Photo-graphies et un peu plus…

Comment ? Y a quelqu’un qui parle comme maman ? Ah oui ! Y a quelqu’un qui parle comme maman… Ohé ! Une seconde après : Ohé ! Une autre seconde plus tard encore : Ohé ! Clap clap clap ! C’est vrai, dis donc ! C’est vrai dis donc... C’est vrai dis donc… C’est l’écho ! C’est l’écho ! C’est l’écho ! C’est quoi ? C’est quoi ? L’écho ! L’écho ! Il est toujours là, celui-là, celui-là, celui-là… Il nous suit, nous suit, nous suit… Dans le métro, métro, métro, la cage d’escalier calier calier ou même à la montagne, montagne, montagne… Eee-cchooo ? Eee-cchooo ! Eee-cchooo ! C’est amusant quand même… C’est amusant quand même… Mais, t’arrête euh ! Mais, t’arrête euh ! Non, franchement, là, ce n’est plus drôle ! Non, franchement, là, ce n’est plus drôle ! J’en ai marrrrrrrreeeeeeeee ! J’en ai marrrrrreeeeeeee ! Il ne se fatigue jamais jamais jamais de faire le perroquet perroquet perroquet comme ça, comme ça, comme ça, de façon totalement inopinée ? Et bien non puisque telle est sa fonction, sa fonction, sa fonction ! Ahahahaha ! Ahahahaha ! Ahahahaha ! Il m’énerve ! Il m’énerve ! Il m’énerve ! Allez, montre toi si t’es un homme ! Allez, montre toi si t’es un homme ? C’est trop facile c’est trop facile de se cacher et de se contenter de se contenter de répéter de répéter ce que je dis de se contenter de répéter ce que je dis ! C’est ce que tu crois ! Comment ? Comment ? Qu’as-tu dis ? Qu’as-tu dis ? Ah non, hein, pas de ce petit jeu avec moi ! Ah non, hein, pas de ce petit jeu avec moi ! Ok, puisque tu le prends comme ça, je me tais, silence, nada, rien, je me tais et on verra bien qui sera le plus fort ! Ok, puisque tu le prends comme ça, je me tais, silence, nada, rien, je me tais, je me tais, je me tais et on verra bien qui sera le plus fort ! (Silence effectif pendant 23 secondes) Aha, j’ai gagné ! Aha, j’ai gagné ! Et zut… Et zut…

Share on Facebook

C’est un fa, j’aime travailler en musique. Ne pas être en mesure d’en écouter dans ce contexte studieux est même susceptible de me perturber. Souvent, je suis du genre mélomane monomaniaque. A écouter le même album en boucle pendant des semaines jusqu’à en connaître par cœur les notes, les transitions, les rythmes et les mots, comme si je me préparais à réciter une poésie. Je sais, à chaque nouvelle seconde qui passe, quel son va résonner à la suivante. Il n’y a pas vraiment de surprise, ce qui a quelque chose de rassurant, de réconfortant, d’efficace. Dans la vie, ne fonctionnons-nous pas un peu comme cela aussi ? En allant finalement toujours dans les mêmes quartiers, en empruntant à peu près les mêmes chemins pour y aller, en ingurgitant régulièrement les mêmes menus… D’agréables petites habitudes qui, progressivement, se muent en routine.

A l’inverse, j’aime tout autant l’expectative dans laquelle me plonge le mode aléatoire, ce fameux shuffle auquel Monsieur Lazhar n’entend rien dans le film éponyme, et ce, malgré son nom qui lui fait écho. Avec le shuffle, tout d’un coup, des pistes oubliées remontent à la surface, ressuscitées ; d’autres, ignorées, se font connaître ! Le requiem de Mozart côtoie le râle d’Eminem, les chants diphoniques d’Huun-Huur-Tu les vocalises de Björk, sans que quiconque ne crie au scandale, sans que cela soit une aberration musicale, sans que cela n’altère l’attention malgré les divergences de tempo, de voix, d’ambiances… Le hasard crée sa propre polyphonie et s’avère être un DJ plutôt avisé.

Share on Facebook

Share on Facebook

J’étais dans le bus lorsque j’ai vu un monsieur exhiber un tel combiné pour la première fois… Il était sur le trottoir, à discuter normalement, avec sa verrue rouge greffée à l’oreille. Persuadée d’être victime d’une illusion d’optique, je n’ai pas pu m’empêcher de me retourner vivement, évitant de justesse une luxation du cou qui m’aurait bêtement paralysée pendant plusieurs jours, et de lâcher un « N’importe quoi ! » totalement désabusé… Quand certains dépensent des millions de dollars en R&D pour réduire au maximum la taille et le poids des smartphones (il faut vraiment être intelligent pour inventer un truc pareil !) tout en les dotant de fonctionnalités plus nombreuses (mais pas forcément plus utiles), d’autres ressuscitent « le confort d’antan du téléphone à l’ancienne avec son fil qui s’entortille ».

