Photo-graphies et un peu plus…

C’est bien beau d’utiliser les capots lustrés des voitures pour éviter de se contorsionner lorsque l’on veut photographier les sommets de la ville, mais ce détournement peut engendrer quelques sursauts… Parfois, en cherchant son cadrage idéal, on se sent étrangement épié. Non par les badauds qui s’interrogeraient sur la raison de cet intérêt pour un banal capot (en se demandant, pour certains, s’il n’est pas un prélude à un menu larcin), mais plutôt par quelque chose venant de l’intérieur, de derrière le pare-brise. Au volant ou même à la place passager. Une silhouette se dessine progressivement entre les reflets des branches. Un visage penché vers la vitre, légèrement incliné pour mieux vous voir… Lorsque vos regards se croisent, légèrement décontenancé, vous n’êtes alors capables que d’un seul geste : montrer alternativement le capot et l’immeuble à plusieurs reprises, en espérant que l’observateur saisira votre objectif !

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Le voyage n’est pas seulement un plaisir pour les yeux. Il l’est aussi pour les oreilles. Il y a la langue, bien sûr, parfois différente de celle que l’on maîtrise, et à laquelle on ne comprend rien, nous plongeant alors dans des abysses d’incompréhension indéniablement envoûtants. Mais, avant la langue elle-même – j’entends, les phrases, les conversations – il y a les mots. Pris un à un. Et notamment les noms de villes.

Se plonger dans une carte géographique, au hasard, de la Namibie, est ainsi un voyage en soi : Swakopmund, Lüderitz, Windhoek, Sossusvlei, Twifelfontein, Keetmanshoop… Des sonorités à faire phosphorer l’imaginaire ! Quels paysages peut réserver une ville comme Twifelfontein ? La question est stupide mais je pense à une chute d’eau dont le flot prendrait la forme de la Tour Eiffel ou serait rétro-éclairé… Mes hypothèses sont tout aussi stupides. Evidemment, nul doute que Charleville-Mézières ou Morlaix suscite la même sensation d’exotisme pour une oreille namibienne.

Après ces cités dont on apprend tant bien que mal à prononcer le nom sans les écorcher, de nouvelles découvertes verbales, tout aussi enthousiasmantes, viennent rythmer les journées. Elles accompagnent en particulier celles d’espèces endémiques aux lieux explorés. Ainsi, quand on les voit se détacher à l’horizon de l’erg avec leur large tronc asséché en décomposition et leurs branches montées comme des palmiers, des oursins ou des étoiles scintillantes, on a déjà un petit pic au cœur. Et lorsque l’on nous apprend leur nom, on tombe instantanément sous le charme. Kokerboom !

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La photo de route, un genre en soi, que l’on soit conducteur ou passager ? « Faire de la route » peut en effet conduire à voir des paysages qu’en d’autres circonstances, par exemple pédestres, l’on immortaliserait. La route. Parfois véritable tranchée dans un paysage uniforme dont on se lasse assez rapidement (ou pas). Parfois chemin serpentant à travers des espaces vallonnés laissant, à chaque virage, entrevoir de magnifiques et inédites perspectives. Le paysage. Parfois, il nous accompagne des kilomètres durant, laissant à chaque observateur, le temps de bien s’en imprégner. Parfois, ce qui attire l’œil est furtif, presque subliminal. Une petite rivière gelée en contrebas s’enfonçant dans des bois épars, des chevaux dont la silhouette se dessine au sommet d’une colline… Le temps de les montrer aux autres et il a déjà disparu.

Trois solutions se présentent à soi : avancer et garder en mémoire ces espaces admirés ; s’arrêter – ce qui peut difficilement se faire sur une autoroute sauf si l’on se trouve au Nouveau Brunswick notamment – pour rattraper au vol cette image filante – une opération qui peut se répéter un certain nombre de fois dès lors que l’on s’est auto-autorisé à le faire une fois ; et enfin, déclencher, tant bien que mal, depuis derrière la vitre, soit en confiant le volant au copilote pendant quelques secondes lorsque l’on est conducteur (si, si) tout en veillant à ne pas accélérer car la scène est vraiment exaltante, soit, plus simplement, parce que l’on est passager et porté par un flux sur lequel on n’a aucun pouvoir. Ce qui est le cas de cette image, prise derrière une vitre teintée et striée de traces de poussière orientées dans le sens du mouvement d’un bus nécessitant 72 heures pour traverser un seul et unique pays…

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… la belle neige de Mont-réal, ainsi fond, fond, fond, trois p’tits mois et puis s’en va ! Montréal fond. Littéralement. Et soudainement. La ville goutte et s’égoutte de partout dans un clapotis symphonique orchestré par le ciel lui-même. Les bouts de glace, fragilisés par un redoux temporaire, se disloquent, tombant sur le trottoir dans un fracas de corps qui lâche, comme un modèle après six heures de pose intense. Les beaux petits tas de neige pure se muent en flaques marronnasses. Les mégots de cigarette bien dissimulés sous le manteau blanc remontent à la surface par dizaines. A moins que cela ne soit elle qui remonte à eux. La neige redevenue eau dévale les pentes, même faibles. Le filet dynamique file, innocemment, sans se douter qu’il va bientôt se jeter dans la gueule d’un caniveau émettant un son de rivière souterraine agitée. C’est la fête en bas après plusieurs semaines de statu quo dans le monde lumineux. Le paysage n’est pas toujours très beau, mais qu’est-ce que la beauté face à quelques degrés de plus ? Les oiseaux sifflent, les visages sourient, les écureuils tentent une sortie, certains s’élancent en petite tenue quand d’autres préfèrent, passifs, se shooter à haute dose de vitamine D… Profitons-en, l’accalmie est de courte durée. Demain, retour au négatif !  Les gouttes vont-elles s’arrêter en route ?

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A l’heure où beaucoup sont à dénicher des cœurs dans des choux-fleurs, des nuages de lait ou même des miches de pain, c’est une tête de mort qui me saute aux yeux au cœur de ce tronc scié de dépit… N’est-ce pas là un fait bien étrange, qu’un arbre, qui n’est plus, fasse ainsi apparaître la tête d’un humain, qu’il n’a jamais été, mais a fait qu’il n’est plus, sur ses plus jeunes cernes ? Peut-être un clin d’arbre pour nous rappeler que, quoi qu’il en soit, nous finirons tous entre quatre planches de son bois…

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