Ciel bleu et soleil au zénith pour arc-en-ciel mystérieusement tombé à terre ! Telles des fleurs dans une prairie, je cueille les couleurs une à une, la jaune, la bleue, la verte et l’orange. Je me faufile entre leurs ombres pures, me laisse teinter par leur humeur changeant au gré de mes errances assumées, avant de me jouer de leurs chaleureux reflets pour les capturer à mon tour. Les ondes se cambrent, elles résistent au harpon, se démultiplient puis filent à la vitesse de la lumière vers cet après où l’espace se fend en d’innombrables univers parallèles. J’ai à peine le temps d’en capter quelques-unes que je me fais à nouveau aspirer par un vortex des plus psychédéliques…
Vision totalement surréaliste pour la parisienne que je suis ! Des étals entiers de citrouilles de tailles variables – les plus grosses font 100 kilos ! -, aux couleurs multiples – orange, jaune, blanche, grise – ; de cucurbitacées en tous genres – potiron, courge musquée, courge patidou, courge galeuse d’Eysine, allongées, biscornues, boutonneuses… Les Montréalais ne sont pas tant amateur de soupe à la citrouille que ça ! Non, d’autant que toutes ne sont pas comestibles ! En revanche, ce qu’ils prennent très au sérieux, et particulièrement les enfants pour qui c’est LA fête de l’année devant Noël, c’est Halloween !
Dans un mois, lanceront les plus avertis. Certes. Mais le 31 octobre, c’est déjà demain. Donc, les citrouilles commencent à envahir la ville en des lieux stratégiques comme les marchés ; les premières décorations sont accrochées dans les rues, comme ce sera bientôt le cas pour celles de Noël à Paris ; les boutiques de costumes ont lancé leurs promos sur les derniers modèles de squelette phosphorescent ; les places dans les soirées déguisées les plus farfelues se réservent dès aujourd’hui ; les sacs de bonbons acidulés en forme d’araignées, de fantômes et de sorcières se remplissent en prévision du « Trick or treat » à venir…
La tradition a atteint les côtes françaises il y a quelques années (grâce, notamment, au téléphone orange Olaween d’Orange il semblerait (gros, gros esprit créatif sur le nom…). Fin octobre, toute la ville se transformait en orange et noir. Même débauche dans les vitrines. Même frénésie dans les cours d’école. Même folie dans les partys. Mais, la supercherie commerciale ayant retiré son masque – nouvel exemple de la globaméricanisation des cultures -, elle est tombée en désuétude aussi vite qu’elle avait été propulsée au 3e rang des fêtes commerciales à succès dans l’hexagone. Autre raison moins connue, le 31 octobre est la veille du 1er novembre. Toussaint, puis Fête des morts. Une juxtaposition jugée peu heureuse pour certains esprits pieux. Que ces considérations semblent lointaines de ce côté de l’atlantique. Rendez-vous donc dans quelques semaines pour la suite de l’événement !
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