes précisément que je ne distingue pas votre mine dubitative. Certes, j’ai légèrement saturé les couleurs de cette photo mais promis juré craché, il n’y a aucun filtre : je n’ai fait que révéler le cercle chromatique qui, dans ce face à face étoilé, s’est intercalé, en sourdine, entre l’astre solaire et moi. Capturer ces halos concentriques irisés n’était d’ailleurs pas mon intention initiale à la prise de vue pour la simple et bonne raison que je ne savais pas encore que c’était possible. Vous voyez, je suis transparente avec vous ! Non, ce qui m’avait aimantée, comme souvent dans ces ambiances urbaines a priori froides et déshumanisées, c’est une présence humaine résiduelle. Là, accoudés au bastingage, dans une flèche de lumière, deux hommes dont la petite taille – tout à fait normale en réalité – comparée à celle des immeubles alentours rappelle à quel point nous vivons parfois dans des environnements qui nous engloutissent totalement. Impression d’écrasement intégré que ces vives couleurs viennent heureusement atténuer…

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Ces femmes au pied de la grotte s’apprêtent à vivre le moment que je préfère lorsque je prends le métro : en sortir ! Aucune ironie dans cette première phrase, hormis cas exceptionnels – la ligne de la poisse notamment -, je suis plutôt une fervente partisane de cette bruyante chenille ! On y lit, on y mange, on s’y observe, on s’y assoupit, on y révise ses langues étrangères, on y chante, on y danse, on s’y parle, on s’y bécote… Le métro, c’est un peu comme un travelling sans cut final sur la vie à l’état confiné où des personnes viennent interpréter un rôle de composition le temps d’une, de trois ou de douze stations avant d’être remplacées par d’autres qui partageront ce même souci d’authenticité.

Les entrailles d’une ville que l’on traverse sans la voir tout en sachant qu’elle pousse bien verticalement au dessus et que la vie y grouille aussi. Parfois, à quelques détails près, on sait exactement ce qui se trame et se trouve là-haut. Tel immeuble à tel angle, tel passage piétons ici, telle boutique en face, tel poteau sur ce trottoir, tel jardin public de l’autre côté du carrefour et ainsi de suite… On s’extirpe alors de l’obscurité sans s’émouvoir de quoi que ce soit. Ou si peu. Parfois, et c’est le plus captivant, on ne sait absolument rien de l’environnement dans lequel on va débarquer en s’extrayant du tube hormis le patronyme de la station qui nous révèle que l’on est arrivé et nos a priori. C’est la découverte totale et brutale, à la fois d’une ambiance, de la faune locale, de l’architecture, de sonorités particulières peut-être, de couleurs mais aussi d’odeurs potentiellement toutes différentes de l’endroit que l’on a laissé derrière soi… Que la surprise soit bonne ou mauvaise – donnant ainsi plutôt envie de rebrousser chemin -, sortir du métro en terre inconnue est, à mes yeux, la promesse d’un voyage en soi. A fortiori, un petit moment de bonheur.

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J’ai pris ce coquelicot esseulé en photo pour une raison simple : le rouge vif de ses pétales se détachant nettement du dégradé de vert à jaune de l’herbe à la paille, le tout sur fond de ciel bleu. Un véritable arc-en-ciel ! Ne vous inquiétez pas, vous n’êtes pas devenu achromate (à ne pas confondre avec acrobate) pendant la nuit : cette photo telle que vous la voyez est bien en noir et blanc.

J’ai préféré les lui ôter. Ses couleurs. Non sans une certaine hésitation je dois l’admettre car c’est bien leur cohabitation qui m’a poussée à déclencher et donc à faire que cette image existe. C’est un peu comme si vous commandiez une boule de glace à la fraise parce que c’est votre parfum préféré, et qu’une fois le cornet entre vos mains, vous vous disiez : « finalement, j’aurais préféré la vanille ». A un détail près : vous aurez beau faire appel à Oudini, votre glace à la fraise ne pourra pas se muer en une glace à la vanille. En revanche, un banal logiciel de retouche photo fait basculer votre image d’un monde à l’autre et même inversement (preuve qu’aujourd’hui, la magie est ailleurs…).

Et voilà que dépouillée de ses rouge, vert, jaune, blanc, bleu, la photo perd la légère allégresse qu’elle dégageait, son âme bucolique, son côté gnangnan aussi, elle se fait plus grave, gagnant à la fois en mystère et en étrangeté. Tout d’un coup, on se met à douter de son authenticité, on imagine un trucage, un montage, un effet de post-production… Quelle autre raison en effet à rendre flou le sujet principal de sa composition, état de fait qui s’impose d’autant plus qu’il n’y a pas de couleurs pour détourner l’attention ? Une remise en perspective, qui, à mes yeux, vaut bien quelques couleurs…

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