Photo-graphies et un peu plus…

C’est absolument fascinant : quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit (même si je ne les ai pas toutes faites, les heures), il y a toujours quelqu’un dans une station de lavage auto en train de nettoyer sa caisse métallique ! Personnellement, bien que je comprenne tout à fait le concept d’ « urgence du moment » pour en être parfois atteinte, cela me dépasse totalement. Enfin, quelqu’un… Je rectifie : Il y a toujours un homme dans une station de lavage auto, patati patata… Et caisse métallique… Je rectifie aussi : une voiture, une beauté, une merveille, un bolide-attention-où-tu-poses-tes-mains ! Un objet qui se respecte Madame, qui mérite une attention sans borne ! C’est beau de les voir traquer et aspirer la moindre poussière abandonnée par leurs passagers avec passion ; puis frapper avec virilité les tapis sur les plots alentour qui n’en demandent pas tant ; c’est admirable de les voir savonner, faire mousser, frotter, rincer, re-frotter puis re-rincer car il reste encore quelques petites traces, là, sur l’aile gauche ; c’est brillant de les surprendre à lustrer la tôle, même froissée, jusqu’à ce qu’elle leur renvoie leur sourire d’auto-satisfait… Mais, d’une certaine manière, cet enchaînement a également (oui, oui, vous sentez bien que je suis un peu ironique dans cette affaire…) quelque chose de très rassurant : les hommes sont bel et bien capables de se concentrer régulièrement sur une tâche ménagère pendant trois quart d’heure ! Et il faut avouer qu’ils sont plutôt doués. Avec leur précieuse auto en tout cas. Faudrait peut-être penser à faire des appartements en forme de voitures… Voilà, voilà, c’était mon quart d’heure misandre !

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Il arrive assez régulièrement que l’on me dise que je me pose d’étranges questions. Je suis quasi sûre que celle-ci en ferait partie. En cherchant le sommeil, ce qui est assez récurrent après une soirée partagée avec mes pixels préférés, il y a toujours un moment où je me demande ce qui se produit dans mon corps pour qu’à l’instant t, je sois encore réveillée, consciente du monde qui m’entoure et qu’à l’instant t+1, je dorme, perdue dans un ailleurs auquel je n’ai pas toujours accès. C’est comme si, chaque soir, après avoir tenté le coup du décompte des moutons dans le ciel ou des cailloux sur la digue, j’étais frappée d’amnésie. Bien sûr, le fait de se poser ce genre de question alors même que j’aspire au vide et au silence n’est pas indiqué. Et en même temps, cela me semble totalement inévitable puisque justement, j’aimerais comprendre ce qui se passe tout en attendant impatiemment que Morphée fasse une halte par ma chambre et m’emporte quelques heures, dont le nombre diminue à vue d’œil. Miracle, malgré les interrogations quotidiennes, le blackout finit toujours par arriver, sans prévenir ! Mais d’où peut-il bien venir ?

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Un message circule ces dernières semaines sur le réseau social au milliard d’abonnés… Ceux qui y surfent – soit, une personne sur sept dans le monde – l’ont certainement vu, doutant peut-être même de son authenticité ; ceux qui n’y sont pas – que ce soit volontaire ou non – seront peut-être encore plus fiers de leur statut de non membre après avoir lu ce texte. Ce message, qui fleurit sur les murs des uns et des autres, mais plus souvent des détenteurs de Pages (entreprises, structures, associations, musées, artistes…) apprend à la communauté que Facebook a changé ses paramètres et que désormais, sauf à payer, seuls 10% des « amis » ou « fans » recevront systématiquement les informations qu’ils publient. Evidemment, il n’y a pas écrit « Payer » sous les posts mais « Promouvoir »… Subtile nuance… Pour l’heure, il existe encore une parade simple – et c’est elle que s’attachent à décrire les porte-voix publics pour retarder l’oubli – mais certainement décourageante quand on a 130 contacts, ce qui n’est ni plus ni moins que la moyenne par personne encartée. Cette parade consiste à aller sur la Page ou le mur de chacun et – je vous passe les détails techniques car j’en ai déjà perdu en route, des lecteurs – en faire un « Centre d’intérêt »… Ce qui laisse entendre que parfois, il n’y a aucun intérêt à être connecté à tel ou tel fil d’information que l’on a pourtant choisi, souvent dans un état de noble sobriété. Et je ne parle pas des séances de yoga de Gwendoline ! D’où une question : quel intérêt peut-il y avoir à suivre les actualités d’une entité dont on a que faire ? A priori, aucun. Donc, par définition, si on est « ami » ou « fan », c’est que l’on y trouve son compte. Et que l’on a donc envie de savoir ce qui se passe…

