Il n’est pas tous les jours facile d’être une lilliputienne au pays de Gulliver… Regardez-là, même si on ne la remarque pas tout de suite et si elle réussit à se donner bonne allure dans son uniforme de marin, elle n’en apparaît pas moins totalement noyée entre ces deux double troncs-amarres ! Si encore d’immenses paquebots venaient s’y accrocher ou s’il y avait des marées, on pourrait comprendre cette disproportion. Mais non, les navires qui viennent déverser cycliquement leur lot de touristes en quête d’une authenticité inversement proportionnelle à leur nombre, ont des tailles tout à fait honnêtes et raisonnables, et qui plus est, il s’agit d’un lac ! Alors, pourquoi cette folie des grandeurs ? Peut-être simplement parce que nous nous apprêtons à poser les pieds sur l’Ile Supérieure…
… madame fait les ongles de pieds de monsieur sur la plage, publique, comme elle s’y attèle probablement chez eux, dans leur salon, leur chambre, leur salle de bains, que sais-je ?, en tout cas, dans une pièce fermée, avec des murs, hauts, éventuellement des fenêtres, mais à l’abri des regards extérieurs, sauf s’ils sont indiscrets. C’est le son si caractéristique du coupe-ongles à l’ouvrage qui attire notre attention. Un bref claquement métallique réussissant à se détacher de tous ceux qui parcourent habituellement une plage, les rires aigus des enfants surexcités, les impacts secs de balle sur les raquettes de jokari, les cris superposés des mouettes volant derrière les chalutiers de retour au porc, euh, port, avec leur moisson de poissons du jour, les claques répétées des vagues sur le sable mouillé, le vent régulier dans les parasols colorés, les froissements impatients des paquets de gâteaux au chocolat, le message laconique des secouristes perchés espérant que les parents du petit Ryan viendront le chercher, bientôt…
Tout cela à la fois. Le coupe-ongle coupe littéralement le son ! Rires à peine contenus de l’assemblée témoin. Vous savez, ce rire qui s’échappe de nous lorsque l’on se retrouve face à une situation incongrue, déplacée, grotesque. Sans ciller, madame continue à couper. Elle ne voit pas que tout le monde s’est figé comme si un flashmob géant d’une partie d’1, 2, 3 Soleil était lancée ; elle ne voit pas que tout le monde la regarde, toute affairée qu’elle est à faire un sort au gros orteil pas commode ! Elle n’entend donc pas non plus que ce monde s’est tu et que le seul son que l’on entende à des kilomètres est celui de son coupe-ongle…
L’autre jour, dans le métro, j’ai eu l’impression de reconnaître quelqu’un. Quand on prend tous les jours la même ligne, à peu près aux mêmes heures, il n’y a rien d’étonnant à cela. C’est même logique. Sauf que je ne prends pas le métro tous les jours et que j’ai croisé cette personne, j’en suis sûre maintenant, à des heures et sur des lignes différentes. Elle aurait donc pu passer totalement inaperçue, ce qui est le cas de la grande majorité des personnes à côté desquelles nous marchons dans notre vie. Mais, elle, on ne pouvait que la remarquer. A chaque fois, ce petit bout de femme d’une quarantaine d’années était assise dans un sas à 4 places et en occupait deux. Non qu’elle en imposait, mais parce qu’elle transportait toujours avec elle une pile de livres, une boîte de biscuits ou gâteaux et un thermos avec du thé. Je n’ai d’ailleurs jamais vu ses yeux, toujours rivés sur les lignes d’un livre. On l’entendait simplement rire parfois, on la voyait aussi se tamponner les yeux avec son mouchoir en tissu… Tout le monde respectait cela et personne ne lui a jamais demandé de débarrasser ses affaires. Bien évidemment, elle avait la présence d’esprit – même si cette attitude la faisait souvent passer pour une douce illuminée (il m’était déjà arrivé plusieurs fois d’en parler avec d’autres voyageurs et chacun y allait de son hypothèse) – de ne pas prendre le métro aux heures de pointe. Mais la raison du rituel continuait à m’échapper.
Aussi, après une bonne vingtaine de rencontres fortuites, je me suis décidée à lui poser la question. Pour comprendre. Je fais partie de ces personnes qui croient qu’il y a toujours des raisons aux choses, et qu’il existe peut-être même des raisons aux raisons…
– Excusez-moi ? (quelle étrange habitude que de s’excuser avant d’engager toute conversation avec un inconnu !)
