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“Sur une branche, perchée avec…”, un nouveau rendez-vous avec un membre de l’écho-munauté… Pour bien commencer la journée, un peu de lecture avec Matthieu Fargeas.
Quelle est la place de la photographie dans ta vie ? Une grande place. Enorme en fait ! En réfléchissant à ta question, je me suis aperçu que je pourrais en parler des pages. Tellement il y a dans ma vie d’évènement, de souvenir, de rencontre, d’amitié où la photographie a sa place.
Je ne sais plus à quel âge j’ai eu mon premier appareil photo. Mon grand-père avait un petit sac qu’il avait aménagé pour tout son matériel photo. Il faisait des albums photos avec légende, numérotait toutes les photos, conservait tout ça soigneusement. Et surtout, nous montrait les photos et racontait les histoires qui entouraient les photos. Je crois qu’il faisait de bonnes photos en dehors des classiques photos de famille. Je pense qu’il m’a beaucoup influencé. Ca a toujours été la personne à qui j’étais le plus fier de montrer mes photos. Je me demande ce qu’il penserait en voyant mes photos numériques classées dans l’iphoto de mon ordi. Je fais donc des photos tout le temps mais avec des hauts et des bas. Il peut m’arriver de ne pas en faire pendant des mois et puis d’en faire des centaines en une journée. Il faut que je sois dans un certain état d’esprit pour avoir l’envie. J’aime aussi bien prendre une photo « souvenir » qu’une photo « artistique ». L’aspect « mémoriel » est très important aussi. Par exemple quand je quitte une ville sans y avoir fait de photo, j’ai un sentiment de frustration. J’ai l’impression que je n’aurais plus de trace dans ma mémoire de ce lieu.
L’arrivée du numérique a été perturbante, je voulais rester à l’argentique. Je continuais de faire tirer mes photos en labo puis est arrivé le moment où j’étais toujours mécontent des tirages. J’ai failli arrêter.
Il y a bientôt dix ans, dans mon boulot, j’ai eu à utiliser les premiers numériques de ma vie tout en découvrant l’univers Mac. J’ai vite été converti. Quand j’ai dû partir au Congo, pays humide, poussiéreux et où les photos ne sont pas toujours les bienvenues, un petit numérique étanche et discret était une évidence et j’ai sauté dans cet univers pratique, rapide, communicatif. Tout en continuant de faire de l’argentique. Depuis plus d’un an, j’ai toujours un appareil sur moi. Je ne fais pas plus de photos qu’avant ! Mais mes photos finissent sur disques plus ou moins durs et, ça, je n’aime toujours pas. Merci à toi de leur donner une occasion de promenade !
En dehors de cette pratique, j’ai toujours lu de la presse photo. Je profite d’ailleurs de cette discussion sur la branche pour conseiller à tous ceux qui s’intéressent à l’actualité et à la photographie de lire Polka magazine (qui se trouve aussi partiellement sur le net pour ceux qui ne sont pas en France). Ma période parisienne a été envahie de visite d’expositions (comme Paris peut l’offrir à l’envi) ce n’est pas toi qui va me contredire. En revanche j’ai peu de bouquins sur la photo et malgré la chance que j’ai de travailler depuis un certain temps en contact plus ou moins fréquent avec des photographes connus (ou non !) je n’en ai pas profité pour collectionner les dédicaces ou les cartes de visite. En revanche il y a un an, je suis devenu, à ma grande surprise, collectionneur de tirages. Si cinq photos, du même photographe, peuvent être considérées comme une collection…
Quelle est l’histoire de cette photo (Porte fermée, intrigante, G4-2) ? J’étais allé à Essaouira en solitaire. Meilleur moyen de faire des photos. Je me promenais donc dans la vieille ville, une après-midi, et beaucoup de magasins étaient fermés. Je me suis aventuré dans un derb pour faire des photos d’une porte murée et surmontée d’une arche en pierre. En arrivant au fond de l’impasse, j’ai découvert un passage couvert où se trouve cette taverne. Je n’avais pas beaucoup de recul pour prendre la porte en entier. La lumière était faible. Mais la porte me plaisait, l’inscription aussi. Alors j’ai essayé de faire au mieux. Je n’étais pas trop content de moi, mais quand j’ai réalisé qu’il y avait une faute d’orthographe je me suis dis que ça valait quand même le coup de la garder. A l’heure actuelle je ne sais toujours pas ce qu’est cette taverne. Une excellente raison de retourner là-bas!
Quelle association d’idée t’a poussé à choisir cette photo ? A chaque fois que j’accroche une photo dans l’arbre, je fouille dans ma mémoire la photo qui peut faire écho à l’une de celle ayant retenue mon attention. Et j’essaye de publier une photo que je trouve bonne. Je ne suis pas spécialement satisfait de celle là d’ailleurs comme je l’ai dis, mais elle s’est imposée. Le détail du cadenas sur la porte de la photo de la génération précédente a retenu mon attention. Je ne me souvenais pas si j’avais une photo d’un détail qui pourrait faire échos mais je savais que j’avais des photos de porte. Et quand j’ai vu celle de la « taverne des pêcheures » je me suis dis que c’était la bonne. Les couleurs, les multiples ferrailles fermant la porte. De plus, je me dis que les autres détails de la photo ouvrent de multiples portes pour la génération suivante.
Dans quelques heures, Frédéric Blin montera sur la branche…