Ciel bleu et soleil au zénith pour arc-en-ciel mystérieusement tombé à terre ! Telles des fleurs dans une prairie, je cueille les couleurs une à une, la jaune, la bleue, la verte et l’orange. Je me faufile entre leurs ombres pures, me laisse teinter par leur humeur changeant au gré de mes errances assumées, avant de me jouer de leurs chaleureux reflets pour les capturer à mon tour. Les ondes se cambrent, elles résistent au harpon, se démultiplient puis filent à la vitesse de la lumière vers cet après où l’espace se fend en d’innombrables univers parallèles. J’ai à peine le temps d’en capter quelques-unes que je me fais à nouveau aspirer par un vortex des plus psychédéliques…
Ce que j’aime, entre autres, dans la photographie, c’est sa manière de nous apporter un nouvel éclairage sur le monde réel, en nous offrant la possibilité de voir, a posteriori, ce qui nous a échappé au moment présent, et ce, quelle que soit la concentration dans laquelle on s’était plongé pour capturer cet instant. En somme, une variation sur le voyage dans le temps, différent de celui, plus classique, qui consiste à raviver les souvenirs en revoyant les images de scènes passées. Evidemment, en revoyant cette image, je me souviens de ce qui a précédé mon entrée dans cette cour de musée et ce qui a suivi ; je me souviens avoir été agréablement surprise de découvrir cette façade vitrée occupant tout un pan de la cour. Et je me souviens de mon intention à ce moment-là : jongler, à la faveur des reflets, avec les époques, les architectures, la réalité, l’illusion. J’étais tellement préoccupée par le reflet et le trio posé à droite que je n’ai absolument pas vu ce qui se tramait en bas. Et pourtant, c’est bien le sol de cette cour qui, après coup, a attisé ma curiosité. Et plus particulièrement, sa double couleur, avec cette démarcation centrale, tranchante, presque artificielle. Sur le moment, j’ai même cru avoir manipulé l’image sans m’en être rendu compte, et il m’a fallu lever les yeux au ciel – sur la photo – pour me convaincre que je n’y étais pour rien : les vitres étaient teintes différemment et le sol était bien tapissé de pavés de deux couleurs. Je ne l’avais pas vu alors même que j’avais vraisemblablement un pied sur chaque couleur… C’est étonnant à quel point le fait de se fixer un objectif précis peut nous couper de ce qui gravite autour…
Le mot « frappée » a été utilisé. « Tarée » aussi, si je me souviens bien. Et « folle », bien sûr. Tout cela m’étant modestement destiné et voulant à peu près dire la même chose, j’en conviens. Il y a surtout eu une certaine incrédulité, pour ne pas dire une incrédulité certaine, avant et après que tout cela se […]
Share on FacebookS’approcher, et même se coller au verre plus que centenaire de cette fenêtre, est le seul moyen d’échapper aux reflets trompeurs du présent et de découvrir ce qu’il reste de la vie de ces autres d’un autre temps, fous assurément, partis sonder les filons aurifères de cette cité aujourd’hui claquemurée dans le silence de l’abandon, Bodie. Et voilà que […]
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