Se dit d’une personne seule, autrement dit solitaire (même si c’est déjà imaginer le contenu d’une vie) marchant nonchalamment (c’est-à-dire sans trop se presser) le long d’une mer, voire même d’une grande étendue d’eau tronquée dont un regard extérieur ne serait pas en mesure d’affirmer avec certitude si elle appartient à un lac, un fleuve, un océan ou une mer donc. Exemple de phrase simple : « En remontant la dune aujourd’hui, j’ai vu un solimer chercher des baleines des yeux. »
Il est des jours comme ça, où, quoi que vous fassiez, vous ne pouvez vous ôter une pensée de la tête ; où on vous répète, agacé, « Tu m’as écouté ? », à tout bout de champ, parce que non, vous n’avez pas vraiment écouté puisque vous étiez obnubilé par cette pensée ; où votre énergie résiduelle se focalise sur cette unique pensée, comme si le seul fait d’y penser intensément pouvait suffire à la transformer en réalité ; où, finalement, vous n’avez que ces mots à la bouche : « Ah, que j’aimerais être dans un igloo en ce moment ! »
C’est l’histoire – courte – d’une goutte d’eau unique, monumentale – 20 mètres -, joliment galbée, sur le point de s’écraser dans un fracas proportionnel à sa taille sur le sol de la Bon Voyage Plaza pour se noyer dans la pellicule d’eau qui la recouvre et disparaître à jamais. Vibrant hommage à la nature pour ses créateurs, cette élégante goutte de 800 000 $ n’a pas échappé à la controverse, certains Vancouverois n’appréciant guère le coût de la boutade aqueuse dans cette ville parfois appelée Raincouver tant il y pleut. Comme s’ils avaient besoin ou envie qu’on leur rappelle ce qui est devenu l’emblème de leur ville ! En réalité, ils ont échappé au pire. Imaginez un peu ce qu’une telle commande artistique donnerait à Paris où déjections canines, mégots de cigarettes et autres épanchements urinaires sont de vraies plaies : une immense crotte délicatement déposée à Concorde, une montagne de mégots installée au Trocadéro et un jet jaune luminescent figé à Opéra…
Croiser une personne nous annonçant qu’elle en connaît une autre – de près, de loin – ayant exactement les mêmes nom et prénom que nous, ou que, pas plus tard qu’hier, elle en a vu une nous ressemblant comme deux gouttes d’eau – expression propre aux pays non touchés par la désertification -, ou apprendre que nous avons au moins un homonyme dans notre propre ville et que nous partageons le même ophtalmologiste, ou pire encore, se retrouver face à lui – l’homonyme – provoque, assurément, une secousse tellurique très intime inversement proportionnelle à la fréquence de ce qui sert communément à nous nommer, et donc à nous désigner, depuis notre naissance. Sans doute, les Marie Martin, cumulant à la fois les prénom et nom les plus répandus en France depuis les années 60, réagissent-elles plus sobrement en effet qu’une hypothétique Noélyne Pourbaix-Lerebourg…
Tout d’un coup, nous réalisons, si la vie ne s’en est pas chargée plus tôt, que nous ne sommes pas uniques, que des gens, de parfaits inconnus aux mœurs peut-être, que dis-je ?, certainement, radicalement différentes des nôtres, répondent aux mêmes injonctions que nous, en dépit du sens commun et de ce qui s’échange sur la portée des prénoms choisis ; que des sosies se baladent librement sur Terre sans que nous ayons vraiment conscience de leur existence et de leur nombre, ni planifié de les rencontrer un jour… Pour autant, et nous le comprenons assez vite heureusement, ces doubles, fantasmés ou pas, n’en sont pas vraiment. Notre unicité est sauve ! Un peu comme avec les premières dix images de cette série à double fond, pur exercice de mathématique combinatoire à la difficulté croissant avec la pratique photographique, images souffrant de ce que nous pourrions appeler « photonymie », dont les formes les plus avancées conduisent inexorablement à des rencontres fusionnelles aussi étonnantes que foisonnantes entre des lieux, des moments, des personnes qui ne se sont évidemment jamais réellement croisés ailleurs que dans mon passé.