Je suis obligée de répéter ma question deux fois en m’approchant à chaque fois un peu plus d’elle car elle est totalement absorbée par sa lecture et n’est sûrement que très rarement, si ce n’est jamais, importunée lors de ses voyages. Elle lève enfin les yeux, mais pas la tête, déjà prête à retourner dans son livre… Hum… « A la recherche du temps perdu » aujourd’hui. Rien que cela.
– Puis-je vous poser une question? je tente.
Sitôt, un léger sourire apparaît sur son visage. Elle prend machinalement un marque-page attendant son heure sur le siège à côté, le place à la page 232 du tome 2 en prenant soin de le faire légèrement dépasser pour retrouver rapidement sa page une fois l’intermède fini.
– Oui ! lâche-t-elle comme si elle s’apprêtait à faire un 100 mètres.
– Que faites-vous ? Je veux dire… Je bafouille. Tout d’un coup, le ridicule de la situation me saute aux yeux, mais il est déjà trop tard… Je reprends. Cela fait plusieurs fois que je vous vois dans le métro, à lire…
– Tout le monde lit dans le métro, m’interrompt-elle, sachant bien que cette réponse ne me satisferait pas.
– Certes. Mais, il y a lire et lire, lui dis-je en montrant son thermos, ses livres et ses gâteaux du regard.
– Il y a quelques années, j’ai choisi de travailler chez moi. Du jour au lendemain, je n’avais plus à prendre les transports ! Un vrai bonheur ! Sauf qu’au bout de quelques mois, j’ai réalisé que je n’avais pas ouvert un seul livre depuis ce changement et que ça me manquait… Parce que, comme beaucoup justement, je lisais essentiellement dans les transports ! Et j’adorais lire dans le métro. J’ai retourné le problème dans tous les sens et ai fini par me dire que la seule façon de reprendre la lecture était de prendre à nouveau les transports. Pas avec le but d’aller quelque part cette fois-ci, mais d’y faire quelque chose : lire. Je conçois que cela soit étrange, mais j’y ai trouvé mon équilibre. Je continue à travailler de chez moi, donc suis libre d’organiser mes journées comme je le souhaite. Alors, voilà, chaque jour, je me pose dans un wagon pour lire…
Je ne m’attendais pas à ce que l’explication, quelle qu’elle soit, sorte aussi facilement et aimablement. Je suis presque déçue.
– Et vous restez dans la même rame ?
– Oui, oui ! Les chauffeurs ont l’habitude de me voir maintenant et ils ne m’obligent plus à sortir au terminus. Les pauses sont parfois longues au garage d’ailleurs avant que le métro ne reparte dans l’autre direction… C’est assez étrange. Au bout de deux, trois allers-retours, je range mes affaires et je sors, rassasiée !
– Mais, pourquoi ne pas vous installer dans votre canapé, chez vous, ou dans un café ? C’est plus confortable que le métro !
– J’ai essayé. Il n’y a pas assez de bruit, ou alors, pas les bons, pas assez de mouvement. J’aime bien être ballotée. Cela rythme la lecture… Vous savez, quand on prend l’habitude de faire quelque chose dans un certain environnement, il devient très difficile de le faire ailleurs. Cela fait 4 ans que je fais cela et je n’ai jamais aussi bien et autant lu…
Sur ces derniers mots, elle m’a regardée avec le même sourire qu’au début de notre échange, clignant rapidement des yeux, puis a plongé sa main gauche dans un sachet marron opaque et en a sorti deux petites madeleines maison desquelles s’échappait une douce odeur de vanille.
On peut vivre avec son temps sans vraiment accepter tout ce qui l’accompagne ! Ainsi en est-il de cette dame noyée dans la masse des 5 milliards d’abonnés à un téléphone portable… Oui, oui, il n’y a pas d’erreur ni d’exagération dans ce nombre frais de juillet dernier, totalement vertigineux au regard du nombre de personnes (6,8 milliards) vivant sur cette planète à antennes ! Certes, ce chiffre ne doit pas faire croire que 3 personnes sur 4 possèdent un cellulaire ; ce n’est pas le cas. Ceci dit, ce dernier ne pourra qu’augmenter au fur et à mesure que les habitants de pays, comme la Chine ou l’Inde par exemple, s’équiperont. Deux millions de primo-accédants chaque jour, des fonctionnalités toujours plus diverses et étonnantes qui ne feront qu’imposer encore plus ces ondes électromagnétiques dans nos vies ! Et des questions en suspens comme celle, récurrente, de l’innocuité des ondes sur nos petits cerveaux. Avec la manne financière qu’une telle unanimité représente, difficile de penser que quelqu’un osera brandir un principe de précaution fort pour en interdire l’usage.
