Photo-graphies et un peu plus…

Il est des mots que l’on aime particulièrement, essentiellement du fait de leur sonorité. Ephémère, funambule, éclipse… En les lisant à voix haute, j’ai la sensation d’être transportée dans un pays où la musique est faite de mots. J’ajoute à cette micro liste la libellule. Libellule, libellule, libellule… Qui ferait aussi partie d’un top 10 à définir. Un mot qui ne s’utilise qu’avec parcimonie pour la citadine que je suis, les libellules ne faisant que trop peu partie du paysage urbain classique… De fait, c’est toujours un enchantement de les croiser et de pouvoir s’exclamer : « Oh, une libellule ! ». Avec ce corps si fin et irisé, ces longues ailes translucides, cette habileté dans le vol (elles battent des ailes 40 fois par seconde), on les croirait sorties d’un livre de conte pour enfants. Un conte un peu osé, il faut l’avouer, mais tout cela est très allégorique !

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Un squelette pour moi, c’est évident. Et rien à voir avec les événements récents ! J’ai toujours vu un squelette sur cette photo.  En extension, donc étrangement dynamique pour sa condition, mais un squelette quand même. Ce que je n’arrive toujours pas à comprendre, c’est comment les artificiers ont fait pour réussir à représenter un squelette avec des fusées ! Un drôle de hasard, un drôle d’angle, une drôle d’icône… Et le déclic à un instant clé.

Fait partie de ces images sur lesquelles on ne décide rien, sur lesquelles on n’a pas la main. On déclenche,  à un moment que l’on estime intéressant, sans savoir ce qui restera dans la boîte. D’autant qu’il s’agit d’une photo prise avec un bon vieil argentique, qu’avant de découvrir les photos, il faut aller au bout de la pellicule, l’amener chez le photographe, attendre le temps du développement, retourner chercher la pellicule, ouvrir l’enveloppe…  Tout un process qui avait un certain sens… On allait chercher nos photos. Envolé tout cela, enfin, en grande majorité. Aujourd’hui, le premier réflexe, avec nos engins numériques, est de visionner les images sitôt faites. Certes, cela peut être une façon d’ajuster un cadrage, de vérifier une lumière…  Mais, c’est souvent une manifestation d’impatience. Avoir et voir tout, tout de suite. Ceci dit, à trop attendre, voilà ce que l’on devient ! Une chose un peu éphémère qui arrive on ne sait trop comment et qui s’évanouit, comme par magie, dans un nuage de fumée, on ne sait trop comment non plus.

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« Des bruits répétés. Des bruits répétés et très forts. Sur la porte. Quelqu’un frappe violemment sur la porte. Insiste. Les coups ne s’arrêtent pas. La cuisine est balayée par une lampe torche. Police. » (…)

Reportage fortuit à Montréal, une courte nuit de samedi à dimanche…

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Paris. Un classique soir d’hiver dans le 9e arrondissement. 14°C. Ou peut-être 13. Les lampadaires ont été remplacés par des ampoules géantes. La rue est ridiculement étroite. Je l’emprunte pour cette raison. J’ai des affinités non élucidées avec ce type de voie, j’en ai déjà parlé. Autant dire qu’avec la pluie, la nuit, les reflets, la silhouette et le parapluie, je suis aux anges.

Un polar ? Oui, j’ai peut-être été marquée par un polar étant petite. Ou alors, j’ai été abandonnée un soir de pluie, dans une vie antérieure, et cette image de personne s’éloignant dans la pénombre est celle que j’ai gardée de ma famille d’alors ? Cet événement tragique a laissé en moi une empreinte karmique indélébile (oui, je suis devenue bouddhiste entre temps) et, aujourd’hui, chaque fois que je me retrouve dans un tel environnement, j’ai une petite décharge… Je crois qu’il va surtout falloir creuser encore un peu.

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Quelque part sur des rails. En mouvement. Temps en suspens. Une libération en quelque sorte. On se laisse transporter avec la conscience de n’y être pour rien. Temps à soi. Un paradoxe : le temps s’arrête alors que tout bouge autour… Occupations passagères : lecture, écoute partagée de musique, visionnage de film, écriture, discussion, sieste, méditation, ou encore, contemplation du paysage qui défile plus ou moins vite selon l’endroit où se porte le regard…

La vitesse uniformise tout, transforme ce qui est proche en lignes dansantes, mais épargne les formes lointaines qui demeurent des arbres, des maisons, des tracteurs, des vaches… Le soleil aveugle, le rideau abaissé limite ses ardeurs. Nouvelle transmutation. Après les traits monochromes, les points irisés. Redécouverte d’un monde en pointillé.

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Notre mémoire est-elle faite d’images partielles comme celle-ci, de foules de souvenirs s’effaçant avec le temps et remplacés progressivement par du vide, par du blanc ? Et que reste-t-il, finalement, de ce blackout inéluctable mais salutaire ?

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« J’ai les moyens de vous faire parler ! » lance sèchement une lumière vive à un annuaire téléphonique qui retient ses mots !

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Les rais ardents du soleil assèchent tout, les cours d’eau, les herbes folles, les yeux marrons. Une cascade d’eau sur ces attributs voyeurs résout tout. Enfin, en partie… Si le flot, comme la pomme, file rapidement rafraîchir l’humus, une fine pellicule d’eau fait de la résistance et reste fermement amarrée aux yeux. Rideau.

En un rien de temps, tout ce qui était parfaitement défini et identifiable perd la mémoire. Le flou total, qui fait naître de nouvelles formes. Arbre de Noël aux branches attirées par les hauteurs serties de guirlandes estivales aux boules de ciel bleu, de lumière blanche et de feuilles vertes. Mélange confus et inextricable de billes abstraites impossibles à attraper. Magma magnifique que l’on ne peut toucher qu’avec les yeux. Embués.

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Un paysage urbain, un métro aérien, des chemins de traverse, des poutres métalliques.

Qui se croisent, qui se fuient.

Jumelage contrasté, et même forcé.

Une route toute tracée.

Promenade acrobatique.

Le vide d’à côté ?

Une formalité.

Et à l’horizon, quelle option ?

L’évasion dans la lumière, le retour tête à l’envers ?

La photo-matière, un fascinant jeu.

De recomposition.

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Certaines paires de lunettes permettent de voir mieux de près, d’autres, de loin, quand ce n’est pas les deux à la fois. Il en existe aussi qui sont préconisées par beau temps, les lunettes de soleil. Elles assombrissent plus ou moins tout et altèrent les couleurs, mais préservent les pupilles fragiles. Et puis, il y a les lunettes de nuit, que l’on ne trouve qu’exceptionnellement après avoir chiné des lustres durant sur les brocantes et vide-greniers d’ici et d’ailleurs. A priori, aucune différence avec les autres malgré la mise en garde du vendeur. Même forme, mêmes branches, un peu plus lourdes en revanche, et des verres totalement opaques à la lumière.

Mais une fois sur les yeux, la vie nocturne prend une toute autre tournure. L’acclimatation à ce nouveau révélateur passée, des formes étranges commencent à apparaître. D’abord une, puis deux, puis beaucoup… Elles ont vaguement une forme humaine, très effilées, avec une toute petite tête luminescente – un point quasiment -, et avancent toutes dans une unique direction d’un même pas lent comme si elles savaient le chemin long jusqu’à l’arrivée… Premier réflexe évidemment, retirer dare-dare les lunettes. Plus rien, nada, tout redevient normal. Second réflexe : les remettre aussitôt. Plus rien, nada, l’obscurité totale. Qui étaient-elles ?

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