Bravo ! Vraiment ! Car réussir à faire de 2 mètres de fil qui s’entortille, d’un objet difforme de 200 g (deux fois plus lourd que le téléphone lui-même) ne tenant pas dans une poche humaine, de véritables arguments de vente relève du miracle à l’heure où le minimalisme nous fait porter des strings ! Evidemment, le fait que ce soit les mêmes personnes qui pré-commandent le dernier bidule de la marque à la pomme (je vais éviter le brand dropping comme je l’ai naïvement fait dans Des chaussures d’enfer ! car depuis, je suis inondée de commentaires spamiques me vantant les mérites d’une marque de luxe par ailleurs non citée), qui courent après les toutes dernières technologies, et, en même temps, fondent pour le rétro qu’ils étaient pourtant bien heureux de mettre au pilori ne doit pas être interprété comme un comportement paradoxal et ridicule. J’avoue avoir un peu de mal…

Share on Facebook

Share on Facebook

Share on Facebook

Share on Facebook

Extrait d’”Etats d’âme sur le macadam”, ensemble de textes griffonnés à l’aube du 21e siècle sur mes inséparables petits carnets…

*

Il y a eu un feu d’artifice. Sur cette plage de sable fin. Hier soir. Il faisait nuit et à 23h, la foule commençait à s’impatienter. Ici et là, des artificiers amateurs faisaient exploser leurs lanternes, illuminant de façon spasmodique le ciel étoilé. Un feu de Bengale, des pétards mitraillette, des fusées sifflantes… Des couleurs à tout-va et l’émerveillement latent… Les feux d’artifice… Les feux d’artifice rallient les troupes. Chacun semble avoir bu de l’élixir de jouvence dans ce genre de circonstances. Enfants, parents, vieillards, tout le monde est logé à la même enseigne : les uns comme les autres s’affolent lorsqu’une explosion survient à leur côté, ou poussent des « oohhh » traînant en longueur lorsqu’une pluie d’étoiles file dans leur direction.

La plage se peuple. Dans l’obscurité interrompue d’éclairs bigarrés, des silhouettes se dessinent. Elles sont deux, trois…, cinq, assises autour de lampions ou patientes dans le noir. Ambiance de fête. Une musique indéfinie s’échappe des haut-parleurs, mêlée aux pétarades décalées. Les enfants s’en donnent à cœur joie avec leurs sacs remplis de pétards ou de fusées. Téméraires, ils demeurent près des jets d’étincelles, luttant contre le vent d’ouest pour allumer leur prochain K2.

Au fond, des éclairs inondent le ciel. Se pourrait-il que le spectacle ait lieu là-bas ? Non. La foule est ici, attendant et reluquant – en guise de hors d’œuvre – le feu d’artifice des voisins. C’est alors que les lampadaires s’éteignent. Un « ah… » de satisfaction se répand dans l’assemblée, c’est le signe du départ. Chacun l’espère plus long et plus beau que celui de la veille. Chacun se contorsionne pour observer les premières lueurs. Cela tambourine. Petit à petit, l’extravagance l’emporte sur la timidité des tirs.

Le vent souffle toujours, s’éloignant du soleil couchant. Les fumées issues des explosions multiples forment des nuages cotonneux bleuis par le fond du ciel. De la barbe à papa à portée de main… Un lustre tout droit sorti des dancings des années 30 éclaire la foule quelques secondes, avant d’être remplacé par une série de flashs, détonants et aveuglants, obligeant presque à fermer les yeux. C’est immense. Une pluie d’étoiles filantes rouges s’abat sur les proches spectateurs, qui, pris de panique, se mettent à courir en hurlant. La musique cubaine précède le classique. Un crépitement saccadé annonce la valse langoureuse. Crescendo, decrescendo… Le doute pèse sur le final, qui finit par se faire désirer. Non que le spectacle soit décevant – loin de là – mais, il faut bien qu’il y ait une fin. Et comme on dit : « Terminer en beauté », le final doit se démarquer du reste par un retour en force des détonations, des éclairages artificiels, des « Ohhh » de l’assistance. Or le final s’éternise. Les magiciens s’obstinent à mettre le feu aux poudres, pour le plaisir de chacun. Une dernière salve… d’applaudissements électriques et la foule se disperse. Le sable a fait des bonds, les corps ont vibré, les visages se sont éclairés. Place à la valse des piétons et à la menace des camions !

