Photo-graphies et un peu plus…

Aucune ville n’est parfaite, pour la simple et bonne raison que la perfection n’existe pas. Et puis, heureusement, car si cette ville existait, tout le monde voudrait y vivre. Cela ferait monter les prix de l’immobilier, s’y loger deviendrait impossible hormis pour les plus nantis. La ville perdrait alors son qualificatif de parfaite pour le troquer par celui de ghetto. Et puis, même si la perfection existait, il faut être conscient qu’elle n’attire pas tout le monde. Bref. Certaines villes, donc, se rapprochent néanmoins de cette perfection, ce qui n’a aucune valeur universelle pour autant mais est simplement le sentiment totalement subjectif qu’une personne pourrait ressentir en vivant dans telle ou telle ville, et en réalisant qu’elle cumule un certain nombre des critères qu’elle a listés comme essentiels pour sa ville d’élection, ou du moins, rêvée.

Une des limites, connues et avérées, de Vancouver par exemple est – certes la pluie mais, comme on ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs, on n’a pas une nature verdoyante sans un peu de précipitation -, son relatif désintérêt pour la culture, au profit du outdoor, des activités sportives, du plein air. C’est vrai, les premiers temps, on transpire à force de voir des gens courir, pédaler, ramer, surfer, courir, je sais, je l’ai déjà écrit, mais ils courent vraiment beaucoup… Et puis, on finit par prendre le rythme, comme si c’était contagieux. On se voit en train de courir le long de la mer alors que l’on s’était juré de ne jamais courir après rien, on s’achète un vélo et on part à la conquête de la ville. La culture donc, c’est ce qui ressort quand on compare l’est et l’ouest, Vancouver et Montréal, connue pour son dynamisme en la matière. La tête et les jambes ? Cela n’empêche pas les québécois de faire du sport, et de vouer, comme leurs lointains voisins mais néanmoins compatriotes, ou plutôt comme tout canadien/ne dès les premières heures de sa vie, un culte sans borne au… hockey. Le fameux hockey sur glace, ou sur bitume dès lors que la glace a fondu ou n’a jamais pris. Ce n’est pas un mythe.

C’est un peu comme le foot en France un soir de finale de coupe du monde qu’elle jouerait mais en dix fois plus hystérique. Les canadiens pensent, vivent, boivent, mangent, dorment, s’habillent hockey et cette adoration dépasse les classiques questions de genre, d’âge, de sexualité, d’origine… Deux exemples pris sur une liste imaginaire qui en comporterait des centaines : un récent soir de match de l’équipe locale – les Canucks -, une immense toile de probablement 4 m sur 10 m pendait côté arrivée de la tour de contrôle de l’aéroport international de la ville avec un immense : Go Go Canucks !  Vous imaginez les gars de la tour de contrôle de Roissy accrocher un énorme drapeau « Allez, allez le PSG ! » ? Non ! Ici, c’est possible. Espérons simplement qu’aucun avion n’arrivait de ce côté là ! L’autre exemple ? Temps de pique nique sur la plage, après midi qui joue les prolongations. Mais il y a match ce soir. Dilemme ? Rentrer chez soi, rester ici ? Les deux mon capitaine en installant le salon avec écran plat et sièges sur l’aire elle-même ! Comme ça, après le match, on peut reprendre la partie de volley à côté ! Ainsi, si vous trouvez que la ville est anormalement vide et silencieuse à certaines heures de la journée, c’est sûrement qu’il y a un match en cours. C’est alors le moment pour tous ceux qui n’y entendent rien – mais il n’y en a pas beaucoup il faut l’admettre et je doute qu’ils s’en vantent d’ailleurs – d’aller magasiner : il n’y aura personne aux caisses et l’affaire sera réglée en moins de 2… Evidemment, vous croiserez une espèce particulière de Vancouvérois, dont les caissiers/ières d’ailleurs, portant un T-shirt Canucks. Marketing parfait quant à lui puisqu’il y en a pour les hommes les vrais, les femmes les vraies, les enfants, les bébés et même les chiens (à vérifier, sinon, je lance le business (ça y est, je me nord-américanise !). Etant donné que c’est peut être la deuxième passion du pays, ce qui semble tout à fait logique compte tenu de l’espace, je ferais d’une pierre deux coups !)… C’est donc tout naturellement que cette sirène (oui, tout ça pour ça) accueillant les visiteurs de la ville a été habillée de la tenue officielle de l’équipe et équipée d’une crosse… Voilà comment Vancouver se réconcilie avec la culture ! Ce qui pourrait être le mot de la fin, mais non… car la sirène, au naturel, est elle-même un détournement sportif de la sculpture de la Petite sirène de Copenhague… Si vous regardez bien, vous verrez que celle-ci, en tenue de plongée (si, si) porte des palmes… Et ce que cache sa casquette n’est autre que son masque de plongée ! Cet humour, ça doit être culturel !

