Photo-graphies et un peu plus…

Que vous soyez en avion, en bus, en train ou en bateau, si le placement est libre, un chaos certain s’empare instinctivement du troupeau d’humains qui cherche à l’intégrer. Le voilà qui trépigne à l’entrée dudit véhicule comme si sa vie en dépendait. Le Français est particulièrement doué dans cette indiscipline perçue comme un manque d’éducation à l’étranger. « Vous êtes arrivé avant ? Et alors ! Que c’est petit de s’attacher à ce point à ces détails chronologiques… Tout le monde finira par entrer ! ».

Entrer oui, certes, mais l’ambition de l’amnésique des bonnes manières aux propos nonchalants va forcément au-delà du simple fait d’avoir une place, puisqu’il a déjà payé pour cette dernière. Le but, c’est d’avoir une bon-ne place. Mêlée à l’entrée, croche-pieds, bousculades, dénigrement, pression sont les travers les plus avouables du « premier arrivé, premier servi ». Une fois dans le ventre du véhicule, on se presse lentement vers celle que l’on estime être sa place idéale. Heureusement, la bonne place de l’un peut être considérée comme mauvaise par l’autre… C’est parfois ce qui nous sauve du duel à l’épée à l’orée de la forêt encore pleine de sommeil.

Sur un bateau par exemple, à la belle saison, on a presque tous envie de squatter les ponts extérieurs, où, comme ailleurs, les places sont limitées. Tout le monde s’y presse au début, au sens propre, maudissant son voisin et le sien également d’éprouver la même envie. Heure de pointe sur la plate-forme, le tableau doit sembler ridicule du haut de la cabine de pilotage. Mais petit à petit, au fur et à mesure que le bateau s’éloigne des côtes protégées, qu’il navigue seul dans un immense courant d’air, le vent et le froid s’engouffrent, poussant une partie des passagers à se déporter vers l’intérieur, à l’abri. Petite joie sur le visage des résistants dont l’espace vital croît proportionnellement à l’exode des plus frileux. Et pour entériner définitivement cette victoire par forfait, les plus courageux d’entre eux n’hésitent pas à marquer leur territoire en s’allongeant et en se prélassant sans complexe au soleil comme si plus rien d’autre n’existait…

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Lorsque vous vous rendez à Londres par exemple, vous savez que, si vous le désirez, vous pouvez voir Buckingham Palace ; dans le golfe du Tonkin, la Baie d’Halong ; si vous allez à New York, vous vous attendez à apercevoir la Statue de la Liberté ; à Gizeh, la pyramide de Khéops ; à Paris, la Tour Eiffel ; à Niagara, les chutes éponymes ; à Yulara, Ayers Rock et ainsi de suite. Même si vous n’y êtes qu’une seule et unique journée. De façon générale, vous savez que, sauf cataclysme totalement imprévisible mais possible, en vous déplaçant sciemment à tel ou tel endroit pour admirer tel monument ou telle merveille de la nature, vous pourrez effectivement observer l’objet de votre désir. Le voyage a ses certitudes et elles sont les bienvenues. D’un certain point de vue, c’est la moindre des choses puisque cet élément convoité – naturel ou créé par l’homme donc – peut être ce qui a motivé l’évasion. Et il est rassurant de pouvoir se reposer sur leur pérennité même si les uns et les autres se dégradent irrémédiablement, du fait du temps qui passe et qui polit tout sur son passage, et de la présence même de l’homme, même respectueux de ce qui l’entoure.

Au même titre que les photos publicitaires sont généralement non contractuelles, cette convergence du désir du voyageur et de la réalité n’est pas garantie, quels que soient les efforts fournis ou les conditions réunies pour y accéder. Elle est certes courante, mais pas certaine. Vous pouvez ainsi planifier une semaine de safari au Kenya et ne voir que d’affreuses hyènes, de banales antilopes ou d’amusants suricates alors que vous rêviez de croiser le regard de lions, de girafes, d’éléphants ou encore de zèbres… Bon, j’avoue, vous n’auriez vraiment pas de chance… Reste que la rencontre avec ces animaux, même évoluant dans un parc et suivis à la trace par des pisteurs dévoués et missionnés pour vous satisfaire, est aléatoire, hors de portée de ce que vous maîtrisez habituellement. Et c’est en partie ce doute, cette attente pleine d’espérance qui rend la confrontation si puissante lorsqu’elle arrive. Et la frustration immense lorsqu’elle n’a pas lieu.

Il en est de même avec les phénomènes extra-terrestres. En particulier, les aurores. Boréales, australes, ne chipotons pas pour les hémisphères… Même lorsque les conditions optimales sont réunies donc — faire l’équilibriste à l’extrême nord du globe (entre 63°N et 70°N) – ce qui n’est déjà pas une mince affaire – ; choisir la bonne période, entre septembre et mars – ce qui laisse une fenêtre assez large – ; privilégier une année où l’activité du soleil, à l’origine de ce spectacle renversant, est à son apogée – en ce moment et pour un an encore ; multiplier les chances d’en voir – en restant plusieurs jours dans ladite zone –, vous pouvez rentrer bredouille de votre pêche au miracle atmosphérique ou avec quelques sardines dans le filet alors que vous rêviez de marlins, d’espadons et autres barracudas. En l’occurrence, cette aurore-là, si belle soit-elle avec le recul, est une sardine. Si déplacé que cela puisse résonner pour qui n’en a jamais vu. Niveau 1 sur une échelle en comptant 10. Ce qui laisse imaginer le séisme sensoriel que peut provoquer la vue de cette danse autant particulière que particulaire de niveau 5, 7 voire plus. Un Graal émotionnel que j’ai, par chance ou malchance, pu ressentir, à l’occasion de mon dépucelage auroral totalement inattendu il y a une douzaine d’années. Un Graal émotionnel que je cherche donc à revivre depuis, que je souhaite à chacun d’éprouver tant il dépasse l’entendement, et qui motivera une nouvelle évasion avec son lot d’aspiration, d’inspirations, de gorge serrée, de larmes versées et d’éblouissement certain… Et finalement, ne pas être sûr de ce que l’on va découvrir ailleurs est une belle façon de ne pas se lasser du voyage…

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On a beau dire, il y a des choses importantes dans la vie. Comme se trouver un trou, ni trop grand pour ne pas s’y perdre ni trop petit pour ne pas y étouffer, où l’on se sente chez soi, à l’abri des regards et de toute agression extérieure, libre de lire en toute tranquillité comme sur son canapé ou de faire la sieste tout en captant nonchalamment la chaleur du soleil depuis son lit…

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