Réveil matinal.
– Super, je vais enfin pouvoir avancer sur mes projets ! (vraie motivation là !)
– Ok, mais d’abord, je fais des pancakes ! (ça commence comme ça…)
Autour des pancakes…
– Tu pourrais créer une bibliothèque là, et puis enlever ce canapé qui ne sert à rien, ça ferait de l’air… Ah oui, et des poufs ! Il te faut des poufs ! (mais de quoi tu te mêles ?)
Plusieurs poignées de minutes plus tard…
– Bon, il serait temps de s’y mettre ! (c’est ça, on y croit…)
Sur la liste, pour me donner bonne conscience, je raye quelques lignes.
– ça, c’est fait ; ça, c’est fait ; ça, c’est fait ! (pas trop quand même, ce ne sera pas crédible)
Zut, le téléphone sonne.
– Bla bla bla, bla bla bla, oh c’est super !, bla bla bla, bla bla bla, j’attends de voir les photos ! Bon, allez, j’ai des choses à faire… (ah ah ah ah… elle est drôle !)
Hop, on s’y remet…
– Mais, j’y pense, je ne me suis pas encore douchée ! Bon, allez, vite fait, une douche de 5 minutes top chrono et j’y retourne. J’ai encore le temps de boucler ça avant la fin de la matinée… (l’espoir fait vivre !)
Propre et prête. Ouverture des fichiers. On y est presque…
Et rezut, le téléphone sonne. Ils se sont donnés le mot oubien ?
– Et voilà, maintenant, c’est l’heure de préparer le déjeuner. Les carottes, c’est long à cuire ! (la bonne excuse ! personne ne t’oblige à les regarder non plus !)
Bon, cette fois-ci, plus de distraction.
– C’est fou cette météo ici quand même, un jour il fait beau, le lendemain il pleut… (et c’est reparti !)
Un nombre non négligeable de fichiers ouverts.
Et Internet. Damned.
– Oh, elle est pas mal cette conférence… C’est quand ? Demain, 13h… Hum, qu’est-ce que je fais demain à 13h ? Bon, il faudrait que j’avance sur cette histoire, mais je pourrai le faire plus tard… et puis, je vais apprendre plein de choses ! Ok, let’s go. (plus tard, plus tard, paroles, paroles, paroles…)
Les carottes sont cuites.
– Allez, traduction. Ah oui, et j’y vais ou pas, ce soir à cette expo d’étudiants ? Je ne sais pas… C’est pas sérieux… (si encore, il n’y avait que ça…)
Quelques pieds et mains de minutes plus tard.
– Traduction finie ! Corrections aussi ! Deux bonnes choses de faites. Bon, maintenant, quoi ? Voyons la liste… Hum, non, ça je ne vais pas avoir le temps (il n’est que 17h…) et puis, il faut que j’aille faire des courses. Ce serait bien de marcher un peu quand même…
A la croisée des chemins…
– L’expo ? Je ne sais pas… C’est loin, et puis le ciel est bien gris (n’importe quoi !). Ah, je sais, je vais aller voir pourquoi ils ont installé cette immense tente dans le parc !
Je ne sais toujours pas.
La mer est calme. Les kayakistes en profitent. Il se ruent par dizaines dans l’eau. La ville est enveloppée dans un silence de soir de match de hockey. Elle tourne au ralenti. Elle aussi.
– Mais pourquoi ce pain est-il aussi cher ? Bon, je vais ailleurs ! Il est quelle heure ?
– Il fait déjà nuit ? Je n’ai pas vu passer la journée ! Pfff, et puis, je n’ai pas eu le temps d’avancer sur cette histoire de liens ! Bon, demain, sans faute !
Je procrastine, tu procrastines, nous procrastinons… Ou l’art de remettre au lendemain, ou pire, au surlendemain, ce que l’on peut faire le jour même. Procrastination. 8 870 000 occurrences, un groupe de recherche au département Psychologie de l’université Carleton à Ottawa (leurs recherches n’avancent pas très vite… ah ah ah), 11 étapes qui conduisent à entrer dans ce cercle vicieux extrêmement énervant, quelques raisons probables pour l’expliquer (dont des processus biologiques, ce qui ôte toute responsabilité face à cette non-action ; la peur du succès, de l’échec…), et même une journée mondiale (bon, il y en aussi une pour l’ingénierie de l’avenir et les écrivains en prison !)… C’est rassurant de se dire que tout le monde, un jour,
– Ah tiens, il faudrait que je réponde à ce mail et que je pense à mon duo du jour…