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On en a tous croisés, des êtres humains déguisés en statue de la liberté, en tour Eiffel, en Charlot ou autre, faisant le pied de grue, parfois sur leurs deux pattes, en des lieux de passage prisés des touristes. Même si je conçois que c’est une façon comme une autre de boucler sa journée, je ne peux m’empêcher de me demander ce qui pousse ces personnes à se figer dans des positions parfois inconfortables, dans des costumes souvent encombrants, sous des couches de maquillage assez épaisses. En somme, à se torturer volontairement des heures durant.
Ce spécimen madrilène n’échappe pas à la règle. S’il a décidé de s’assoir, et donc de se préserver quelque peu, il a aussi choisi de s’enduire de terre mouillée et de se mettre en plein soleil. Le défi : ne pas craquer, même si la terre finit par le faire pour lui sous l’effet de la chaleur, même si, minute après minute, elle lui tire la peau un peu plus. Les badauds s’arrêtent et puis repartent, finalement peu impressionnés par cette performance terrestre. Il y en a d’autres à quelques pas de là… Entre ces deux instants, de solitude et de show, le terrien n’a pas cillé. Même sérénité en sommeil sur le visage, même écart entre le pouce, l’index et le majeur de la main droite à peine posée sur le genou, même relâchement des épaules… C’en est presque effrayant. Mais qu’espère-t-il voir récompensé en fait ? Sa ténacité face à la douleur croissante (est-ce vraiment un signe de bonne santé mentale ?), son appel à l’immobilisation (dans un monde qui n’a de cesse de bouger), son imagination (je n’avais jamais vu de bonhomme de terre auparavant) ? Les questions restent en suspens…