tags: architecture, Barcelone, bâtiment, ciel, espagne, façade, illusion, lignes, musée, passé, photographie, présent, réalité, reflet, temps, vitre
Ce que j’aime, entre autres, dans la photographie, c’est sa manière de nous apporter un nouvel éclairage sur le monde réel, en nous offrant la possibilité de voir, a posteriori, ce qui nous a échappé au moment présent, et ce, quelle que soit la concentration dans laquelle on s’était plongé pour capturer cet instant. En somme, une variation sur le voyage dans le temps, différent de celui, plus classique, qui consiste à raviver les souvenirs en revoyant les images de scènes passées. Evidemment, en revoyant cette image, je me souviens de ce qui a précédé mon entrée dans cette cour de musée et ce qui a suivi ; je me souviens avoir été agréablement surprise de découvrir cette façade vitrée occupant tout un pan de la cour. Et je me souviens de mon intention à ce moment-là : jongler, à la faveur des reflets, avec les époques, les architectures, la réalité, l’illusion. J’étais tellement préoccupée par le reflet et le trio posé à droite que je n’ai absolument pas vu ce qui se tramait en bas. Et pourtant, c’est bien le sol de cette cour qui, après coup, a attisé ma curiosité. Et plus particulièrement, sa double couleur, avec cette démarcation centrale, tranchante, presque artificielle. Sur le moment, j’ai même cru avoir manipulé l’image sans m’en être rendu compte, et il m’a fallu lever les yeux au ciel – sur la photo – pour me convaincre que je n’y étais pour rien : les vitres étaient teintes différemment et le sol était bien tapissé de pavés de deux couleurs. Je ne l’avais pas vu alors même que j’avais vraisemblablement un pied sur chaque couleur… C’est étonnant à quel point le fait de se fixer un objectif précis peut nous couper de ce qui gravite autour…