… « en utilisant ses jambes était efficace jusqu’à un certain point. Au-delà, curieusement, on stagnait. Et enfin, son intuition réclamait de lui qu’il ne bouge pas de là. Qu’il s’applique »*… en utilisant ses jambes était efficace jusqu’à un certain point. Au-delà, curieusement, on stagnait. Et enfin, son intuition réclamait de lui qu’il ne bouge pas de là. Qu’il s’applique uniquement à observer ce qui défi… en utilisant ses jambes était efficace efficace jusqu’à un certain point. Au-delà, curieusement, on stagnait. Et enfin, son intuition réclamait de lui qu’il ne bouge pas de là. de là. de là. Qu’il s’applique uniquement à observer ce qui défilait devant ses yeux… efficace jusqu’à un certain point. Au-delà, curieusement, on … Et enfin, son intuition réclamait … qu’il ne bouge pas … Qu’il s’applique uniquement à observer ce qui défilait devant ses yeux… ses yeux… ses yeux… ce qui défilait devant ses yeux, sans perdre son sang-froid, et qu’il ne laisse rien échapper. Sa vieille intui…
Voilà, vous avez sombré. Morphée a gagné. « Je vais lire quelques pages avant de m’endormir… » Vous vous le dites tous les soirs. Vous vous couchez, ouvrez votre livre à la page 273 alors même que vous luttez déjà contre la fermeture automatique des paupières. Cela va faire venir le sommeil. Vous vous le dites, même si, visiblement, un stimulant n’est pas nécessaire. Alors, vous commencez à lire. Une phrase, puis deux, et enfin trois… Au bout de la quatrième, vous réalisez que vous n’avez pas tout à fait compris ce que l’auteur voulait dire… La phrase est simple pourtant. Alors, vous relisez, une fois, deux fois… Les yeux se ferment. Puis s’ouvrent à nouveau. Comme un éclair. Vous la relisez une troisième fois mais vous n’y comprenez toujours rien. Là, vous vous ressaisissez, vous n’allez quand même pas abandonner si vite ! La lecture reprend, les pupilles dilatées, le cerveau en sourdine. La lumière pique, la fatigue persiste… Vous avez avancé de deux lignes depuis le début… Et encore, vous n’êtes toujours pas sûr d’avoir réellement saisi le propos. Enfin, les mots, vous les comprenez, mais leur enchaînement vous semble abscons. Tout devient légèrement flou, puis très flou, sombre… Vous basculez de l’autre côté… Vous êtes déjà au pays des songes, sur une plage où dansent des sylphides allongées… Vos muscles se détendent, ce que vous ne sentez pas jusqu’à ce que votre livre vous tombe brutalement sur le visage… Là, une petite voix vous susurre de rester sur la plage, tandis qu’une autre, bretonne sûrement, vous incite à persister, à maintenir les yeux ouverts, quitte à utiliser des forceps, et à lire, lire, lir… Au moins aller au bout de la page, là. Quand même, ce n’est pas bien compliqué. Il n’y a que six lignes. Six lignes… Vous les lisez pour vous donner bonne conscience et posez votre livre sur votre table de nuit. Extinction des feux. Le lendemain soir, comme après une bonne cuite imaginaire, vous ne vous souvenez plus de rien. Des bribes seulement, quelques mots par ci par là, pas de quoi en faire un roman… Alors vous reprenez la lecture, non pas là où vous vous étiez arrêté, car vous ne savez strictement pas où se trouve cet endroit, mais bien avant. Et sans vous en rendre réellement compte, voilà que vous absorbez pour la troisième fois consécutive les mêmes mots, les mêmes phrases, les mê… On est où ? Que se passe-t-il ? Je crois que je me suis assoupie !
* La première phrase de ce billet est extraite de 1Q84, Livre 3, de Haruki Murakami
… on accepte ce que l’on rejetait fermement dans le temps. Je m’entends encore le dire (ou presque) : « Jamais j’n’irai nager dans ces piscines parisiennes ! Faire la queue pour nager, franchement, ça a pas d’sens ! ». Oui, à cette époque, je ne mâchais pas mes mots… Et pourtant, si un citadin veut brasser, crawler, papillonner, il doit malheureusement se plier à cette réalité, le faire en compagnie de ses – nombreux – congénères, tout aussi ravis que lui, et accepter certaines règles de conduite, à la fois logiques du fait des circonstances et totalement absurdes par ce qu’elles imposent.
