De l’autre côté de cette barre humaine, il y avait l’océan… Certes, il est toujours là, mais il y a quelques secondes à peine, il n’y avait absolument rien d’autre entre lui et moi, à part un beau sable blond. Il y a quelques secondes s’est donc pointée cette jeunesse gourmande avec sacs en toile, serviette zébrée et nonchalance. Sans complexe, elle s’est posée juste là, à un mètre de mes jambes allongées, sans même regarder derrière elle si cela pouvait gêner quelqu’un ou envisager d’aller ailleurs. Car, même si cette plage n’était pas abandonnée, il y avait de la place plus loin ! D’où vient cet instinct grégaire et particulièrement agaçant, qui pousse les gens à se coller à d’autres dans des salles de cinéma vides, sur de larges plages, ou encore dans des bus déserts, et à faire que, dans le même temps, ils se croient seuls, s’autorisant à parler fort, à s’étaler et ainsi, à gâcher votre plaisir ?
Je me suis posée cette question tant de fois, je finissais par croire que j’étais seule, associable, à ne pas apprécier l’amas grégaire. Je l’ai vécue aussi dans un camping, une fin du mois de septembre, une place infinie pour se poser et deux jeunes femmes qui préfèrent planter leurs piquets au milieu des miens. Pour se rassurer ? Je me demande s’il n’y a pas une loi physique pour expliquer ça, un avatar de l’attraction universelle ou de l’agglutination.