Photo-graphies et un peu plus…

Toujours au cours de cette fameuse balade portuaire… Une nouvelle espèce de denrées – faut-il le préciser, de luxe – a fait son apparition à fond de cale : des petites formes ouatées, généralement blanches, qui, au naturel, se baladent nonchalamment dans le ciel comme si elles y étaient chez elles et s’effilochent en quelques minutes, voire quelques heures pour les plus résistantes. C’est là que réside toute la difficulté de l’opération, et, en même temps, tout l’intérêt pour les manœuvres de tripodes les plus agiles qui viennent de tout le pays pour se frotter au défi ! Il n’y a que très peu d’attrape-nuages dans le monde. C’est un peu comme les Maîtres Laquier au Japon désormais érigés en Trésor National Vivant. Ceci dit, le transport de nuages, qui a connu ses plus beaux jours dans la deuxième moitié du 19ème siècle, tend à disparaître…

Une question de rentabilité essentiellement et de l’échec retentissant des ruses classiques des  armateurs d’aujourd’hui pour l’augmenter. Cela remonte à la fin des années 90. Malgré les réserves de certains, ils ont commencé à mettre de plus en plus de nuages dans les cales… Les trois, quatre premiers trajets – assez courts – se sont bien déroulés. C’est ensuite que les premiers bateaux ont commencé à chavirer. Les nuages étaient trop à l’étroit dans les bas fonds, trop condensés… Impossible de tenir dans cet état, ils finissaient tous par se transformer en pluie, augmentant considérablement le poids du bateau, dès lors incapable de continuer à flotter ! Les marins avaient beau écoper, les plus chanceux se sont retrouvés à l’eau à déclencher leur signal de détresse. Certains ont alors eu la chance de voir un spectacle extraordinaire : la re-formation des nuages, recomposés en d’autres formes, et leur évasion vers des cieux plus contemplateurs…

Share on Facebook

category: Actus
tags: , , , , ,

Navigation portuaire… D’immenses paquebots, de gigantesques blocs de tôle baignent dans les eaux limpides du port de Senglea aux côtés des bras articulés, de conteneurs empilés, de tas de ferraille emmêlés… Pas âme qui vive sur les quais ou si peu. Et puis, là, comme par enchantement, une petite tâche de couleur se détache de la coque perforée d’un navire à câbles voire accablé… Un homme,  en rouge de travail, est paisiblement assis sur une barre, un livre posé entre les mains. Un sursaut d’humanité. Une fenêtre sur le monde extérieur. La mécanique démantelée. Il est bon de pouvoir trouver un endroit à soi, où que l’on soit, pour pouvoir respirer et se ressourcer loin du regard des autres. Enfin loin, pas toujours…

Share on Facebook

Absolument pas ! Authentique relique britannique en plein cœur de la Méditerranée, sur une île anciennement annexée par l’Empire qui y a laissé quelques habitudes… Ses très symboliques cabines rouges donc, ses petits déjeuners bacon-œuf-haricots rouges, mais aussi sa conduite à gauche, sans le flegme qui lui est, sous d’autres latitudes, attaché.

Le duo subtilement éclairé formé par cette cabine, posée au beau milieu de la placette devant le tronc d’un arbre aux branches protectrices, et ce banc vert en fer forgé fraîchement repeint, accueillant, semble tout droit sorti d’un musée à ciel ouvert… On tourne autour sans vraiment pouvoir l’approcher. Une certaine solitude s’en dégage. Nostalgie peut-être. La cabine, qui permet de garder un lien avec des personnes éloignées ; le banc, qui, à l’inverse, unit les êtres déjà proches. Aujourd’hui, on les dirait abandonnés. Leurs couleurs vives les inscrivent encore dans le présent, mais la distance qui nous sépare d’eux transforme le tableau en photographie tirée d’une époque ancienne…

Share on Facebook

La nuit venue, les immeubles de verre qui, la journée, laissent entrer la lumière naturelle et protègent leurs habitants des regards indiscrets, se muent en une montagne d’aquariums posés les uns au dessus des autres  transformant les hommes en de petits poissons tournant autour de lumières artificielles…

Share on Facebook

Certains reviennent de leurs voyages avec des photos de vacances… De mon côté, je réalise que, de plus en plus, je m’extrais de mon sommeil assaillie de photos de rêve. Pendant les quelques minutes suivant mon réveil – ensuite tout s’évanouit – je me souviens m’être baladée dans des contrées imaginées, amalgame de paysages connus et irréels, allant à la rencontre de parfaits inconnus ou d’avatars d’anciennes connaissances. Toujours avec l’appareil en bandoulière, déclenchant là où je le ferais s’il s’agissait d’un véritable voyage… Il arrive que ce tourisme de mon inconscient me fasse remonter le temps… Et jusqu’à aujourd’hui, c’est toujours vers le passé que je me suis tournée… Un passé que je n’ai pas vécu pour autant… Mais là n’est pas le plus curieux ! Il y a quelques jours, en transférant mes photos du jour sur mon disque dur, l’opération a subitement été stoppée. Certaines images bloquaient… J’ai finalement réussi à les extraire de l’appareil… Comment dire…  J’avais  comme une sensation de déjà-vu, mais aussi la certitude de n’être jamais allée là « en vrai »… Impossible ! Tout dans l’image relevait du passé, les couleurs, les vêtements, les coupes de cheveux, les enseignes… Puis j’ai compris : mes photos de rêve devenaient réalité…

Share on Facebook

Etapes de vols imperceptibles à l’œil nu saisies par l’extension de mon regard. La photo, qui enregistre parfois le mouvement, peut aussi le capturer, le stopper net, comme si elle avait le pouvoir d’arrêter le cours du temps pour nous montrer ce que nous ne sommes pas en mesure de capter en temps réel. Comme si un simple clic-clac nous ouvrait les portes d’un autre niveau de réalité. Tout semble alors immuable. Cela donne à cette image une impression insensée, quasi contre nature.

Des oiseaux, des pigeons pour être juste, chacun figés à une phase différente de leur vol, formant un ensemble erratique dans le ciel, convergeant malgré tout vers un unique et même but : attraper ces quelques miettes de pain jetées à la volée par un généreux maltais. On pourrait croire qu’ils ont été posés là, juste pour l’image. Mais posés sur quoi ? On s’attendrait presque à les voir tomber, comme s’ils se réveillaient subitement d’un doux rêve dans lequel ils se seraient échappés des vitrines de la maison Deyrolle. Tout est en fait parfaitement maîtrisé, tout est en fait parfaitement normal… Et le vol, n’est-il pas ce chemin parcouru pour atteindre un objectif fixé, enchaînement de pas dont on n’a pas toujours conscience et rendus invisibles par notre impatience, mais qui existent bel et bien ?

Share on Facebook