Même si je sais pertinemment que cette irisation de l’eau n’est que l’illustration du manque de respect de navigateurs motorisés pour leur port, que leurs dégazages intempestifs étouffent la faune et la flore, et contribuent à salir l’image d’une cité antique en quête de billet d’honneur, je ne peux m’empêcher d’être hypnotisée par la beauté du tableau mouvant formé par les vaguelettes sur lesquelles surfent ces nappes d’essence et se métamorphosent les bâtisses centenaires en bordure de quai. Chaque seconde, le panneau change, chaque seconde, je suis partagée entre le dégoût que m’inspire cette souillure volontaire et l’enthousiasme pour l’expression artistique qui y naît naturellement. Deux ressentis diamétralement opposés qui conduisent pourtant à une même réaction : emporter l’image avec soi, telle un constat, le plus neutre possible. Illusion ! N’y a-t-il pas jugement dès lors qu’il y a cadrage ? Et dans ce cas, celui-ni ne met-il pas plus en avant la beauté involontaire de la marée noire quotidienne que l’agression écologique permanente qu’elle provoque ? Manifestement, si…