Une abeille est entrée dans la cabine pendant que Bob, appelons-le Bob, mon héros récurrent américain – ce qui, soit dit en passant, me refait penser à une lointaine et amusante incompréhension orale… Un cours sur la télévision pendant lequel le professeur se met à nous parler des films aéro-récurrents… Aéro-récurrents, j’entends bien mais je m’interroge sur la nature exacte de cette catégorie tout en m’étonnant que les films sur l’aviation constituent une niche si importante. J’avoue que cela m’avait complètement échappé… Jusqu’à ce qu’une ampoule de 40 W s’allume dans ma petite tête et que je réalise qu’elle ne parlait aucunement des exploits de Mermoz ou autre Dieudonné Costes mais de films « à héros récurrents ». En somme, de personnages de séries. Je me suis sentie bien bête.
Mais revenons à Bob dans sa cabine, tranquillement en train de boire sa bière et d’écouter un peu de country, un vieux tube de Bill Monroe qui passe à la radio. Bob, une force de la nature d’1m98 – il doit plier la tête pour entrer dans son cockpit, ses genoux touchent le volant pourtant surélevé et il est obligé d’écarter un peu les jambes pour conduire, ce qui, à la fin de la journée, lui provoque toujours de douloureuses crampes. Bob n’a peur de rien. Sauf des abeilles. Imaginez donc sa réaction en réalisant que l’une de ses représentantes s’est égarée dans son univers d’un mètre cube ! Il a attrapé son magazine d’août sur les tracteurs nouvelle génération de la main gauche pour taper partout où passait l’hyménoptère, en vain évidemment, tout en dirigeant son imposante machine avec son bras droit. Enfin, dirigeant, c’est un bien grand mot quand on voit les traces qu’il a laissées dans son beau champ de blé jeune au terme de cette bataille hors normes qui s’est soldée par trois piqûres, deux bleus (de malheureux coups de magazine sur le visage) et une abeille méchamment secouée mais bien vivante. Seule explication tangible à cette errance motorisée…
… ou la manie des gens heureux. Pourquoi ceux qui s’aiment se sentent-ils obligés de faire part de leur flamme en cours (elle est souvent datée en effet) un peu partout, en particulier, à des murs, des trottoirs ou même de simples planches de bois ?
C’est étrange, on dirait que j’ai un peu le trac… Je teste virtuellement différentes deuxièmes phrases – celle-ci donc – en nettoyant nonchalamment les lettres de mon clavier comme s’il s’agissait de l’urgence du moment. C’est le trac, ça, non ? Un de ces petits gestes apparemment anodins qui nous trahissent lorsque nous sommes confrontés à des situations, des personnes qui nous déstabilisent et/ou nous mettent un tant soit peu mal à l’aise. Ainsi, dans pareilles circonstances, il paraît que je me pince aussi le bout du nez plusieurs fois de suite, tic dont je n’ai bien sûr pas conscience et que je troquerais bien, si j’avais le choix – je ne demande même pas sa disparition pure et simple -, par un geste un peu plus discret. Mettre les mains dans mes poches par exemple. Ceci dit, tout dépend du nombre de fois où je me sentirais obligée de les y plonger avant de retrouver mon calme, et avec lui, un comportement « normal ».
Donc, oui, j’ai un peu le trac. Mais, pour être tout à faire honnête, il commence à filer. Il y a quelque temps, j’ai décidé de marquer une pause dans la mise en mots de mes photos, mes « duos » comme je les ai appelés, pour me « contenter » de proposer, chaque jour, une photo titrée : je mets des guillemets car choisir une image et lui trouver un titre peut être aussi long que de l’accompagner d’un texte. Pas de fil rouge particulier si ce n’est une exigence d’évasion et d’errance ici et ailleurs, dans un monde réel ou fantasmé. Comme le temps passe toujours aussi vite, ce « quelque temps » remonte déjà à six mois. Des grandes vacances en quelque sorte ! Qui se terminent donc, ce qui est assez tendance ces jours-ci. D’où cette appréhension complètement auto-centrée : vais-je bien m’entendre avec mes nouveaux petits camarades de jeu ? Oui, ces mots que je vais assembler pour continuer à faire causer les images et réciproquement, comme je l’ai fait pendant 3 ans. Alors, dans les starting blocks, je tente de me rassurer en enfilant ma pétillante tenue de rentrée et décide que l’écriture, c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas, ça se pratique ! Et qu’il est donc grand temps de se remettre en selle pour bien négocier le virage !
En attendant la suite, pour revoir ces six mois d’images, il suffit de cliquer là.
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Share on FacebookJe suis fascinée par la capacité des jeunes d’aujourd’hui à se mettre aussi facilement et efficacement en scène usant de codes que je qualifierais d’adulte sans trop savoir si ma remarque est rétrograde ou pas. Ok, elle l’est, un peu… Ces deux-là, en rouge et noir, sont complètement dans leur bulle. Et, dans ce monde […]
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