Et il s’agissait vraiment d’un vaisseau spatial replié sur lui-même période origami en mission d’observation sur Terre, j’aimerais également emporter un souvenir de lui avant qu’il ne reparte dans sa très lointaine galaxie raconter à ses pairs que des milliers d’humains lui ont bizarrement tourné autour, toujours dans la même configuration sans qu’il ne comprenne réellement pourquoi : un lui faisait face à une distance variable, portant une petite boite noire devant le visage ou sur l’oeil, et souvent dans des postures étranges, un autre (voire des autres), toujours plus proche(s) de lui, lui montrai(en)t son (leur) dos et regardai(en)t systématiquement dans la direction de la personne à la boîte, qui, parfois, projetait aussi des éclairs… La scène s’achevait dès lors que cette dernière lançait à ses congénères : « c’est bon, je l’ai ! ». C’est-à-dire au bout de quelques secondes pour les plus rapides, quelques minutes au pire. A ce signal, tout le monde s’éparpillait et s’éloignait en lui jetant à peine un regard, comme si l’essentiel était d’être dans la petite boîte…
Pour créer cette photo (avais-je vraiment besoin d’aller jusque là pour constater que ce grillage était infranchissable et qu’il n’y avait rien de l’autre côté ?), je me suis forcée à faire ce que, souvent, je m’interdis, à savoir demi-tour. Ou remarcher dans mes pas, qu’ils soient motorisés ou pas. La question n’est pas tant de ne pas accepter de se tromper (ce qui peut-être le cas quand on doit faire marche arrière) que de ne pas s’ennuyer à reparcourir un même chemin. De fait, quand le cas se présente, je préfère changer de route ! On a tous des bizarreries plus ou moins cachées…
Le réveil sonne. Doucement mais sûrement. Je l’éteins rapidement pour ne pas me faire remarquer. La chambre est encore plongée dans la pénombre et le monde dans un silence bienveillant. Il n’est pas encore 6h et le lit dont je viens de m’extraire se trouve dans une grande maison de bois entourée de pins Douglas à quelques encablures d’un charmant village de pêcheurs posé à l’un de ces bouts du bout du monde tels que je les affectionne : Tofino, sur une péninsule du flanc ouest de l’île de Vancouver.
Il fait frais, je me couvre bien et sors de la maison sur la pointe des pieds. Traverse lentement la bande de forêt qui me sépare de l’océan Pacifique et je l’attends. Il est encore un peu tôt mais il ne devrait plus tarder. On s’est donnés rendez-vous vers 6h30 sur cette plage que la marée basse rend immense. Je ne m’inquiète pas vraiment, il est toujours très ponctuel. Pendant quelques minutes, je me laisse envelopper par cette douce atmosphère aurorale et bercée par la musique des vagues qui, chaque seconde, grappillent du terrain à la terre.
Je suis seule sur cette longue langue de sable blond. Je jubile. Je me sens, comme rarement, en parfaite harmonie avec les éléments. Et plus encore lorsqu’il se pointe enfin, à son rythme, lent mais invariable, se frayant un chemin entre les branches des arbres faisant face à l’immensité océanique. Il monte petit à petit et efface délicatement les mystères de la brume nocturne. Le ciel s’éclaircit, la vie dore et le monde s’éveille peu à peu. D’abord les oiseaux, puis mes congénères, que je vois traverser la forêt et converger vers la plage, comme ce couple qui transcende et magnifie soudainement mon horizon… Je ne suis plus seule et c’est beau, aussi.