L’autre point qui m’interpelle est l’existence même de cet appel au secours. Car, si seulement 10% des contacts – comment sont-ils choisis ? – reçoivent les posts et que ce sont toujours les mêmes, cela ne règle pas le problème des 90% de personnes qui n’auront pas accès à cette information source. Celle-là même qui déclenchera, peut-être, l’acte de déclaration sous huissier de « centre d’intérêt ». Sauf si, comme dans un voyage dans le temps où interférer sur son passé alors que l’on vient du futur a forcément des conséquences sur celui que l’on sera dans le futur et donc a fortiori sur celui qui fait ce voyage dans le temps (désolée, je suis allée voir Looper il y a quelques jours et ça me travaille), la liste des 10% évolue au fur et à mesure que les fans s’affichent officiellement intéressés, de telle sorte qu’au bout d’un certain temps (au moins trois générations), 100% des contacts auront été informés et choisi leur camp ! Il y a quelque chose de profondément absurde dans cette nouvelle évolution, qui est en contradiction totale avec les objectifs originels de ce réseau qui affiche encore sur sa page d’accueil qu’il est « gratuit (et le sera toujours) »… Ce qui est vrai techniquement puisqu’il ne faut rien débourser pour s’inscrire. Mais une fois la porte poussée, d’autres règles s’appliquent. Bien moins philanthropiques. C’est un peu comme entrer dans une bibliothèque publique et réaliser que les étagères portent tous des livres aux feuilles vierges…

Quoi qu’il en soit, n’ayant pas encore 1 milliard de fans et n’étant donc pas en mesure d’abuser de ma position dominante, il n’y a aucune raison pour laquelle je vous priverais des 90% manquant de cette photographie…

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La première rencontre visuelle avec les taxis kyotoïtes est assez réjouissante. Les suivantes aussi à vrai dire. Tout commence par les apparences, donc l’extérieur. Même s’il existe plusieurs compagnies de taxi et plusieurs couleurs, le modèle de voiture est constant : de belles et un peu pompeuses Toyota Crown Comfort ou Royal Saloon aux portes s’ouvrant automatiquement mais dont le design et la taille font presque figure de contresens au regard des voitures « modernes » circulant autour, bien plus petites et un peu plus fuselées. La petite enseigne lumineuse fixée sur le toit et à la forme parfois très surprenante – un cœur, un éléphant, une fleur… – ajoute au dépaysement et surtout à ce sentiment d’être, à certains moments, dans un jeu vidéo réel. Mais c’est sans nul doute en se penchant un peu pour découvrir le chauffeur et son environnement intérieur que le spectacle est le plus fascinant. Les voir ainsi, vêtus de costumes noirs, coiffés de casquette (et si elle n’est pas sur la tête, elle est toute proche), dotés de gants blancs immaculés, royalement assis sur des sièges recouverts de fines housses en dentelle, le tout en affichant un flegme soleil-levant génère deux sentiments contradictoires : la douce moquerie face à un décorum que l’on qualifierait aisément de kitsch mais aussi le respect face au sérieux avec lequel ils interprètent leur rôle de chauffeur des affairés et des égarés…

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