Mais je m’égare, comme souvent. La dame donc. Qui s’est réfugiée dans une cabine téléphonique d’où elle appelle avec son portable… L’image est amusante. Elle a fait la moitié du chemin vers la modernité : gagner en liberté grâce à ce parallélépipède bourré d’une électronique de pointe à rapprocher les êtres, la perdre aussitôt en choisissant de ne pas profiter de son aspect « mobilité », l’apport essentiel de ces dispositifs portatifs un brin envahissant. Car la modernité a aussi gonflé le flux automobile « Ah, tu es dans la rue ! », et de fait, le niveau sonore de la cité, faisant de ces cages de verre en voie de disparition des refuges d’un temps où l’on n’avait pas besoin de crier pour se faire entendre.
A qui appartient la ville ? On dit : « Dans « ma » ville, on fait ci, il y a ça… » Comme on s’approprie la société où l’on travaille, oubliant parfois, que c’est, en fait, la société pour laquelle on travaille. La nuance est importante. C’est cela, ce fameux « sentiment d’appartenance » à un groupe que d’aucuns tentent de faire naître. Mais c’est un autre sujet. Revenons à la ville. A Venise, la ville romantique par excellence. Inutile d’en faire l’article, tout le monde est en mesure de s’imaginer se perdre dans ses venelles labyrinthiques, se laisser bercer dans une gondole, simuler l’amour du café serré ou se cacher derrière un masque à plumes. Autant de clichés qui pourraient faire croire que cette ville appartient à chacun.
Un sentiment qui n’est pas partagé par tout le monde. Arrière toute ! Un matin brumeux, je me poste sur un des nombreux ponts de la cité des doges pour dessiner. Autant dire, faire quelque chose d’extrêmement banal dans cette ville représentée de toutes les façons possibles et imaginables, sur tous les supports disponibles sur Terre. Au bout de quelques minutes, débarque, furibonde, une femme, d’une quarantaine d’années. Elle m’interpelle en français, n’est pas italienne mais vit ici. Précisément dans la bâtisse dont j’essaye de tirer le portrait avec ses voisines. Cinq minutes pendant lesquelles elle vocifère, entre autres, que je n’ai pas le droit de dessiner sa maison, qu’elle en a marre de ce ballet incessant de personnes qui peignent pour ensuite vendre leurs tableaux sur les marchés (ce que je n’ai pas prévu de faire). Au final, elle menace d’appeler la police. L’agression verbale est réelle, tout comme la folie de cette pauvre femme, probablement. Evidemment, cela ne tient absolument pas debout, mais je suis sur un pont, je préfère donc ranger mes crayons et tenter ma chance ailleurs.
Cette expérience, qui me fait penser que cette hystérique a très mal choisi sa ville si elle désire vivre dans la tranquillité et la solitude, amène donc la question première : à qui appartient la ville où l’on vit ? A ses habitants ? A ceux qui la traversent ? Et est-ce vraiment une question qui se pose ? Politiquement, certainement, un maire ayant tout intérêt (ou pas) à ce que ses concitoyens s’impliquent et s’approprient leur ville, qu’elle ne soit pas seulement une adresse postale. Et dès lors que la ville appartient à « quelqu’un », quels droits et quels devoirs cela donne-t-il à l’heureux propriétaire ? Faire en sorte que la vie y soit meilleure pour tous, d’où qu’ils viennent ? Certainement pas ce que faisait cette fille sur le pont qui, sans aucun doute, estimait que Venise était sienne…
C’est sur ce genre de détails que les publicitaires devraient mesurer l’impact de leurs annonces ! Une banale affiche A4 noir et blanc vantant les avantages d’un cours de boxe malto-thaï – un concept en soi à coup sûr – où, vraisemblablement, vous ne rencontrez que de jolies filles, sachant se défendre ! Et un trou net et sans bavure dans le carreau, juste au dessus, histoire de montrer à quel point (ah ah) cette publicité est tout sauf mensongère et que ce cours ne pourra vous donner qu’entière satisfaction ! Voici donc l’exemple parfait de pub coup de poing ! Une suite un peu cheap à Canular ? peut-être, mais surtout mieux pansée… euh, pensée ! Encore que, cette idée révolutionnaire, si elle ne coûte rien en papier, devrait faire le bonheur des vitriers !