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(English version below >>> scroll down please)

Et voilà, c’est parti pour la 2e édition d’Objectif_3280 ! Les 300 personnes vivant dans 32 pays (si, si) ayant participé à la 1re mondiale (oui, oui) de décembre savent de quoi je parle. Pour les nouveaux, un petit récap… Objectif_3280 est une expérience artistique collaborative inédite et utopique à laquelle j’invite tout le monde à participer ! Cette ouverture est l’essence même de ce projet et la raison pour laquelle les règles de cette 2e édition ne changent pas : je souhaite que chacun se sente libre de monter à l’arbre sans être bloqué par une contrainte trop forte que je pourrais imposer. La 1re édition a généré naturellement des histoires merveilleuses – non, non, ce n’est pas démagogique ! – et je suis sûre qu’il en sera de même de celle-ci ! Qui sait comment le cerveau fonctionne ?

Bref… Je me concentre… Un peu à la manière d’un cadavre exquis, il s’agit d’ériger, sur 8 générations et en 26 jours, un arbre écho-photographique – cette formulation sied mieux au projet – à 3 280 feuilles. A chaque photo postée par l’un ou l’autre sur cette planète bleue, 3 échos sont possibles. Lors de la première édition, nous avons pu collecter 1 404 photos toutes liées les unes aux autres par des associations d’idées.

Donc, je poste la première photo (celle ci-dessus – choisie pour les nombreuses pistes sur lesquelles il est possible de rebondir), vous inventez la suite ! Nous découvrons les histoires de l’écho-munauté en direct sur www.loucamino.com !

Plus les jours avanceront, plus le nombre de photos nécessaires pour faire pousser l’arbre sera grand. Participer est une première étape nécessaire mais pas suffisante : il faut relayer l’information à vos amis, les vrais, à votre entourage, à vos « amis », vous savez, les bleus, à vos réseaux, en gros. J’écrivais plus haut que les photos sont arrivées de 32 pays différents. C’était inespéré… Et évidemment, comme nous vivons dans une société où l’on en veut toujours plus, nous visons plus large encore pour cette nouvelle édition.

Si tout cela vous semble un peu obscur, si vous êtes déjà conquis, si vous voulez en savoir plus, si vous voulez vous lancer dans l’aventure, vous êtes au bon endroit ! Les entrées sont multiples : via le cadre rouge à droite, dans le menu au-dessus, en cliquant sur la photo ou là directement.

Alors, merci d’avance pour votre collaboration ! Nous tenterons cette fois-ci de transformer l’essai en exposition !

Objectif_3280 : une idée originale de Lou Camino développée par Coralie Vincent.

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Hi everybody,

Here we are: the second edition of Objectif_3280 is now open! The 300 persons living in 32 countries (yeah, yeah) who participated to the first edition in the world (yeah, yeah…) in December know what I mean. For the beginners, here are some explanations… Objectif_3280 is an unheard-of and utopian collaborative artistic experience to which I invite everyone to participate. This is the essence of this project and the reason why the rules are unchanged: I want everybody to feel free to climb the tree without being stucked by a too strong constraint I would impose. The first edition generated naturally great stories – no, it is not demagogic! – and I am sure it will be the same thing for this edition. Who really knows how brain works?

So… Focus… In the manner of an exquisite corpse, the aim is to erect, on 8 generations and 26 days, an echo-photographic tree – I do prefer this formula – of 3 280 leaves. There are three possible echoes for each picture posted from anyplace in the world. With the first edition, we gathered 1 404 pictures all related to each other by association of ideas.

So, I post the first picture (the one above). You invent the next ones. We discover the stories of the echo-munity live on www.loucamino.com

With days – and time goes by so fast -, the need of pictures to make the tree grow increases drastically! So, your participation is great but not sufficient: you have to share the information with your friends, the real ones, with your « friends », you know, the blue ones, with your networks! I precised above that pictures of the first edition arrived from 32 different countries. That was unhoped-for. And of course, as we live in a society where we always want more, let’s dream: I want more for this second edition.

If this looks strange to you, if you are already an appreciative audience, if you want to know a little bit more, if you want to participate to the adventure, you are at the right place! Or, you can enter through the menu above, the red frame on the right, the picture itself or just here.

