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Non, je ne vais pas m’étendre sur tout ce que laisse supposer, dans notre construction du monde et notre rapport à l’autre, la présence de ces deux petites pancartes rouge et jaune, en tête d’allées : « Garçon » ou « Fille ». J’apprends, au passage, l’existence d’un troisième sexe : « Jeux ». La révélation est à creuser…
Non, la question que je me pose depuis quelques semaines est bien plus simple : comment ces petits êtres dont on s’étonne toujours de l’intelligence, de la précocité ou de la maturité, peuvent-ils encore, de nos jours, croire au Père Noël quand tout le monde est chargé de paquets dans la rue, quand les publicités dédiées aux poupées, camions, jeux interactifs (comme ça, les trois sexes sont représentés) connaissent une croissance exponentielle, et surtout quand les supermarchés où les traînent leurs parents chaque week-end débordent curieusement de jouets, ceux-là même qu’ils ont vu à la télévision et qu’ils découvriront, l’air de rien, sous le sapin, s’ils sont sages bien sûr ? Peut-être sont-ils justement si intelligents qu’ils réussissent à faire croire à leurs parents qu’ils sont suffisamment innocents pour ne pas faire le rapprochement entre tous ces signaux extérieurs, en somme, qu’ils croient toujours au Père Noël, stratégie « mûrement » pensée et destinée à faire durer un plus longtemps une magie qu’ils sentent instinctivement temporaire…