Photo-graphies et un peu plus…

La terre a chaud, elle sue, elle craque. L’océan a froid, il saisit, il plombe. L’atmosphère. Ces deux-là n’arrivent pas à s’entendre. Elle montre les crocs, il lui répond en grondant. Terre et océan se repoussent l’un l’autre avec tant de force qu’émerge de cette joute naturelle un étonnant blanc nuage de colère. Qui, progressivement, ne fait qu’épaissir le mystère de cette contiguïté. Dispute thermique. C’est chaud !

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Oui, mais laquelle ? La vie serait vraisemblablement totalement différente avec quelques centimètres de plus… Certes, d’en bas, le point de vue est tout autre, mais sans doute plus amusant… Carpe Diem !

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Depuis l’autre côté du lac, cette masse montagneuse, rocailleuse, abrupte, tourmentée, voilée par une timide brume de lumière et obstruant totalement l’horizon semble ne pas vraiment exister. Elle est pourtant bien là, à la fois menaçante et fascinante. Impossible de détourner le regard tant la perspective m’est inédite. On me dirait que cette succession de parois infranchissables sort tout droit d’une colère antédiluvienne de la Terre, je le croirais sur le champ ! Le contraste n’en est alors que plus saisissant avec cette colline verdoyante posée sur l’eau, à la pente parfaite, idéalement boisée et parsemée de belles demeures où l’on imagine sans mal la vie douce et empreinte d’une inspirante sérénité.

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Avec l’hiver, les buissons ardents séparant le chemin du fleuve se sont mus en de frêles brindilles. Des petites tiges caduques et figées s’extrayant tant bien que mal d’une neige légère mais envahissante, et signalant, par leur présence, tel un acte de bienveillante résistance, une frontière désormais invisible et impalpable entre la terre et l’eau claire.

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Réalisé sans trucage numérique. C’est une mention qui apparaît de temps en temps sur des portfolios de photographes aux images parfois si étonnantes et si extra-ordinaires que l’observateur pressé en déduit, presque instantanément, qu’elles ont simplement fait un petit détour par la case « logiciel de retouche ». De la correction cosmétique (un peu de lumière par ci, un peu de contraste par là) à la chirurgie esthétique lourde (et hop, on retire ce type en arrière plan qui gâche ma perspective) en passant par l’exobiologie (et si je rajoutais quelques lapins existentialistes autour de cet arbre, et deux ou trois lunes dans le ciel, et peut-être même une tornade en arrière plan), la PNM (Photo Numériquement Modifiée) revêt une multitude de formes. En théorie, à l’instar des plus connus OGM, la PNM vise à améliorer l’image originale.

Ainsi, par l’ajout de cette légende de quatre mots, l’auteur de l’image se positionne-t-il en artiste, authentifie-t-il son travail de création, sa maîtrise technique de l’outil, ainsi qu’une réelle recherche esthétique. Autrement dit, il n’a pas simplement appliqué le filtre « contours lumineux » ou « océan » à une image, au demeurant plutôt quelconque, dans l’espoir de la sublimer. Ce qui n’empêche pas à la PNM d’être un choix d’artiste et d’être, parfois, à l’origine de merveilles iconographiques. Reste que pour un photographe désireux de préserver une certaine pureté ou vérité de l’image, et ainsi, de montrer que la photographie n’est pas morte, elle est, aujourd’hui, presque un fléau contre lequel il doit se battre. Evidemment, en agissant de la sorte, il s’expose à cette question aussi classique  que le « t’es où ? » téléphonique : « comment avez-vous fait pour obtenir cet effet naturellement ? » Comme si un magicien dévoilait ses tours ! Quid de cette image alors ? Et bien, ce n’est pas une photographie ! Ce qui est donc une manipulation. De l’esprit. La seule dans ce cas puisque tout le reste est « naturel ». Comme le dit la légende.