« Après les avoir tant attendus – le soleil et son corolaire, la chaleur -, et à peine une semaine après les avoir enfin eus, nous en sommes tous là ! A vouloir mettre les pieds dans l’eau pour faire un tant soi peu diminuer la température de notre corps absorbant… Peu importe le costume ou le tailleur, la chaleur bannit les réserves sociales ! Pour ceux qui n’ont pas la mer à portée de pieds, les villes regorgent de canaux, bassins et de fontaines publics, pris d’assaut dès les premières heures de la journée ! En dépit de toute règle élémentaire d’hygiène, on s’y jette, on s’y noie, on y boit la tasse, on s’y asperge dans une allégresse quasi juvénile, avant de s’allonger sur une serviette de plage comme si on y était… De doux moments de légèreté pour compenser la lourdeur atmosphérique ! »
Ceci est une expérience de vérification de la reproductibilité d’un phénomène singulier. Ce duo aura peut-être d’ailleurs un air de déjà-vu pour les plus attentifs. Et ils auront raison. Je l’ai publié le 26 juin dernier. Et la raison qui me pousse à le remettre au goût du jour est purement statistique. Toute personne créant un site ou diffusant des informations sur un réseau quelconque attend forcément une manifestation concrète de ses invisibles visiteurs. Jeter ses mots, ses vidéos, ses images ou toute autre chose en pâture dans cette jungle tentaculaire où l’on peut aisément se perdre si l’on ne s’y aventure pas avec un but précis, trouve, à mon sens, sa justification dans cet espoir, un peu fou et un brin mégalomaniaque, que quelqu’un les attrape au vol, s’y accroche et réagisse. Des commentaires dans le meilleur des cas, des petits pouces levés ou des « plus » actionnés parfois, rien souvent. Ce qui n’est pas totalement déstabilisant. Car le transmetteur a un mouchard. Des tableaux lui délivrant des quantités de chiffres qu’il ne comprend pas toujours. Et ce n’est pas grave non plus car celui qui l’intéresse est bien mis en avant : le nombre de visiteurs par période choisie. En l’occurrence, www.loucamino.com peut se féliciter d’un nombre croissant de visiteurs quotidiens. Un chiffre passé de 22 personnes en février dernier à 120 aujourd’hui (dont mon plus grand fan peut-être, le géantissime robot de Mountain View…). Donc merci à vous, chers zieuteurs, les vrais ! Lire ces statistiques revient cependant un peu à interpréter l’électrocardiogramme d’un patient au pouls souvent régulier, mais souffrant d’une légère arythmie, faisant ainsi apparaître, de temps à autres, des pics très élevés. Indépendamment du fait que cela biaise les statistiques, ces artefacts posent surtout des questions : pourquoi cette affluence en août où la Terre tourne plutôt au ralenti ? Et quel est ce duo qui a suscité une telle convergence des internautes vers lui ? 510 visiteurs en une seule journée (le record, à battre, de ce présent site). Je pense aux rares duos où le mot sexe est apparu, notamment à L’un des sens de la libellule où, au final, le mot n’est même pas utilisé. En fait, ce record a été atteint le 26 juin dernier, avec, vous vous en doutez probablement maintenant, le duo ressuscité ci-dessus (j’ai remis les mêmes mots clés aussi, une recherche sur la juxtaposition des deux mots en « f » ayant pu aussi, en pleine chaleur estivale, conduire à ce post…). Ce qui suscite une nouvelle interrogation. Pourquoi celui-ci plutôt qu’un autre ? D’où cette réédition, afin de vérifier si ce chiffre est vraiment lié à ce duo. Je serais d’ailleurs reconnaissante à ses adorateurs de m’expliquer en quoi elle se démarque tant des autres. Evidemment, si tel n’est pas le cas, cela fera naître une autre question : comment s’explique l’inexpliquable ?
