tags: bleu, ciel, eau, Hanalei Bay, Hawaii, homme, Kauai, mouvement, océan pacifique, reflet, saut, silhouettes, temps
Au début, je n’y ai pas cru… C’est un peu comme lorsque vous regardez dans une direction mais que vous percevez malgré tout un mouvement dans votre champ visuel élargi. Ou alors une partie d’1, 2, 3 soleil ! Rien ne bouge, ou presque, lorsque vous vous retournez après avoir claironné la ritournelle, et pourtant, quand vous réitérez la chose peu après, deux ou trois manchots se sont rapprochés de vous. Et ainsi de suite jusqu’à ce qu’ils vous donnent une bonne tape dans le dos en jabotant bruyamment ! La première fois que j’ai posé mon regard sur cette plate-forme, attirée par ses quatre immenses poteaux verticaux, elle était à l’horizon. Une erreur d’interprétation a suivi : j’ai pensé à une plate-forme pétrolière et me suis étonnée d’en voir une à cet endroit, dans cette Mer du Nord et si près de la côte surtout. Mais pourquoi pas…
Après quelques minutes à contempler ce dernier terrain vague, j’ai à nouveau regardé dans sa direction. Ce qui m’a laissée un brin dubitative car la plate-forme n’était manifestement plus à l’endroit où mon souvenir l’avait fixée. Sans pour autant être réellement ailleurs… Elle était juste légèrement plus grosse, le symptôme d’un objet se rapprochant dans le même axe. J’ai rapidement conclu à une illusion d’optique, ayant spontanément décrété qu’une plate-forme pétrolière ne bougeait pas. Tous ces câbles que l’on imagine sous la surface de l’eau, plantés dans la terre nourricière, forcément, ça ne se déconnecte pas comme ça… Mes yeux s’en sont donc retournés à leur vague terrain se dotant de belles couleurs vespérales. Jusqu’à ce que je ne puisse plus me mentir à moi-même : la barge avançait vraiment. Elle rentrait même au port, empruntant sagement le chenal comme un banal bateau après une journée de pêche…
Bien longtemps après (ce soir en fait), mon petit doigt m’a appris qu’il ne s’agissait pas de puiser un quelconque or noir avec ce vaisseau vert et blanc, mais d’installer un parc éolien offshore à quelques encablures des côtes. Neptune, c’est son petit nom, est ce que l’on appelle, dans le milieu (pas le mien), un navire jack-up DP2, DP pour Dynamic Position (ça, cela signifie qu’il bouge !). Mes poteaux, dans ce même jargon, sont des « pieux », et figurez-vous que la plate-forme peut coulisser le long de leurs 90 mètres de hauteur. Pourquoi faire, cela reste à creuser… Je sais, je sais, vous êtes épatés par tant de découvertes en une fois ! Personnellement, je ne pensais pas conclure ce duo ainsi, mais les idées empruntent parfois des chemins inattendus. Evidemment, comme vous, j’aurai tout oublié demain au réveil. C’est le risque avec les informations trop déconnectées de notre quotidien…
Ce que j’apprécie particulièrement avec Internet et ses moteurs de recherche, c’est leur capacité à fournir, en une fraction de seconde, une réponse à n’importe quelle question. L’équipe n’est jamais prise au dépourvu, quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit. Même lorsque vous tapez « jslfjhq », ce que je viens de faire sans regarder mon clavier (wouah !) car je n’aime pas écrire des choses non vérifiées, vous avez 1 résultat (je vous laisse essayer). C’est dire ! Cette omniscience est rassurante, et, d’une certaine manière, devrait nous permettre de libérer un peu d’espace dans notre disque dur interne pour qu’il tourne plus vite et donc mieux. A quoi bon, en effet, apprendre quand il suffit de se connecter au monde binaire et de quelques mots clés pour tout savoir, et même plus encore ?
Ce que je déteste particulièrement avec Internet et ses moteurs de recherche, c’est leur capacité à fournir, en une fraction de seconde, une réponse à n’importe quelle question. L’équipe n’est jamais prise au dépourvu, quelle que soit l’heure du jour et de la nuit. Oui, c’est un peu comme dans la vie de couple, au bout de quelques années de vie commune, ce qui vous a attiré au départ est exactement ce qui vous fait fuir ensuite… Ainsi, sans s’en rendre compte, en une milliseconde donc, cette équipe diabolique peut vous saborder vos illusions et vos espoirs d’originalité. Je parle d’idées notamment, qu’auparavant, chacun pouvait développer dans son coin, tout en se persuadant qu’il était le « seul » à l’avoir eue… C’est une pensée suffisamment gratifiante pour devenir un vrai catalyseur et amorcer des réalisations. Mais du fait de la puissance de frappe du duo ténébreux sus-mentionné, nous avons désormais ce – stupide – réflexe de vérifier si « ça » existe déjà, si « ça » a déjà été fait, si « ça » a déjà été pensé… Malheureusement, la réponse est souvent « oui », ce qui donne la fausse impression que tout existe déjà. En réalité, les idées vraiment originales ne courent pas les rues, même bordées de lampadaires.