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C’est-à-dire, qu’ainsi allongé, on irait bien caresser la crinière et chatouiller le flanc de ce lion nonchalant, offrant la pause à ces êtres étranges se déplaçant uniquement dans des boîtes métalliques sur roulettes et n’en sortant jamais, si ce n’est par le bout du bras afin d’indiquer une direction qui n’a de sens que pour eux, un geste assorti généralement de sons bizarres, parfois incohérents, et de mouvements intempestifs de leurs congénères. « Voilà qu’ils s’émeuvent probablement pour une hyène ! » pense peut-être, désespéré par ce manque de discernement, le roi fainéant. Soi dit en passant, même s’il n’est que celui des animaux, quelle image de la royauté que cette réputation qu’il traîne avec lui. Jusqu’à ce qu’il réalise, enfin, que c’est vers lui que les yeux fous de ces hommes en cage sont tournés, condamnés à se satisfaire d’une image de la liberté…

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Pas la chanson mémorable de Babs, le jeu, le Memory, celui qui a inévitablement bercé l’enfance de toute personne née après 1959 ! Un double jeu de cartes aux images identiques, carrées, que l’on mélange et puis étale religieusement sur une table bien plane (pour ne pas voir ce qu’il y a de l’autre côté). A chaque tour, un joueur retourne deux cartes, d’abord au hasard. Si, par chance, ce sont les mêmes, il les emporte avec lui. Si, au contraire, elles sont différentes, il les repose tout en mémorisant bien leur position… Et cela passe à quelqu’un d’autre. L’objectif étant de retrouver les paires au fur et à mesure que les cartes sont soulevées et dévoilées par les uns et les autres. D’où l’importance d’être extrêmement concentré à tout moment. Un véritable exercice de mémoire dont j’ai abusé et qui, j’en suis fondamentalement sûre, a contribué  au développement d’une certaine mémoire… photographique. Celle-là même qui, notamment, me permet de me repérer facilement dans n’importe quelle ville inconnue, mais, étrangement, de me perdre allègrement dans un parc, comme Central Park. Tous ces arbres…

Bien. Extraire une photo d’une base de données en comptant plusieurs milliers pour la mettre sous le feu des projecteurs et lui donner vie aux yeux des regards étrangers, relève du même exercice ou jeu de mémoire. Celui de savoir, toujours un peu plus à chaque fois qu’elle est parcourue, ce qu’il y a dans cette base. On finit par se balader mentalement entre les images et les dossiers comme dans les rues d’une ville imaginaire qui s’étendrait au fur et à mesure que le stock de photos s’agrandit. « A droite, tu trouves les photos de Malte ; là, si tu continues tout droit jusqu’au troisième dossier à gauche, il y a quelques essais d’ombres à la galerie du Jeu de Paume. Juste derrière, on s’envole vers l’Italie. Et là-bas, tout au fond, il y a les photos d’enfance… » Cela ferait une belle installation ! Mais j’en perds le fil… Fichue mémoire. Avoir toutes ces images à l’esprit amène forcément à faire quelques connexions en temps réel. « Cela me fait penser à … ou à … » Un jeu de Memory, légèrement plus élaboré, se crée inconsciemment sous nos yeux. Le but n’est alors pas de retrouver deux images identiques (encore que cela pourrait être instructif) mais plutôt similaires. Ainsi en est-il de ces deux-là que tout oppose mais dont la filiation saute aux yeux. Par cette verticalité symbolique, par ce trio de lignes coupant l’espace en trois, trois chemins de terre bien découpés dans un parc royal suédois ; trois tours identiques se découpant dans un ciel bleu new-yorkais. J’avais, pendant quelques jours, retourné la photo du bas. Comme si les buildings n’étaient autres que les racines des arbres… Mais alors, ce qui précède, pensé en léger différé, ne fonctionnait plus. Or, une question se pose chaque jour : qui, du texte ou de l’image, l’emporte sur l’autre ? Suivie d’une autre : faut-il que cette question ait une réponse ?

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