Thanks in advance for your collaboration! And this time, the goal is also to propose an exhibition…

Objectif_3280, an original idea of Lou Camino, developed by Coralie Vincent.

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Vancouver me fait parfois penser à un enfant ou un animal (de compagnie) – non, je ne mets pas les deux au même niveau – qui ferait une bêtise digne de mériter une sévère punition, qui en serait conscient et qui, suffisamment intelligent, saurait aussi, d’une élégante pirouette – une moue adorable, une parole incongrue, un câlin irrésistible – renvoyer toute tentative d’autorité du dit adulte ou maître aux oubliettes.

Mais quelle bêtise a bien pu faire Vancouver ? La ville a volé la pluie des autres, convoqué un gigantesque pow-wow de nuages de tous horizons au dessus de sa tête, et leur a intimé l’ordre de se presser un peu. Alors que certains paradent sous 30°C depuis des mois pour le meilleur (le plein de vitamine D pour des années) et pour le pire (la sécheresse fatale aux agriculteurs) invoquant les faiseurs de pluie les plus reconnus, projetant d’utiliser quelques pétards pour donner une telle frousse aux cumulonimbus qu’ils en fassent pluie-pluie, nous devons supporter les abus de pouvoir de cette ville.

Elle sait que quiconque en foule le sol en tombe littéralement amoureux, que la pluie – un peu trop récurrente – fait douter ses habitants quant à leur capacité à la supporter à long terme, alors, quand, elle nous sert un crachin dès le petit déjeuner ou, des trombes d’eau au dessert agrémenté d’une sauce de grêle pendant deux bonnes heures, elle sait qu’il suffit de quelques rayons de soleil bien sentis pour réconcilier tout le monde et provoquer une amnésie générale.

Evidemment, le tort, en ces circonstances chaleureuses, serait de croire que la chose est acquise. Que c’en est fini de la pluie pour la journée. Et c’est d’ailleurs sur l’un de ces troncs bancs disséminés régulièrement sur les plages que j’ai écrit les mots qui précèdent. Et pourtant, après deux heures de répit, des gros nuages gris sont venus assombrir le ciel, et le doute s’est à nouveau emparé des esprits. Cela a commencé gentiment par de grosses gouttes de pluie entre lesquelles il était possible de passer, et puis, petit à petit, le rythme s’est accéléré, la taille des gouttes s’est réduite et la pluie a mouillé tous ceux qui étaient sortis pour profiter du soleil. Et à nouveau, Vancouver s’en sort à merveille : le spectacle de ces gouttes jouant au tam tam sur la surface de l’eau, de la montagne disparaissant dans le grain, de ces rayons de soleil réussissant à percer et de ces amateurs de paddle surpris par l’assaut aqueux est magnifique… Et la ville, en pleine forme, pousse même le vice jusqu’à tenter quelques notes d’humour : sur le chemin du séchoir, alors que je dégouline de partout, je tombe nez à nez sur une affiche de concert : des places à vendre pour Supertramp !! Et, pour parfaire le tableau, je n’ai plus de batterie et ne peux donc capturer ce qui aurait pu être l’image de fin. Et hop, une « petite » PPF… Allez, Vancouver est vraiment une ville très très agréable à vivre !

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Sourire volontairement à un(e) inconnu(e) arrive parfois, en dehors de tout contexte de séduction. Je précise « volontairement » car parfois, perdus dans nos pensées, nous nous mettons à sourire sans nous en rendre compte, ce qui peut être source de malentendu pour toute personne croisée à ce moment précis. Cette dernière peut en effet prendre la marque de sympathie pour elle, et, selon son humeur, y répondre de la même manière en pensant – « ils sont sympas dans cette ville ! » – ou l’ignorer en se disant – « mais pourquoi est-ce qu’il me sourit ? c’est à moi qu’il sourit ? j’ai un bout de salade coincé entre les dents ? ». Dans ce cas, il s’agit d’un sourire involontaire dont le porteur est bien incapable de mesurer les conséquences.

