Ils sont beaux, là, tous alignés, les yeux rivés sur le spectacle en train de se jouer devant eux. On leur a demandé de se presser exactement là, à une distance très précise de l’estrade. « Vous verrez mieux ! » qu’ils disent. Il est vrai que ce mur de lumière, réalisé avec des phares récupérés sur des voitures, est impressionnant. Mais, dans le cas présent, il s’agit d’autre chose. La Compagnie étant joueuse, je soupçonne une bonne blague et me mets à l’écart… Juste assez pour ne plus avoir de flaques d’eau sous mes pieds. C’est vrai, elles sont étranges ces flaques au beau milieu du Grand Palais. La toiture est neuve, et qui plus est, c’est l’été. Pas d’ondée à des kilomètres à la ronde. « Vous êtes prêts ? » lancent les organisateurs. « Ouiiii » répond l’assemblée rassemblée.
Arrêt sur récit. Une espèce de grosse tâche blanche surexposée vient occuper une bonne partie de l’image. Difficile de savoir de quoi il s’agit à ce stade. Reprise. Tout se passe en une fraction de seconde. Ils allument le canon, à eau, la masse aqueuse et monstrueuse vole et vient s’abattre sur les spectateurs avant même qu’ils n’aient compris ce qui leur arrive ! Personne ne l’a vue venir ! Personne, au dernier moment, ne s’est décalé pour passer au travers des gouttes. Tout le monde a été pris par surprise, de juste éclaboussé à rincé jusqu’à l’os, mais toujours avec le sourire aux lèvres ! Sans rancune ! C’est comme si, en passant la porte de ce chapiteau de verre et de fer, chacun avait décidé de ne pas voir le nez au milieu de la figure et de se laisser emporter par la magie de cette troupe de luxe !