Yellowknife, Territoires du Nord-Ouest, Canada, sur le Grand Lac des Esclaves. « Sur » oui, pas « à côté » ou « près » ou « vers ». Marcher « sur » un lac ne peut, a priori, se faire qu’en hiver, à moins d’être doté de pouvoirs surhumains. Et l’hiver, à Yellowknife, il dure un temps certain. Suffisamment pour que l’eau qui emplit son immense lac se solidifie et qu’une couche de glace d’un mètre se forme. Suffisamment aussi pour que l’étendue d’eau gelée se mue en mythique route de glace de deux fois quatre voies…
A l’entrée de cette autoroute temporaire très spéciale, un panneau rappelle que le poids maximum autorisé est de 40 tonnes… De quoi rassurer durablement les poids plume que constituent les humains qui s’aventurent dessus, pour s’y promener, y faire du vélo, du chien de traîneau ou encore rallier le village situé de l’autre côté de la rive. Pour autant, cette surface n’en est pas moins vivante… Au passage de ce camion éructant sa fumée poisseuse, j’ai en effet senti l’épaisse couche de glace noire translucide déjà fendillée vibrer sous mes pieds et, malgré le vrombissement tonitruant de son moteur aux poumons sclérosés, j’ai entendu la glace craquer dans un grondement sourd inédit à mes oreilles. Un tonnerre glacial faussement effrayant et surtout, furieusement envoûtant…
Balade post-averse. A côté du tumulte de la large avenue passante où rugissent les chars, cette ruelle que l’on éviterait volontiers la nuit tombée, affiche un calme absolu. Je m’y avance de quelques mètres. J’ai cru voir quelque chose briller sur le macadam. Et, là, à l’abri des regards égarés, je cueille cette image urbaine avec autant de soin qu’une edelweiss dans les montagnes suisses. Rarement reflet aura été aussi pur…
C’est sûrement à cause des vaches françaises, assurément bien plus valeureuses que les autres, ou alors de la densité de leur lait, qui oblige les garçons de café à faire des efforts musculaires supplémentaires, ou mieux encore, de sa qualité incomparable, qui mérite salaire comme tout travail… Peut-être une taxation spéciale sur ce pourvoyeur de calcium dans la capitale ou une propension partagée par les cafetiers à prendre leurs clients pour des pigeons (j’ai pourtant cherché, sur l’encyclopédie libre universelle, mais le columba parisianis n’existe pas)… Je ne vois en effet que cela – surtout la dernière – pour expliquer que le café au lait, le café crème, le cafe con leche, le coffee with milk or cream, ou encore le latté, cette combinaison simple mais néanmoins délicate de café et de lait donc, coûte deux fois plus cher qu’un petit noir à Paris alors qu’il l’est à peine plus partout ailleurs, surtout à l’étranger. Si l’on rapporte la quantité de liquide blanchâtre versée dans chaque tasse à son prix, le lait devrait avoir le goût du safran, le vrai ! Je sais, il y a des choses bien plus préoccupantes dans la vie, mais cette cruelle injustice m’exaspère… Peut-être moins, ceci dit, que le fait de devoir payer l’eau chaude pour un café allongé. « Bah oui, le dérèglement climatique, ma bonne dame, il faut bien compenser les émissions de carbone qui s’échappent en chauffant votre eau, payer l’électricité de plus en plus chère et puis l’eau surtout… On dirait que vous ne vous rendez pas bien compte : la Terre va bientôt en manquer ! » Ah la la, elle a bon dos la planète !
… ou le rêve de la maison individuelle… Se réalise-t-il dans le lotissement moderne à l’espagnole où chaque maison est la copie conforme de sa voisine, à la piscine près ? Aberration écologique en soi dans une région pour le moins aride où l’activité économique modérée ne semble pas justifier cet étalement urbain, ce qui […]
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