Photo-graphies et un peu plus…

J’ai appris un nouveau mot aujourd’hui : DITO. En majuscule. Pour dire idem et éviter de répéter quelque chose qui vient d’être dit. Sitôt cette définition absorbée et sans que la raison de la connexion à venir se présente spontanément, cela fait TILT. En minuscule, ça marche aussi. Ce « dito » utilisé ici dans un contexte professionnel me ramène des années en arrière, dans une salle obscure, devant le film de Jerry Zucker, Ghost, dont la musique de Maurice Jarre hante encore l’esprit des âmes sensibles…

Ghost qui a donné, à tous ceux qui l’ont vu, une toute autre image de la poterie, nous a fait aimer les lofts new yorkais, interpréter les courants d’air différemment, et voir d’une toute autre manière les personnes s’approchant d’un peu trop près des trains qui passent sans s’arrêter… « Delo », c’est ce que j’entendais dans la bouche d’une Molly larmoyante, comme réponse de Sam à ses « Je t’aime ». Rappelez-vous, tout l’enjeu du film était dans ce fameux « delo ». J’avais bien saisi le sens de ce mot indéfini mais son origine m’échappait. Et pour cause, Sam ne disait pas « delo » mais « ditto » (on double le t en anglais et on minuscule). « Ditto » dit très rapidement, à l’américaine parfois hollywood chewing gum, sonne comme « delo ». D’où l’amalgame. Vérification faite – requête sur ditto + ghost – et le mystère oublié pendant des années est résolu ! Voilà qui dégagera peut-être un peu d’espace dans mon hippocampe bien nourri !

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Il n’y a pas si longtemps, j’ai appris que, depuis quelques années, les écoles de piratage informatique poussaient comme des grains de riz en Chine. Cette institutionnalisation de la violation de territoire, même virtuel, m’a laissée un peu pantoise, mais m’a aussi arraché un large sourire. Quel monde étrange que celui dans lequel nous vivons. Cela pourrait donner lieu à une nouvelle version de l’Ecole des fans : « Et tu veux faire quoi quand tu seras grand ? », « Hacker » répond le petit en regardant l’invité du jour, Robert Morris, celui qui a créé, avec de bonnes intentions précisons-le, le premier ver sur Internet en 1988, paralysant plusieurs milliers d’ordinateurs, et qui, depuis, porte son nom. « Cela tombe bien » répondrait une version geek de Jacques Martin, « Robert Morris vient d’ouvrir une école de pirates ! ».

C’est comme les langues, plus tôt on commence à les apprendre, plus vite on les maîtrise… Si à 5 ans, le piratage consiste surtout à accrocher un drapeau noir avec une tête de mort à l’arbre du jardin, à se fabriquer un crochet, à mettre un bandeau sur l’œil, un faux perroquet sur l’épaule et à crier « A l’abordage ! » à chaque fois que quelqu’un passe la porte d’entrée, à sept ans, le grand jeu est de changer le mot de passe d’accès à la messagerie pro de papa pour le voir s’énerver sur sa machine en marmonnant dans sa barbe : « Mais je suis sûr que c’est ça ce pu!?x!?? de mot de passe ! Je ne vais pas oublier la date de naissance de mon fils, quand même ! ». Les chères têtes blondes ont bien changé… Ce qui se vérifie aussi aisément en lisant les journaux. Un jeune de 15 ans arrêté.  Il aurait participé à la cyberattaque mondiale liée à Wikileaks et il est français. C’est presque une fierté. Aujourd’hui, un autre titre attire mon attention : « Des hackers veulent imposer la démocratie ». L’accroche m’intrigue, je clique.