Que faire alors ? Abandonner son idée et creuser encore pour trouver la perle rare (ce qui est assez présomptueux), ou, s’accrocher à l’idée que sa réalisation sera malgré tout différente de ce qu’en a fait l’autre – plus raisonnablement, de ce qu’en ont fait les autres (ce qui est vrai, mais aussi une façon de se réconforter…) ? Deux exemples concrets – car je vois bien que vous cherchez le rapport entre ces mots et l’image ci-dessus – avec des idées photographiques. Il y a deux ans, j’ai écrit sur un carnet : faire une série de photos de personnes qui éternuent (sans mouchoir) ; déclencher juste avant l’explosion… Oui, exactement au moment où nous ne maîtrisons absolument pas ce que nous faisons de notre visage, ce qui est assez rare… Potentiellement complexe à réaliser mais certainement très drôle à voir. Il y a quelques jours, en surfant sur la Toile, je suis tombée par hasard sur un photographe qui présentait une série dans cet esprit… Je l’ai détesté (et moi aussi), j’ai fermé la page, je n’ai pas retenu son nom et maintenant que je souhaite le retrouver, je n’y arrive plus ! Même chose avec cette plongée new-yorkaise, dans un registre nettement plus proche de ce que triture habituellement : la ville, son tumulte, son mouvement incessant, son fourmillement, ses multi-couches qui font qu’on s’y perd, qu’on s’y noie, qu’on y a le tournis… Voilà qu’en prenant ces impressions au pied de la lettre, j’obtiens ce genre d’image. Reflet de ce que je cherchais à obtenir, qui, après vérification donc, a de nombreuses grandes sœurs inconnues dans le monde. Et comme il m’est désormais impossible de poursuivre ce travail en sachant cela, je me dis qu’il est parfois préférable de rester dans sa bulle et les illusions qu’elle protège pour pouvoir aller, sans complexe, au bout de ses idées…
En apercevant, au détour d’un virage serré, cette femme en imper rouge et parapluie blanc filer vers la lumière sous cette chape d’arbres verts, touffus et hauts, je voyais déjà une image fantasmée, rêvée, tout en étant bien consciente qu’il était trop tard et qu’elle allait m’échapper. Je savais que la pluie et la faible lumière de cette fin de journée de mai, responsables de l’existence même de cette scène fugitive, allaient aussi être la raison pour laquelle je n’allais pas pouvoir la capter dignement. Je savais enfin qu’à ce duo, il fallait ajouter le facteur temps, qui fait toujours défaut lorsque l’on court après une image sublimée par la pensée. Pourtant, en sachant que c’était peine perdue, que j’allais passer à côté de mon image, j’ai quand même déclenché. Pourquoi ?
Une partie de moi espérait une erreur de jugement, et donc une sorte de miracle, tandis que l’autre était simplement dominée par l’instinct du chasseur, souvent plus fort que la raison… Pas de miracle : l’image est aussi floue qu’anticipée, un flou un peu gênant quand même, ce qui n’est pas le cas de tous les flous. Alors, à nouveau, pourquoi cette image est-elle là ? A cause de cette silhouette féminine, gracile, frêle figure humaine presque écrasée par la nature enveloppante, se dirigeant promptement vers cet horizon optimiste ; à cause de ce rouge vif éclairant cette image comme un phare, qui font que, même avec ses défauts, j’aime cette photographie. Et, qu’à ce titre, je souhaite vous la présenter.
La progression vélocipédique de cette jeune femme gantée au cœur des ruelles d’Osaka aurait pu être totalement chaotique et même gênante à observer. Flanquée de ses deux sacs bien gonflés lestant son bras gauche au bout duquel se dresse vigoureusement un parapluie-ombrelle la protégeant des rayons du soleil et l’obligeant à ne se servir que du bras droit pour la diriger, personne ne lui en aurait réellement voulu. Pourtant, en lieu et place de ce numéro comique et balourd de cirque que nous aurions certainement offert à l’assemblée si les rôles avaient été inversés, nous voici face à une équilibriste filant droit sur la route, dénotant d’une maîtrise parfaite et fascinante de son corps, jusqu’à ce visage, impassible, sérieux, qui ne laisse transparaître aucun signe d’effort, de fatigue, voire de satisfaction…
“Sur une branche, perchée avec…”, un nouveau rendez-vous avec un membre de l’écho-munauté… Pour bien commencer la journée, un peu de lecture avec Matthieu Fargeas. Quelle est la place de la photographie dans ta vie ? Une grande place. Enorme en fait ! En réfléchissant à ta question, je me suis aperçu que je pourrais en […]
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Share on FacebookCela vous est déjà forcément arrivé… Soit d’être totalement coincé dans votre voiture au milieu d’un embouteillage monstre et malheureusement quotidien, à pester dans votre cage et à envier, tout en les détestant, les gens marchant sans entrave sur les trottoirs adjacents (« pfffff ! mais pourquoi, mais pourquoi, mais pourquoi ? ») ; soit, au contraire, […]
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