Photo-graphies et un peu plus…

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Allongée sur le sable, à attendre qu’une masse brune fende l’air et la lumière…

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Un bocal – sans poisson rouge – débordant de boutons – multicolores donc rouges par moments, la lumière n’ayant pas encore eu raison de leur teinte -, comme ça, pressé contre la vitrine d’une retoucheuse du 4e arrondissement, l’air de rien, ultimes souvenirs de jupes à carreaux, vestes à rayures, robes à pois, pantalons zébrés, chemises à fleurs savamment démantibulés et transformés en chiffons après une bataille sans merci avec des mains sachant pourtant être délicates… Imaginez un peu les histoires qu’ils se racontent ainsi les uns contre les autres dans une promiscuité qui devrait aider les utilisateurs de la ligne 13 à relativiser quelque peu leur condition quotidienne (parisian joke, pardon !).

Ce qui ne transparaît pas ici est la guerre intestine qui se joue entre les boutons au sein même du bocal. Chaque matin, depuis 16 ans, un enfant de l’école voisine est invité par madame la retoucheuse à plonger sa main dans la masse constamment alimentée afin de la retourner et de faire bouger les lignes de front. Tous font ce geste à la fois avec délectation et sérieux comme si c’était le plus important de leur courte journée. Au même moment, une grappe de camarades se bouscule de l’autre côté de la vitre pour assister au spectacle sans cesse renouvelé de la rotation des boutons, comme celle des manchots sur la banquise en hiver. Il faut les voir se pousser les uns les autres, les boutons, les petits, les grands, les en plastique, les en tissu, tout ça, pour accéder à ce quart d’heure de célébrité promis à tous, même aux boutons, par Andy Warhol, et pouvoir se retrouver ainsi, le temps d’une journée, sous le feu des projecteurs ! On tient le fil ! Coupez !

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