L’article évoque un mouvement, qui se fait subtilement appeler « Anonymous » et annonce défendre les libertés sur Internet. Composé d’internautes (15-25 ans) disséminés un peu partout dans le monde, le groupe part à l’assaut de certains sites Internet ciblés contre lesquels ils lancent une attaque toute simple : le déni de service. Autrement dit, provoquer de nombreuses connexions simultanées sur un site ciblé, ce qui le rend temporairement inaccessible, un statu quo ayant de réels impacts. L’Eglise de scientologie fut leur première victime il y a 3 ans. Une blague. Mais, depuis quelques mois, leurs actions prennent un tour plus politique : blocage de sites gouvernementaux au Zimbabwe, en Tunisie et maintenant en Egypte… La fiction toujours un peu à l’esprit, je ne peux m’empêcher de penser à deux trois films au fil de ma lecture. Le fait que ces anonymes se présentent avec le masque de V (personnage principal du comic adapté au cinéma, V for Vendetta), même si c’est symbolique, vient appuyer le statut un peu ambigu de ce groupe : la fiction comme repère ? Les films ? 8th Wonderland de Nicolas Alberny et Jean Mach (2010 mais réalisé en 2008) ou encore le film d’animation Summer Wars de Mamoru Hosoda (2009). Les similitudes avec le premier sont particulièrement étonnantes et mériteraient quelque approfondissement. Evidemment, ceux qui se frottent déjà les mains, ce sont les éditeurs de logiciel de sécurité au sein desquels opère une nouvelle espèce de chercheur, le « chercheur de menace »… Presque aussi beau, mais nettement moins poétique, que le casteur d’arbre. Bref, du pain béni pour eux puisque cette nouvelle forme de guerre des étoiles justifiera, à l’avenir, le développement de solutions de sécurité toujours plus coûteuses… De quoi entretenir la machine encore longtemps !

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Une fois n’est pas coutume, j’ai décidé de participer à un concours photo. Sur le site du dit concours sont donnés quelques conseils photographiques aux postulants. On nous conseille de garder en tête la règle des tiers mais de rester créatif. Avec cette règle, il faut imaginer que notre image est divisée en 9 parties et la composer de telle sorte que ses éléments importants soient placés le long de ces lignes imaginaires ou à leurs intersections. On nous suggère aussi de recadrer nos images en fonction de cette règle. J’aurais, naïvement, pensé que les recadrages n’étaient pas autorisés… Et qu’un bon cadrage original faisait partie des critères pour juger de la qualité d’une photographie. Autre conseil : prendre nos photos à l' »heure magique », lever ou coucher du soleil, moments où la lumière est particulièrement chaude, rehaussant tout ce sur quoi elle arrive. Et, pour la touche de mystère, un petit bokeh, ce flou artistique d’arrière-plan qui enjolive tout. Je ne connaissais pas le mot, mais j’ai des exemples…

Bref, après Recette flash, voilà une nouvelle recette de photo réussie. Au vu de celle proposée ci-dessus, autant dire que je n’ai rien compris : la mienne est diablement penchée, on y cherche les tiers, elle a été prise à une heure où le soleil avait déjà déclaré forfait, et le bokeh est loin d’être salvateur. Pourtant, le mystère est là. Cette silhouette filiforme qui nous jette un regard encapuchonné, au bout de la ligne blanche, que l’on suit avec les yeux du début à la fin, comme pour mieux indiquer le chemin à suivre… « Suis-moi ! » lâche-t-elle, à peine audible. Vous n’êtes même pas vraiment sûr de l’avoir entendu… Peut-être l’avez-vous simplement pensé ? A l’heure où j’écris ces lignes, je n’ai pas encore réussi à déterminer si cette présence à l’horizon était inquiétante ou encourageante ! Si, en la suivant effectivement, nous allions tout droit au drame ou, à  l’inverse, à la révélation du positif. Car, la photo, construction picturale s’il en est, a aussi un sens… Trouver du sens, dans quelle mesure est-il important d’en faire un conseil ?

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… les musées sont pris d’assaut. Inutile de raser les murs dans l’espoir d’être maigrement protégé par les balcons et autres avancées, inutile d’essayer de passer entre les gouttes en marchant sous les arbres car il pleut aussi sous ces derniers. A l’accueil où tout était calme depuis quelques heures, tout d’un coup, c’est l’affluence. Gérer les entrées, les parapluies mouillés. Rapidement, l’esseulé est dépassé. A l’intérieur, les peintures sont sèches mais l’humidité ambiante augmente du fait de la présence des visiteurs dégoulinant. Les capteurs s’affolent. Mais pas uniquement à cause de la moiteur… A cause des enfants aussi !