Le topo est simple : vous vous approchez du bassin un peu à reculons (vous pensez encore à ce que vous vous disiez il y a quelques années), vous choisissez une ligne (après une courte analyse mathématique sur les corps plongés dedans et défiant la loi d’Archimède), vous entrez dans l’eau (avec votre joli bonnet, vos lunettes qu’il faudra écoper dans quelques mètres voire votre pince-nez qui ne tient pas) et vous attendez le bon créneau pour vous élancer (comme sur une bretelle d’autoroute). Clignotant, coup d’œil du côté de l’angle mort pour éviter un corps à corps dès le départ, et puis c’est parti. Vous avez réussi à vous glisser entre un dauphin et deux copines qui papotent en se persuadant qu’elles font aussi du sport. Le dauphin ne vous pose pas réellement de problème même s’il vous éclabousse de son crawl maîtrisé pendant quelques secondes, le temps de doubler la personne qui lui bloque le chemin vers la victoire, et que vous finissez par atteindre inexorablement… Sans pouvoir la doubler pour autant puisque sur cette deux voies à double sens, le trafic est temporairement congestionné dans le sens inverse…
Voilà que vous naginez, comme vous piétinez parfois à marcher avec des personnes au pas lent… Naginer, comme toute action faite à un rythme non naturel, est très fatigant. Et puis, c’est agaçant. Vous êtes quand même là pour faire quelques longueurs… Pour suer, vous dépenser… Pour sortir de votre zone de confort, comme disait l’autre. Et bien, non, comme au supermarché, comme à l’entrée du métro, comme devant les images d’une expo à succès, vous faites la queue pour avancer. Un regard désespéré sur une autre ligne ? L’eau est-elle plus bleue ailleurs ? Vous tentez une incursion et pensez aux petits hérissons écrasés sur le bas côté d’avoir voulu traverser la chaussée… Une image effroyable qui vous fait changer d’avis instantanément et tenter le tout pour le tout : le doublage sous-marin… Après tout, quitte à se déplacer dans un volume, autant en exploiter toutes les dimensions. Une stratégie qui n’est pas sans risque : d’abord de coup de pied, ensuite de surprise du doublé voyant une tâche sombre lui passer en dessous et émerger juste devant elle… N’empêche, vous avez réussi à passer, à avancer, à finir votre longueur. Plus vous nagez, plus vous absorbez ces petites taquineries comme un airbag, les chocs ; plus vous nagez, moins vous entendez ce qui se passe autour de vous ; plus vous nagez, plus vous entrez dans votre bulle en vous disant que, finalement, les piscines parisiennes, c’est pas si pire…
C’est ce moment où, après quelques semaines voire mois de froid, de cieux couverts et de jours écourtés, de saturation exprimée et de fatigue accumulée, le Soleil, attendu comme le Messie, daigne enfin mettre un terme à son long hivernage annuel et nous arrose de quelques rais chaleureux que nous accueillons tous, où que nous soyons, comme le signe de la résurrection… Le temps s’arrête alors : nous nous gorgeons de ses rayons avec délectation et y exposons chaque parcelle de notre peau blanchâtre, aussitôt ragaillardie. Cette sensation de chaleur pénétrante, soudain, sur celle qui est devenue notre carapace et qui se fendille minute après minute, est une merveille pure. Dès lors, tout redevient possible.
… désolée, j’ai été coupée ! On m’a perquisitionné mon appareil… « Madame ? » La première fois, je n’entends pas… Bien que, en toute logique, le fait d’écrire que je n’entends pas la première fois prouve que j’ai, au contraire, bien entendu… Sinon, je ne saurais pas qu’il y a eu une première fois. Je n’ai simplement pas fait la corrélation entre le « Madame ? » vaguement perçu et ma petite personne. Donc, très bien, j’ai entendu. Vous êtes durs en affaire ! Bref. « Madame ? » pour la deuxième fois. Je me tourne. C’est un type de la sécurité. C’est marqué en gros sur son T-Shirt. Il me parle avec les mains, me désigne mon appareil photo et me fait signe de venir le voir. Je suis coincée dans les gradins mais réussis à me faufiler. Je sais ce qui m’attend.
« C’est interdit les appareils photos. Vous devez le déposer », me dit-il calmement. Et moi, naïvement, voire bêtement, « Ok, j’arrête de faire des photos, je le range ! » Pas convaincu une nanoseconde… « Non, non, suivez-moi ! » Je le suis. Dans l’intervalle, tous ceux qui, dans les parages, avaient encore leur appareil photo en bandoulière le rangent discrètement. Je suis déjà en train d’imaginer toutes les photos que je ne pourrai pas faire… Je souffre en silence. « C’est considéré comme un appareil pro » me dit-il, laconique. « Ah bon ! » dis-je un peu en riant, sachant pertinemment que ce n’est pas le cas, sans vouloir te mettre en boite mon cher compère. Je passe sur les petits appareils si perfectionnés qu’ils font des merveilles ainsi que sur tous ces portables utilisés comme caméra… J’attends simplement mon tour. Trois personnes sont devant moi. Jugées pour le même crime. Derrière des barreaux, un gentil type bedonnant a pour mission de collecter les objets du délit – comme s’il s’agissait de véritables armes -, de les étiqueter soigneusement, de les poser sur une étagère de fortune les uns à côté des autres, et de nous dire : « Surtout, ne perdez pas votre petit papier ; sans lui, vous ne pourrez pas le récupérer ! » en montrant notre précieux prisonnier. Je retourne à mon siège avec l’étrange sensation de me retrouver sur une plage nudiste. Il me manque quelque chose autour du cou, dans mes mains, sur mon œil… mais ça passe, je m’en passe… je repasse en revue les images que j’ai eu le temps de faire, et cela me satisfait. Des images qui, a priori, n’auraient pas inquiété les équipes promotionnelles… Comme si j’allais prendre ce qui se passait sur scène ! Quelle idée !
Pourquoi cette manie de vouloir ressortir tous les grands succès passés du cinéma en 3D – Star Wars et Titanic arrivent sur les toiles à grands renforts de sabre laser traversant les écrans et d’iceberg s’échouant dans la salle – ? Et pourquoi essayer, en plus, de nous faire croire que ce sera merveilleux, ou plutôt « comme on ne l’a jamais vu ! » ? Peut-on réellement encore se faire envoûter par de tels arguments ?
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Share on FacebookEt bien oui, la trêve n’aura pas été bien longue… Mais ne nous méprenons pas sur ce qui suit pour autant… Imaginez un peu la patience qu’il a fallu à ces gouttes d’eau pour réussir à squatter durablement ces rochers et poteaux posés là comme une digue embryonnaire, et bâtir cette épaisse couche de glace […]
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