Revenons au sourire volontaire que l’on peut interpréter comme un témoignage de soudaine et éphémère complicité. Les circonstances dans lesquels il peut survenir sont très particulières. Par exemple, lorsque deux personnes, chacune de leur côté, viennent d’assister à un spectacle naturel à couper le souffle – au hasard, un intense arc-en-ciel sur une ville éclairée par la lumière dorée rasante d’un soleil faisant sa révérence, le tout sur un fond d’atmosphère électrique, alors que, de l’autre côté, un grain saisit l’horizon lumineux -, et que, une fois le rideau baissé, repues de bonheur et de satisfaction, elles reprennent leur route, redescendant progressivement sur Terre, et se croisent. A cet instant précis, les yeux encore pétillants et le cœur tambourinant, elles sont incapables de ne pas s’échanger d’abord un regard, puis un sourire. Ce sourire béat de celui qui a conscience de sa chance et qui murmure : « C’était magique, n’est-ce-pas ? » « Oui ! » répond l’autre dans sa tête comme si l’une pouvait entendre… Comme le miel sur les doigts, ce sourire reste accroché au visage pendant plusieurs minutes encore, alors que vous êtes déjà loin de la scène. Et c’est alors que vous remarquez qu’une personne arrivant en face de vous, vous regarde étrangement. En fait, elle vous sourit… Mais pourquoi donc ?

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Fin de vacances rime souvent avec recherche de cadeaux pour ceux qui sont restés là-bas, au pays. Une petite attention, pas grand chose, juste pour montrer que vous avez pensé à eux quand vous sirotiez votre cocktail de fruits frais tout en regardant le soleil se coucher sur l’horizon ou derrière les montagnes aux sommets blanchis par les neiges éternelles…  Autant le dire tout de suite, la recherche de la petite babiole qui fera plaisir n’est pas toujours une partie de plaisir. Non que, au fond de vous, vous n’ayez pas envie de ramener de spécialités locales et que ce soit par pure convention ou politesse que vous cédiez à cette tradition (c’est aussi possible, il ne faut pas se leurrer), mais plutôt parce que le petit souvenir anodin relève souvent d’un tel kitsch que vous n’oseriez même pas vous l’offrir ! A moins d’avoir des amis très ouverts d’esprit, vous savez en effet pertinemment qu’après vos retrouvailles et la transmission du dit « oh, ce n’est pas grand chose mais bon », la première question qu’ils se poseront sera : « Mais que va-t-on faire de ce truc ? Même sur e-bay, personne n’en voudra ! ». Bon, vous me direz, à ce stade, ce n’est plus votre affaire. Et ramener l’objet le plus immonde possible pourrait même être un jeu amusant – une joie que vous seriez seul à savourer évidemment – s’il n’était d’abord stupide et inutile…

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Changer de « maison », autrement dit, déménager, n’est pas toujours simple. Tout dépend évidemment des raisons qui sont à l’origine du départ, mais, quoiqu’il en soit, c’est s’extraire d’un endroit que l’on connaît et maîtrise, où l’on a ses marques et ses repères. Un endroit où, si l’on entend un léger couinement pourtant indéfinissable par toute personne extérieure, on sait pertinemment qu’il vient de la quatrième latte du plancher du couloir qui n’a jamais été très bien fixée, et qui a tendance à craquer la nuit venue, alors que la température ambiante diminue… Arriver dans une nouvelle maison implique de tout reprendre à zéro, de trouver de nouveaux repères, d’être à l’écoute de la personnalité du lieu pour s’en faire un allier. C’est-à-dire, une place où l’on aura plaisir à vivre et à demeurer.

C’est un peu la même chose lorsque l’on change d’appareil photo après avoir baladé le même pendant des années. D’abord, on emporte les deux appareils, l’ancien et le nouveau, tout en continuant à n’utiliser que l’ancien. Il est encore trop tôt. Puis, petit à petit, on alterne une photo avec le nouveau, une autre avec l’ancien. On se convainc que telle image s’y prête mieux. De plus, on est encore persuadé que l’ancien fait mieux… Et puis, on finit par se lancer. On laisse l’ancien au placard en lui disant que l’on ne l’oublie pas pour autant, celui-là même que l’on chérissait, que l’on connaissait par cœur et dont on pouvait prévoir toutes les réactions, pour ainsi donner l’opportunité au nouveau de se faire sa place. Il le faut. On s’appréhende, on apprend à se connaître, à se lier l’un à l’autre. Cela commence donc par la prise en main, par la façon dont on va enrouler la lanière autour de l’avant bras pour faire corps avec lui… Toujours de la même manière… Et puis, viennent les tests… Comment réagit-il quand on le met dans telle ou telle condition ? Pourquoi cet horizon n’est-il jamais droit alors qu’il semble l’être dans le viseur ? Combien de temps lui faut-il pour déclencher ? Pourquoi cette bague de mise au point manuelle ne butte pas  l’infini ? Cet apprentissage, un réel apprivoisement en réalité, prend des mois… Et parfois, après une nième mise à l’épreuve, on se dit que l’on est dans la bonne direction et que l’on s’est peut-être enfin compris…

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