Les plus attentifs d’entre vous noteront une ressemblance manifeste et symbolique avec la photo publiée hier dans Faites vos jeux ! Une ambiance verte, des marches, un piège et une vague théorie sur la gestion du risque que je pourrais également développer ici, mais de façon plus poétique. C’est totalement fortuit. Du moins, cette juxtaposition. Le sujet l’est sûrement un peu moins puisque, dans les deux cas, je suis l’auteur de la photo. Devrais-je pour autant en déduire que mon inconscient cherche à communiquer avec moi par l’intermédiaire de mon appareil photo ? Laissons ce sujet majeur de côté pour l’instant car j’ai prévu autre chose pour ce soir. Oui, ce soir, c’est le grand déballage ! Photographique, rassurez-vous… Même si, comme nous venons de le voir, une photo n’est jamais simplement une photo…
Pas de déménagement cette fois-ci, ni de stand de bric-à-brac à installer dans un quelconque vide-grenier, mais un grand besoin de faire le vide. Ce qui revient un peu au même. C’est bientôt le printemps, la saison officielle du nettoyage, ça tombe bien ! Naïvement, je me dis que prendre un nouveau départ s’accompagne forcément d’une remise à zéro des compteurs. Idéalement, je me débarrasserais bien des piles de vieux magazines qui traînent à gauche et à droite (mais je ne les ai pas encore triés), ou je rangerais bien mon bureau (mais je n’y retrouverais plus rien), ou j’apporterais bien ce sac de vêtements végétant dans un coin depuis plusieurs mois à l’association du coin (un autre : que de coins, je suis d’accord !). Arrêtons de fantasmer : je vais me contenter de faire le vide dans mes dossiers. Sur mon ordi. C’est une grande satisfaction que de réussir à le faire. Malheureusement, supprimer 1 ou 1000 fichiers de votre ordinateur ne change absolument rien à l’état de votre appartement ! Ou les désavantages du virtuel…
Ceci n’est pas tout à fait correct. Je ne vais pas les supprimer, je vais vous les montrer. Pour mieux m’en débarrasser et faire d’autres choix donc, puisque j’ai décidé d’écrire à nouveau sous/sur ces images. Ces images que je traîne dans le dossier des photos potentielles de la semaine, dans lequel je pioche parfois, et que je transvase dans un nouveau dossier si je ne l’ai pas diffusée. Je vous les livre d’un coup, d’abord pour la raison évoquée juste au dessus, et aussi parce que, comme pour les piles de vieux magazines, je suis fatiguée de les voir chaque semaine dans ce fameux dossier. Si elles pouvaient prendre la poussière, on ne les verrait déjà plus. Donc, les voilà, dans leur désordre naturel, sans autre lien les unes avec les autres que ceux que vous pourrez imaginer en les découvrant.
En pratique, toutes les photos figurant sur ce site sont en vente. N'hésitez pas à me contacter pour plus de renseignements !
Un tour du Soleil en duos : 6e année en cours
Pour (re)découvrir en un clin d’œil et sur une seule page les micro-histoires photographiques publiées en ces lieux virtuels :
- entre le 22/02/2010 et le 22/02/2011, voici Un tour du Soleil en duos…
Il y a quelque chose d’hypnotique dans cette photo. En concentrant son regard sur le centre, on aurait presque l’impression d’un cœur qui bat, d’un œil qui cille. Est-ce une forme concave ou convexe ? Est-ce une vue prise de haut ou d’en bas ? Le doute s’installe, mais la lumière demeure. 2 Share on […]
Vous êtes là. Il fait chaud. Une chaleur inhabituelle même si annoncée. 48°C peut-être. La clim’ est éteinte, les fenêtres sont ouvertes. Juste un conseil, presque un ordre en fait, comme ça, donné à l’entrée de la Vallée. Vallée de la mort, c’est son nom. Tout est dit, ou presque, dans ce nom. Il faut […]
Et l’adage dit : « Qui se ressemble s’assemble »… En l’occurrence, dans le cas présent, je serais plutôt tentée de l’inverser pour le transformer en : « Qui s’assemble se ressemble ». Dans certaines cirsconstances, en particulier, de représentation publique, je plébiscite l’harmonie vestimentaire au sein du couple, notamment colorimétrique, en optant, entre autres possibilités, pour des couleurs […]