Imaginez un peu… Vous êtes tranquillement en train d’admirer les détails d’une estampe de Félix Buhot (qui, en écho avec la situation présente, représente d’ailleurs la ville par temps de pluie) quand votre attention est soudainement interrompue par une succession de petits cris stridents. Une souris peut-être ? C’est tout comme ! Une petite fille allongée sur les dalles de carrelage au beau milieu de la pièce et en train de faire l’étoile. C’est très joli. Son père, un peu gêné, vient la relever rapidement et lui expliquer que l’on ne peut pas faire ça ici etc. Elle restera debout pour la suite de la visite, en courant… Trois options pour les parents : lui faire un sermon toutes les cinq minutes ou faire comme si ça n’était pas leur fille. Ce qui peut marcher ! Il y a aussi, essayer de l’intéresser à ce qui se trame sur ces feuilles de dessin. Ce qui les amène à rester plus de temps que de raison devant une estampe de Berthe Morisot représentant une petite fille, sage comme une image…

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Quelque part sur des rails. En mouvement. Temps en suspens. Une libération en quelque sorte. On se laisse transporter avec la conscience de n’y être pour rien. Temps à soi. Un paradoxe : le temps s’arrête alors que tout bouge autour… Occupations passagères : lecture, écoute partagée de musique, visionnage de film, écriture, discussion, sieste, méditation, ou encore, contemplation du paysage qui défile plus ou moins vite selon l’endroit où se porte le regard…

La vitesse uniformise tout, transforme ce qui est proche en lignes dansantes, mais épargne les formes lointaines qui demeurent des arbres, des maisons, des tracteurs, des vaches… Le soleil aveugle, le rideau abaissé limite ses ardeurs. Nouvelle transmutation. Après les traits monochromes, les points irisés. Redécouverte d’un monde en pointillé.

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En ville, je ne peux pas résister à faire foncer les lignes dans les coins, à découper l’espace en zones bien distinctes, à orienter voire à faire fuir le regard, à chercher la forme détonante du panorama, à jouer du reflet et de la réflexion, à créer l’illusion… Le pont se poursuit-il vraiment dans l’immeuble à la façade de verre ?

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Toujours commencer la semaine par un brin de ciel bleu et un peu de hauteur… J’ai déjà écrit cela il y a quelques semaines, quelques mois. Rien de tel, pour ce faire, qu’un petit détour par la grande pomme aux lignes acérées. Un cliché parmi tant d’autres sur cette ville magnétique. Les taxis jaunes, ces puzzles sur le bitume et surtout le fringuant Flat Iron Building.

La première fois que je suis allée à New York, il était entouré d’un filet de dentelle. Ravalement. Pour se faire une beauté. Une frustration quand on ne sait si on aura la chance de revenir ou pas. La nuit venue, depuis le sommet de l’Empire State Building, ce monument d’architecture se démarque comme peu d’autres dans le magma lumineux que devient la ville. Non qu’il soit particulièrement bien éclairé, mais sa position centrale, au carrefour des 23e rue, 5e avenue et Broadway en fait un point où le trafic converge pour mieux s’en éloigner. Une toile d’araignée en quelque sorte. Arrivé à la jonction, le flot d’automobiles se décompose alors en deux artères bien rectilignes. D’en haut, des filets de lumière incessants comme un flux sanguin.

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New York, un gris jour de juin. Tout en l’air. Se tordre le cou, se plier les lombaires. Inéluctable. Lignes déjouées, perspectives bousculées. Le bas touche le haut, qui se laisse difficilement apprivoiser. Plusieurs minutes pour caler la rencontre. Contact réussi. Déclenchement activé. Extrapolation : La création d’Adam… Michel-Ange et sa chapelle Sixtine. Ici, à ciel ouvert. Mais, qui est le grand architecte ?

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