Petite astérisque, comme on le voit sur les publicités diffusées dans des espaces francophones mais arborant un slogan en anglais… Juste, fais-le ! par exemple. L’original, Just do it, sonne mieux quand même. Bref. Donc « Buvez du café. Faites des choses stupides plus rapidement avec encore plus d’énergie ! » C’est drôle. Si, si, c’est drôle. Mais le plus drôle n’est pas la phrase, mais plutôt la dame sensée la prononcer ! Une femme au sourire ultrabright* qui semble tout droit sortie d’une maison de banlieue américaine des années 50 et que l’on n’imagine pas vraiment faire des choses stupides. Ou éventuellement, passer l’aspirateur à reculons. Et peut-être encore moins, boire du café. Ce qui expliquerait cela… Donc, pourquoi cette ic(ô)ne domestique avec une telle ode à la liberté ? Un premier cri féministe ?
Ocean Beach, San Francisco. Venant du cœur de la ville par Fulton Street, c’est déjà le bout du monde. La route se termine et de l’autre côté, on se retrouve seul face à l’infini de l’océan. Une langue de sable interminable désertée en semaine, probablement bondée le week-end, fait la transition. Ocean Beach… Avant même d’y poser le pied, je suis renvoyée vers la fiction. Un film. Dark City. Et cette plage dont tout le monde est capable de dire où elle se trouve, mais qu’il est impossible d’atteindre – le train ne s’arrêtant pas à la station. Un mirage, résidu de la mémoire de l’humanité en cours de manipulation. Shell Beach. C’est son nom. Ocean Beach a cet air de Shell Beach quand on sort du bus 38. A la différence près qu’on y arrive…
Et finalement, une fois les pieds bien ancrés dans les grains de silice, l’illusion s’efface, aussitôt remplacée par une autre impression à la vue de ce couple contemplatif. Celle d’être au Japon. Voyage tout aussi fictionnel que le premier, qui l’était par nature, puisque pays demeurant pour l’heure inconnu. Cela ne tient pas à grand chose. L’origine hypothétique du duo et puis, surtout, l’ombrelle. Cette ombrelle me rappelle quelque chose. Je creuse. En direct. Une image me revient. Une vieille femme, japonaise, s’accrochant à son parapluie, que la force du vent et de la pluie a pourtant retourné. C’est une affiche de film. J’en ai conservé une reproduction pendant des années, fascinée par ce face à face entre l’homme (la femme en l’occurrence) et la nature… Rhapsodie en août d’Akira Kurosawa. Même pas vu. C’est bien cette image que réveille la vision de cette ombrelle, même si les conditions climatiques sont ici plus clémentes. Et finalement, après Dark City, la fiction aura conditionné ma découverte du lieu du début à la fin… Etrange comme toutes ces images, réelles ou imaginées, se mêlent pour ne former plus qu’un magma sans cesse alimenté de représentations du monde.
Et réciproquement. Pendant quelques minutes, cette baigneuse vespérale demeure là, face à l’horizon, figée, les pieds rafraîchis par le va-et-vient de la mer descendante. Autour d’elle, les vagues prennent aussi leur temps, s’allongent sur le sable, s’enroulent élégamment. Elle est seule, dans sa bulle de contemplation, enrobée par le doux mais incessant bruit du ressac. Trois mètres derrière elle à peine, un tumulte dont elle n’a, il faut l’espérer, que vaguement conscience. Une balade post-dînatoire organisée : des joggers, des familles entières ou partielles, des badauds, bavards, se croisant et se décroisant sur la digue, et s’émerveillant devant les deux trois courageux qui osent encore se mouiller à cette heure avancée et venteuse de la soirée.
En pratique, toutes les photos figurant sur ce site sont en vente. N'hésitez pas à me contacter pour plus de renseignements !
Un tour du Soleil en duos : 6e année en cours
Pour (re)découvrir en un clin d’œil et sur une seule page les micro-histoires photographiques publiées en ces lieux virtuels :
- entre le 22/02/2010 et le 22/02/2011, voici Un tour du Soleil en duos…
“Sur une branche, perchée avec…”, un rendez-vous quotidien avec un membre de l’échomunauté… Tout de suite, Julien Peigney. Quelle est la place de la photographie dans ta vie ? La photographie reste pour moi un moment de souvenirs. Je prends peu de photos et ne possède d’ailleurs aucun appareil pour le moment hormis l’APN de […]