Share on Facebook

L’obscurité n’est plus ce qu’elle était… Il y a quelques années, lorsque le noir se faisait dans une salle de cinéma – dite « salle obscure » -, de concert ou de spectacle, il n’y avait que le bloc parallélépipédique « Sortie de secours » pour lancer sa faible lumière, repérable de tous. Le monde a changé. Aujourd’hui, il y a les portables. Les téléphones d’abord, aux écrans à taille variable, rétro-éclairés dans des couleurs elles aussi variées. S’y ajoutent les livres numériques puis, depuis peu, les tablettes, aux formes plus généreuses et, a fortiori, un peu plus lumineuses. Quelques ordinateurs portables complètent ce tableau digital en perpétuelle évolution, tout en restant très minoritaires. Ainsi, quand le régisseur lumière appuie sur l’interrupteur, signifiant à l’assemblée que le spectacle-le film-le concert va débuter et, de façon délicate, qu’il est donc temps de s’asseoir et de se taire, telles des lucioles flottant dans l’air, toutes ces magnifiques petites machines continuent de briller. Soit parce que leurs propriétaires ont du mal à couper le cordon et attendent la dernière microseconde pour, non pas éteindre, mais mettre en veille leur opium binaire – sait-on jamais, il pourrait se passer quelque chose d’hyper important pendant les deux heures suivantes – ; soit parce que, à l’instar des Transformers, ils peuvent les utiliser pour photographier, enregistrer, filmer ce qui défile devant leurs yeux, ou plutôt, leurs écrans, ces nouvelles prothèses visuelles. Dans les deux cas, le charme est rompu même si ce parterre polychrome n’en est pas dénué…

Share on Facebook

Le photographe est un chasseur. Et comme tout chasseur en période faste – de chasse donc -, il est à l’affût. Il progresse à pas feutrés dans un environnement qu’il ne connaît pas toujours, en scannant de gauche à droite le monde qui l’entoure sans omettre de projeter son regard au loin pour repérer, le plus tôt possible, tout événement susceptible d’être harponné. Même si les conditions sont propices à une bonne chasse, le photographe sait rarement sur quel animal il va tomber et, même, s’il va en croiser un. Ce que l’on appelle communément « rentrer bredouille ». Heureusement, il arrive aussi que la chance lui sourie, en revêtant une forme totalement inattendue…

Un attroupement sur un ponton alors que les autres sont vides : un indice fort. Il se passe peut-être quelque chose là-bas, au loin donc. Chercher. Là, juste sous les yeux des badauds. Sur les galets londoniens. De drôles de silhouettes encore indéfinies à cette distance, mais vraisemblablement colorées et peut-être nues, ou en maillot. En tout cas, pas en tenue réglementaire. Il se passe quelque chose. C’est sûr. Le photographe, que la non exclusivité du trophée ne dérange pas, arrête de scruter autour de lui. Il a trouvé sa cible, avance d’un pas bien plus rapide maintenant, sans jamais quitter son objectif des yeux. Prêt à dégainer au cas où les événements se précipiteraient… Ils bougent, s’approchent de la rive. Le chasseur prend son élan et rejoint la meute perplexe. Il y a de quoi : une grappe d’humains nus comme des vers, peinturlurés des pieds à la tête, et coiffés de couronnes de feuilles vertes font les clowns sur les rives de la Tamise à marée basse. Déclencher. Même approximativement. Réfléchir aux différentes hypothèses ensuite pour affiner le tir.

Le fait ne doit pas être courant. Autrement, les gens ne s’arrêteraient pas. Cela ne semble pas être un défi non plus, un gage stupide d’enterrement de vie de garçon (mixte), ou une séance photo un peu originale comme pourrait pourtant en témoigner la deuxième photo… Tout cela paraît, au contraire, étrangement sérieux. Le chasseur respire enfin, se pose pour mieux viser. Sa prise est déjà plus composée. Elle a le fond et la forme des images que l’on met de côté. La fille se défile. Elle vient de s’apercevoir qu’ils n’étaient plus seuls et qu’une cinquantaine d’yeux étaient tournés vers eux, à la fois rieurs, dubitatifs, mais aussi dans l’expectative : qui sont-ils et que vont-ils faire maintenant ? Une ronde, bien sûr ! Avec d’autres fidèles bigarrés mais frileux. Autour d’un barbecue… Une offrande peut-être à un Dieu amateur d’art et de folie… Au chasseur, c’est sûr, qui n’en espérait pas tant !

Share on Facebook