Un samedi matin comme un autre. Direction la plage de Rochebonne. Un groupe en combinaison noire entre timidement dans l’eau fraîche pour une randonnée, tumultueuse, d’une heure en pleine mer. Aujourd’hui, c’est baptême de longe-côte, une activité sportive douce aux bénéfices multiples pour la santé qui s’est fortement développée ces dernières années sur les côtes françaises… La Manche n’a pas les vagues dans sa poche. Elle est agitée, l’initiation, physique voire éprouvante, n’en est que plus tonique et euphorisante !
Je vous invite à découvrir la série entière ici.
Avant, lorsque nous prenions le train, c’était relativement simple : une voix off nous annonçait que nous allions bientôt partir, demandant, dans la foulée, aux personnes accompagnant les voyageurs de descendre du train, translation à l’issue de laquelle la même voix souhaitait un bon voyage à ceux qui y étaient restés et s’apprêtaient à rejoindre leur destination finale. Tchou tchou !
Aujourd’hui, certes, la voix off, qui n’a pas vieilli d’une seconde mais a peut-être changer de genre, nous énonce toujours ces deux lois, mais également qu’il est interdit de fumer, dans les wagons, au niveau des plateformes, dans les toilettes, y compris des cigarettes électroniques. Elle nous rappelle aussi qu’il est obligatoire d’étiqueter nos bagages, qu’il ne faut par ailleurs pas les laisser traîner dans le passage et en particulier, près des portes d’entrée et de sortie du train, dont il est évidemment strictement interdit de s’extraire s’il n’est pas à la fois à l’arrêt et à quai. Cette même voix, déjà lasse, nous exhorte à passer nos communications téléphoniques dans les sas pour ne pas déranger nos voisins, et, pour la même raison, nous invite assez autoritairement à nous doter d’un casque pour écouter ce qui sort de nos MP3, ordinateurs, consoles, tablettes ou smartphones.
Subitement, j’ai le sentiment que la vie dans le train a beaucoup évolué en quelques années, qu’elle est devenue bien plus contraignante, alors même qu’il s’agit toujours d’aller d’un point A à un point B dans un wagon tracté par une locomotive. A qui la faute : aux développements technologiques ou au manque de savoir vivre ensemble des voyageurs ?
Lorsque l’on a le moral à zéro, en berne, à plat, en baisse, dans les chaussettes, en flaque, voire dans les talons – que de choix ! -, rien de tel que de s’enfoncer à l’aveuglette dans un bain de lumière puissant et prolongé pour se gonfler à bloc, remonter la pente, repartir du bon pied et se retrouver face à une page blanche où tout est à réinventer.
Parfois, dans la vie, il faut savoir se contenter – ou se satisfaire, ce qui est un poil différent – de ce que l’on a, même si cela peut laisser dubitatif : un lac sans fin apparente en guise de mer à l’eau couleur turquoise, une piste de macadam cicatrisé et aux multiples greffons en lieu et place d’une belle plage bien potelée de sable chaud, fin et blond de préférence.
Cela m’a fait l’effet d’un puissant flash de lumière blanche, aveuglant et soudain qui, en une fraction de seconde, a fait disparaître ces scènes vaporeuses qui s’enchaînaient naturellement en moi, que j’observais inconsciemment avec bienveillance et dont j’attendais la suite avec une impatience incroyablement réelle : j’allais enfin savoir si c’était vraiment une baleine qui s’était échouée là sur la plage et allaient-ils réussir à la remettre à l’eau ? Mais non, le maître du temps en a décidé autrement : une sonnerie forte et répétitive m’a brutalement extraite de cet univers ouaté qui ne m’avait pas encore livré tous ses mystères. Quelle étrangeté d’ailleurs que le mot réveil commence par « rêve » alors même qu’il les interrompt sans pitié ! J’ai eu beau essayer de m’y replonger, le choc avait été si brutal que tout s’était littéralement évanoui en un clin d’œil ! Je déteste jubjoter* ! D’ailleurs, réveil et rêve devraient se concerter et cohabiter en bonne intelligence pour que le second ne commence jamais s’il y a un risque que le premier se mette à carillonner avant sa fin ! Croyez-vous qu’il existe un endroit, quelque part, en nous ou ailleurs, où les rêves inachevés se terminent ?
* Jubjoter : émerger d’un rêve sans avoir la fin et tenter d’y retourner pour connaître la suite ; in Le Baleinié, dictionnaire des tracas, Christine Murillo et Jean-Claude Leguay
Et tout d’un coup, en un claquement de fusibles inattendu mais pas inhabituel, il a fait nuit noire dans cette ville où je n’avais absolument aucun repère. Et tout d’un coup, les phares mouvants des taxis, voitures et autres deux roues ont fait l’affaire, éclairant partiellement et par intermittence les trottoirs où piétiner, les bords de route à surveiller, les trous à enjamber, les marcheurs à éviter, les pavés à compter, les murs à longer et tous ces autres pièges que cache l’obscurité dans un lieu inconnu…
Ils les ont déposés là, aux premières heures de la journée, alors qu’ils étaient encore tous plongés dans un profond sommeil. Quand ils se sont réveillés, agressés par l’ardeur du froid matinal, aucun ne savait où il était, ni comment il y était arrivé, ni même qui étaient ces autres, qui l’entouraient, et qui comme lui, erraient dans ce désert en quête de réponses.
… cisaillent les horizons passagers de leurs formes éthérées et redessinent un monde émouvant point après point.
Selon le terrain, voyager en groupe s’avère plus ou moins évident… Dans le cas présent, cela requiert un minimum de coordination et un sens certain de l’équilibre. Voire un certain sens de l’équilibre.
Les bruits répétés et stridents des annonces de départs et d’arrivées d’avions, une position totalement incongrue voire désagréable, une climatisation glacée juste au dessus de la tête, des passages incessants de voyageurs aux environs, des discussions se chevauchant de chaque côté, une lumière blanche écrasant tout sur son passage ne suffisent parfois pas à arrêter […]
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