Dès que l’épris de cinéma pose les pieds sur le sol de la Cité des Anges, il n’attend presque qu’une chose : le voir. Ce fameux panneau, qui n’en est pas vraiment un, flanqué sur l’une de ses arides collines. Neuf lettres géantes et blanches, fièrement gonflées comme une bulle de chewing-gum. H.O.L.L.Y.W.O.O.D. Ces lettres, symbole d’un monde en soi, des « il était une fois » à rebondissements, il les a vues des centaines de fois sur des écrans de toute taille, des petits, des grands, à tel point qu’elles en sont devenues une image rêvée plus qu’un extrait de la réalité, à en douter même de leur existence. Alors, quand, enfin, au hasard d’un croisement, le mythe apparaît, discrètement, en arrière plan, tel un figurant magnétique, l’émotion est sincère et la rencontre maladroite. La boîte à images immobiles est arrachée à son écrin, comme s’il y avait urgence, comme si les lettres pouvaient filer ou la brume tomber instantanément sur elles, vite, vite, « On », l’objectif sort à son rythme, c’est bon, elles sont toujours là, vite, vite, déclencher en guise de présentation, pour se prouver à soi-même qu’il ne s’agit pas d’un mirage, ni d’une simple image…